Tourisme Lanaudière a dévoilé en novembre dernier Horizon 2030: osons le tourisme de demain, un nouveau plan de développement élaboré conjointement avec la Chaire de tourisme Transat de l’ESG UQAM. «C’est la première fois que la Chaire est mandatée pour co-créer le plan de développement d’une région touristique québécoise», se réjouit l’agente de recherche Kate Germain, maître d’œuvre du projet avec sa collègue Claudine Barry.
Le défi était à la hauteur de la réputation de la Chaire de tourisme Transat, dont les publications, colloques et autres activités de diffusion (parmi lesquelles son Réseau de veille en tourisme créé en 2004) constituent des sources précieuses d’information et de connaissances stratégiques pour les acteurs du milieu touristique.
«Tourisme Lanaudière souhaitait un plan ancré dans une approche de développement durable, précise Claudine Barry. Pour y parvenir, il était essentiel de proposer un plan dont la mise en œuvre et la réussite dépendraient de l’ensemble des acteurs concernés à l’échelle du territoire.»
Quinze pôles touristiques
Le Plan de développement touristique précédent, qui couvrait la période 2013-2020, avait donné lieu au découpage de la région de Lanaudière en zones d’expérience basées sur la géographie, les paysages, la circulation naturelle des clientèles et les différentes ambiances pouvant capter l’intérêt des visiteurs. «Nous avons conservé et affiné ce découpage, qui se subdivise en 15 pôles touristiques, chacun renfermant une densité d’entreprises et/ou d’attraits, ou étant doté d’une caractéristique naturelle ou culturelle qui lui est propre, permettant ainsi aux visiteurs de “rayonner” dans la zone environnante lors d’une excursion ou d’un court séjour», explique Kate Germain. On retrouve, par exemple, les pôles Joliette, Manawan, Saint-Donat, Saint-Jean-de-Matha, Rawdon, Berthier, du Vieux-Terrebonne, L’Assomption et Repentigny.
La collecte de données de cet exercice de co-construction a débuté sous forme de sondages, notamment auprès de la population, des villégiateurs, des municipalités et des entreprises et organisations touristiques. «Nous avons consulté environ 1000 personnes et organisé une douzaine d’ateliers, selon les zones d’expérience, pour discuter des différents enjeux et élaborer une vision cohérente», explique Claudine Barry.
En mai 2022, dans le cadre d’un sommet réunissant 150 acteurs de l’industrie, Tourisme Lanaudière et la Chaire de tourisme Transat ont présenté les avancées de leurs travaux ainsi que les pistes d’action envisagées. Les participants ont profité de l’événement pour alimenter les réflexions et bonifier le document.
Une région de plein air
La région de Lanaudière est vaste, le nord étant reconnu pour son offre d’activités de plein air, tandis que le sud offre surtout des activités récréotouristiques. «Il était incontournable de capitaliser sur le positionnement “grande nature” de la région puisque le plein air y est déjà l’industrie dominante», note Claudine Barry. Lanaudière, rappelle-t-elle, est le berceau des camps de vacances au Québec. On y retrouve plusieurs pourvoiries, lacs, rivières, montagnes, voies d’escalade et sentiers de randonnée. «La pandémie a accentué l’engouement pour les activités extérieures et Lanaudière devait, à notre avis, se positionner comme la région idéale pour s’initier au plein air», ajoute-t-elle.
Le Plan de développement touristique final s’articule autour de 3 axes d’intervention – «Protéger et valoriser nos racines», «Bonifier, connecter nos atouts et déployer le potentiel inexploité pour mieux dévoiler la diversité du territoire» et «Assurer la résilience et la santé des organisations» –, de 15 orientations et d’une centaine d’actions.
Le cœur du plan repose sur les trois piliers de la région: la grande nature et le plein air (le «pilier phare»), l’agrotourisme et le tourisme gourmand (le «pilier qui donne de la saveur») et la culture, l’histoire et le patrimoine (le «pilier qui donne de la personnalité»). «Loisir et Sport Lanaudière chapeautera le volet plein air, Culture Lanaudière le volet culture, et le Conseil de développement bioalimentaire de Lanaudière le volet agrotourisme, précise Kate Germain. L’objectif est qu’en mode concertation, ces trois organisations arrivent à développer encore plus ces créneaux avec l’ensemble des partenaires et acteurs du territoire.»
Place au développement durable
Deux orientations du plan visent explicitement le développement durable («Offrir une diversité de types de déplacement afin d’explorer le territoire autrement et de réduire les émissions de GES» et «S’engager collectivement dans un virage responsable et durable de la destination») et une l’inclusion («Développer l’offre afin de devenir une destination accueillante pour les visiteurs en situation de handicap et ceux ayant des limitations fonctionnelles»).
Au-delà de ces orientations, l’ensemble des actions proposées ont été formulées en respectant les quatre piliers du tourisme durable (social, économique, environnemental et culturel). «Il y a des actions liées au développement durable pour l’ensemble de la région, comme éduquer la clientèle à des comportements écoresponsables, et des actions selon les zones d’expérience», précise Kate Germain.
Les indicateurs de suivi pour évaluer la réussite d’un tel plan sont habituellement économiques: taux d’occupation hôtelière, retombées économiques, etc. «Puisqu’il s’agit d’un plan de développement durable, il faut utiliser des indicateurs de retombées sociales et environnementales. Nous en avons suggéré quelques-uns et Tourisme Lanaudière amorcera un projet pour évaluer ceux qui lui semblent fiables», explique Kate Germain.
Lors du lancement, la présidente de Tourisme Lanaudière a présenté quelques-unes des actions du Plan et a invité les différents acteurs à identifier celles qui les interpellent. «On ose espérer que l’enthousiasme et la mobilisation que nous avons perçus lors de cette soirée seront garants de l’application du Plan au cours des prochaines années», conclut Claudine Barry.