La titulaire de la Chaire de recherche sur l’eau et la conservation du territoire, Marie Larocque, avait convié les médias à une excursion sur le mont Covey Hill, en Montérégie, le 31 mai dernier. Accompagnée par son collègue du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère Daniele Pinti, par l’agente de soutien à la recherche Laurence Brunelle et par des représentants de l’organisme Conservation de la nature Canada (l’organisme y a déjà protégé plus de 500 hectares de territoire), la professeure a présenté les projets de recherche menés par la Chaire sur ce site, qui constitue un environnement unique pour l’étude de l’hydrologie et de l’écosystème. Des journalistes de Québec Science et de l’émission Les années lumière de Radio-Canada participaient à l’excursion.
Situé près de la frontière américaine, à une heure de route de Montréal, le mont Covey Hill constitue l’extension la plus nordique du massif montagneux des Adirondacks. Couvrant une superficie de 150 kilomètres carrés, ce laboratoire naturel offre refuge à de nombreuses espèces de plantes et d’animaux, dont le lynx roux, le pékan, l’ours noir et plusieurs variétés de salamandres rares et menacées. Le mont abrite aussi l’une des rares forêts non fragmentées en Montérégie ainsi que la plus ancienne tourbière connue au Québec.
Bien que la région soit peu développée – les municipalités avoisinantes comme Havelock, Hemmingford et Franklin comptent entre 700 et 1700 habitants –, l’eau des environs est soumise à d’importantes pressions, comme la pollution d’origine agricole, l’irrigation des pommiers et les changements climatiques. «L’endroit est vulnérable, puisque les activités qui se produisant en surface ont un impact rapide sur la quantité et la qualité de l’eau souterraine», mentionne Marie Larocque.
Des tendances préoccupantes
L’excursion débute par un arrêt à la station météorologique du mont Covey Hill, qui mesure les précipitations, la température de l’air et l’humidité chaque jour depuis près de 20 ans. «Cette station permet de suivre les variables météorologiques pouvant influencer le cycle hydrologique, souligne Marie Larocque. Les précipitations sont relativement stables, mais on note une augmentation significative de la température de l’air au cours des deux dernières décennies.»
Deuxième arrêt: la fameuse tourbière, vieille de 13 000 ans. Couvrant plus de 50 hectares, elle s’étend sur une longueur de 1,5 kilomètre et sur une largeur maximale de 670 mètres, avec une épaisseur de tourbe de 3,5 mètres. La tourbière abrite une cinquantaine d’espèces végétales et de nombreuses espèces animales. Elle contribue à maintenir les débits des ruisseaux environnants durant les périodes sèches, tout en influençant le cycle de l’eau dans tout le bassin versant de la rivière Châteauguay. «Depuis une quinzaine d’années, nous enregistrons une baisse du niveau d’eau dans la tourbière, note la professeure. C’est une tendance que l’on peut qualifier de préoccupante sans être alarmante.»
Nous nous dirigeons ensuite vers deux puits instrumentés de sondes, qui mesurent la température, la pression et le niveau des eaux souterraines. «Nous récoltons les données dans ces puits une à deux fois par année afin d’identifier les variations dans la nappe, explique Marie Larocque. Nous évaluons aussi la contamination de l’eau par les pesticides.» Daniele Pinti travaille, quant à lui, sur un projet visant à déterminer l’âge et l’origine des eaux dans ces puits.
Quelques centaines de mètres plus loin se trouve le début du gouffre de Covey Hill, une formation géologique unique apparue lors du déversement d’un grand lac causé par le retrait des glaciers, il y a plus de 10 000 ans. Puisque le lac se déverse dans un cours d’eau situé du côté américain, des chercheurs d’universités de l’État de New York et du Québec s’y intéressent.
Notre excursion se termine par la visite d’une résurgence, une source d’eau souterraine qui émerge à la surface. Petites et difficiles à détecter, les résurgences jouent un rôle vital pour la faune et la flore aquatiques en fournissant un apport constant en nutriments et en eau. Elles sont des habitats privilégiés pour les salamandres.
«Nous souhaitons que nos recherches contribuent à favoriser la conservation du milieu et à sauver les espèces menacées», conclut la professeure.
Projets de recherche au mont Covey Hill
Deux projets de recherche sont en cours au mont Covey Hill:
- Vulnérabilité globale de l’eau souterraine en zone amont de bassin versant au moyen des temps de séjour et de la qualité de l’eau souterraine – Exemple du mont Covey Hill (2023-2026)
Responsable: Marie Larocque, en partenariat avec Daniele Pinti et Violaine Ponsin
Financement : Géotop-Innovation. - Impact environnemental des activités agricoles sur la qualité de l’habitat des salamandres au mont Covey Hill (2021-2023)
Responsable : Violaine Ponsin, en partenariat avec Marie Larocque, David Widori et Marc Lucotte.
Financement : Géotop-Innovation