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Pour mieux prévenir le suicide

Une table ronde organisée à l’UQAM abordera des mythes et réalités en lien avec le suicide.

Par Claude Gauvreau

31 janvier 2023 à 9 h 48

Bien des gens pensent que la plupart des suicides surviennent de façon imprévisible, sans avertissement. «Il s’agit là d’une des nombreuses fausses croyances qui circulent dans la population autour du phénomène du suicide», souligne la psychologue Marjorie Laberge (B. Sc. psychologie, 1995), conseillère au Programme d’aide aux employé.e.s et à la famille (PAEF) de l’UQAM. La psychologue participera à une table ronde en format comodal, le 7 février prochain de 12 h 30 à 14 h (inscriptions obligatoires), ayant pour thème «La prévention du suicide, c’est l’affaire de toutes et de tous!».

Destinée aux membres de la communauté uqamienne, cette table ronde est organisée par le Service du développement organisationnel (SDO) et les Services à la vie étudiante (SVE). Elle s’inscrit dans le cadre de la 33e édition de la Semaine de prévention du suicide (5 au 11 février), qui insistera cette année sur l’importance de parler du suicide, malgré les craintes ou l’inconfort.

La table ronde réunira également Paule Thivierge, travailleuse sociale au Bureau des services-conseils des SVE, Jonathan MacArthur, coordonnateur à l’intervention chez Suicide Action Montréal, et Valérie Dorion qui a vécu un deuil à la suite du suicide de son conjoint.

«On discutera de mythes entourant le suicide afin de s’outiller pour mieux le prévenir et pour mieux réagir auprès des personnes ayant des idées suicidaires et de leur entourage», indique Marjorie Laberge.


Quelques mythes tenaces

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, toutes les personnes souffrant de maladie mentale n’ont pas forcément des idées ou des comportements suicidaires et, inversement, toutes les personnes suicidaires ne souffrent pas systématiquement de maladie mentale. «Tout le monde peut penser au suicide, peu importe le statut social, l’âge ou l’identité de genre, note la psychologue. Les idées ou les comportements suicidaires révèlent généralement la présence d’une détresse profonde ou d’une souffrance, pas nécessairement d’une maladie mentale.»

Le geste suicidaire est rarement spontané. Il est l’aboutissement d’un processus qui comprend le développement des idées suicidaires en passant par la fixation sur ces idées jusqu’à l’élaboration d’un plan précis. «Durant ce processus, les personnes suicidaires manifestent souvent leur détresse par des messages avant-coureurs, verbaux ou comportementaux, observe Marjorie Laberge. Elles peuvent, par exemple, évoquer leur souffrance dont elles ne voient pas la fin. Nous pouvons toutes et tous être témoins de ce genre de comportements provenant d’un ou d’une collègue de travail, d’une personne étudiante que l’on côtoie ou d’une personne proche.»

Bien que certaines personnes suicidaires puissent vivre une période dépressive, toutes ne présentent pas des signes de dépression. Au contraire, certaines personnes peuvent paraître solitaires et isolées, alors que d’autres peuvent être souriantes et très actives. «L’important, dit la psychologue, est de demeurer attentif, car ces comportements peuvent parfois camoufler une grande détresse ou des pensées suicidaires.»

Un autre mythe concerne l’idée qu’il faut avoir des compétences professionnelles dans le domaine de la prévention du suicide ou de la santé pour aider une personne suicidaire. «Nous pouvons aider une personne proche ou une connaissance confrontée à la souffrance ou à la détresse avec les outils et les ressources dont nous disposons, tout en respectant nos limites», remarque la psychologue.

Aborder la question du suicide avec les personnes suicidaires ne constitue pas un encouragement au passage à l’acte, poursuit Marjorie Laberge. «La personne suicidaire veut d’abord cesser de souffrir et non arrêter de vivre. Être à l’écoute, ouvrir le dialogue et trouver des solutions porteuses d’espoir pour la personne suicidaire sont autant de façons de la soutenir et de diminuer les risques d’un geste irréparable. Il importe aussi de recourir aux ressources offrant du soutien aux personnes inquiètes pour leur entourage.»


Des ressources disponibles

L’UQAM offre des ressources pour les personnes étudiantes et employées qui souhaitent obtenir de l’aide. Les personnes étudiantes peuvent contacter le Bureau des services‐conseils des SVE en composant le 514 987‐3185. Les services-conseils des SVE ont lancé, à l’automne 2021 une campagne promotionnelle pour le développement d’une communauté bienveillante à l’UQAM. Les SVE proposent à la communauté étudiante différents ateliers et formations, notamment sur les premiers soins en santé psychologique, dans le but d’outiller les personnes désireuses d’en apprendre davantage sur l’aide à apporter à une personne en difficulté ou en détresse psychologique. On y aborde, entre autres, les meilleures pratiques pour aider une personne ayant des idées suicidaires et pour la référer à des ressources professionnelles.

Les personnes employées peuvent recourir au PAEF, disponible 24 heures sur 24, chaque jour de la semaine. On compose le 1 800 361-2433 pour prendre un rendez-vous ou pour recevoir un soutien téléphonique immédiat. En outre, le SDO propose sur son site web la rubrique «Autres ressources en santé globale» portant notamment sur 12 mythes et réalités relatifs au suicide, lesquels seront abordés lors de la table ronde du 7 février.

Des ressources externes sont également disponibles, notamment à Suicide Action Montréal, au 1 866-APPELLE (1 866 277-3553). Des intervenantes ou intervenants en prévention du suicide sont disponibles 24 h/24, 7 jours/7. On peut aussi appeler d’autres Centres de prévention du suicide selon la région où l’on habite au Québec, ou visiter le site commentparlerdusuicide.com