Ville qui fait la part belle au vélo et aux espaces verts, Copenhague constitue un modèle de développement urbain pour plusieurs spécialistes. «Développé en 1947, son plan d’urbanisme, le Finger Plan, est réputé à travers le monde pour avoir résisté à l’assaut des promoteurs immobiliers», souligne Sylvie Paré. La professeure du Département d’études urbaines et touristiques de l’ESG UQAM accompagnait un groupe de 15 étudiantes et étudiants dans la capitale danoise, du 3 au 18 mai derniers, dans le cadre du cours Les grandes villes.
Ce séjour au Danemark avait pour objectif de réaliser une analyse comparative entre Montréal et Copenhague. Chacune des six équipes formées pour l’occasion s’était intéressée à une thématique différente, soit les espaces publics, le transport actif, le transit-oriented development (TOD) en contexte urbain, les quartiers de la gentrification, le développement durable en lien avec les plans climat et les éco-quartiers, et la densification des nouveaux quartiers.
«C’est un cours exigeant, mais tellement stimulant», témoigne l’étudiante au bac en urbanisme Ariadna Cepeda, qui a fait partie du comité logistique du voyage. «Notre équipe a travaillé sur l’impact de la gentrification sur les services et les commerces, précise-t-elle. À Montréal, nous avons ciblé un tronçon de la rue Jarry, dans le quartier Parc-Extension, tandis qu’à Copenhague, nous étions dans le quartier Vesterbro. Les commerçants danois nous ont super bien accueillies et ils ont accepté de répondre à toutes nos questions.»
En plus de travailler plus spécifiquement sur leur thématique respective, les étudiantes et étudiants ont eu la chance de discuter du développement urbanistique de la ville avec différents représentants municipaux ainsi que des chercheuses et chercheurs universitaires. «Il y a plusieurs beaux projets architecturaux qui ont été réalisés à Copenhague, notamment le Diamant Noir (Black Diamond), le bâtiment de la Bibliothèque royale du Danemark construit en 1999, dont les murs de marbre foncé reflètent la mer et le ciel. Une voie publique a été aménagée entre l’ancienne partie et la nouvelle. C’est une prouesse d’intégration!», souligne Sylvie Paré. «Nous avons également observé un nombre impressionnant de toits verts dédiés à l’agriculture urbaine», ajoute Ariadna Cepeda. Copenhague a été nommée Capitale mondiale de l’architecture par l’UNESCO pour l’année 2023.
Le groupe a également eu l’occasion de visiter Christiania, un quartier autoproclamé «ville libre» fondé par un groupe de squatters, de chômeurs et de hippies, qui a fonctionné comme une communauté autogérée de 1971 à 2013. «Nous y avons rencontré une dame qui y vit depuis sa création et qui avait beaucoup à raconter sur l’histoire du lieu», mentionne l’étudiante.
Le succès du Finger Plan
Copenhague vise à atteindre la carboneutralité en 2025, rappelle Sylvie Paré. «Je ne sais pas si c’est réaliste, mais la ville offre à coup sûr des exemples architecturaux et urbanistiques qui pointent en ce sens, notamment ces autoroutes et passerelles de vélos qui sillonnent le cœur de la cité», dit-elle. «C’est vraiment ce qui m’a le plus marquée, renchérit Ariadna Cepeda. Au centre-ville, tous les trajets sont plus rapides en vélo !»
Si les transports actifs ont la cote, c’est que le développement urbanistique de la région métropolitaine de Copenhague n’a pas dévié des balises édictées dans le fameux Finger Plan. «L’agglomération a été développée sur le modèle d’une main ouverte, explique Sylvie Paré. La paume de la main constitue le centre-ville très densifié où le vélo est roi, et les cinq doigts représentent des quartiers plus excentrés qui bénéficient chacun d’une ligne de train efficace. Entre les “doigts”, on a aménagé des espaces verts accessibles à toutes et à tous.»
Une inspiration pour leur carrière
Ce séjour à Copenhague a été à la hauteur des attentes, se réjouit Sylvie Paré. «Nous avons pu observer un urbanisme réfléchi axé sur les transports actifs et les espaces verts, et misant sur la mixité des usages. L’idée était de permettre aux étudiantes et étudiants de revenir à Montréal avec de bonnes idées pour que leur pratique urbanistique future puisse rapprocher la Ville de ses citoyennes et citoyens», conclut-elle.
Les étudiantes et étudiants présenteront les résultats de leurs travaux dans le cadre d’une activité à la salle des Boiseries (J-2805), le 22 juin prochain.