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Mentallys, une application mobile pour les soins de santé mentale

L’application vise à devenir le guichet unique d’accès aux soins et autosoins.

Par Jean-François Ducharme

3 novembre 2023 à 11 h 00

Mis à jour le 7 novembre 2023 à 13 h 54

L’accès aux soins de santé mentale est un enjeu critique au Québec. «Le temps d’attente pour consulter un psychologue dans le réseau public varie entre 6 et 18 mois, rappelle le professeur de l’École de design Stéphane Vial, titulaire de la Chaire de recherche en design pour la cybersanté mentale (DIAMENT). Selon la Commission de la santé mentale du Canada, les parcours de soins en santé mentale sont longs et labyrinthiques.»

En plus d’un manque de ressources humaines et financières, l’organisation des services contribue à engorger le système. «Il y a énormément de systèmes d’information différents dans chaque CISSS et CIUSSS, souligne le titulaire de la Chaire. Des demandes d’accès aux soins sont coincées dans la tuyauterie organisationnelle et logicielle.»

En collaboration avec des patients, des pairs aidants, des professionnels de la santé et des organismes communautaires, la Chaire travaille depuis quelques années sur une application mobile qui vise à améliorer l’expérience d’accès aux soins. L’équipe de la Chaire a dévoilé l’identité et le concept de l’application Mentallys, le 1er novembre, lors d’un événement tenu au Centre de design. «L’application devrait être prête en mai 2024», affirme Stéphane Vial.

Fluidifier l’accès aux soins

Mentallys facilitera l’accès concret à des ressources géolocalisées et permettra d’entrer en communication directe – par messagerie ou clavardage – avec des pairs aidants. L’application soutiendra aussi l’autogestion en sensibilisant et en dédramatisant les enjeux de santé mentale.

Pour créer l’application, l’équipe de la Chaire a mis sur pied une première phase d’ateliers de codesign au début de 2021. «Dans cette phase exploratoire, tous les intervenants – patients, pairs aidants, professionnels – ont travaillé ensemble sur des prototypes, explique le titulaire de la Chaire. Nous avons ainsi identifié les fonctionnalités à mettre de l’avant dans une démarche participative de coconstruction.»

La seconde phase, en dyade, a permis de réagir sur les idées émises et d’approfondir les fonctionnalités. La troisième phase, en cours présentement, vise à raffiner le prototype pour s’arrimer à la réalité des professionnels de la santé. «Nous voulons régler tous les détails afin que l’application puisse non seulement réduire les temps d’accès aux soins, mais aussi assurer un suivi continu auprès des patients», mentionne Stéphane Vial.

Plusieurs acteurs du réseau de la santé sont déjà partenaires de l’application: les CIUSSS de l’Estrie, de l’Est-de-l’Île-de-Montréal et du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal; des organismes communautaires comme Vox Québec, Relief, l’Association québécoise de prévention du suicide; des regroupements professionnels comme l’Ordre des psychologues du Québec et l’Association québécoises des infirmières et infirmiers en santé mentale; et le Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.

«Au printemps 2024, nous débuterons avec quelques CIUSSS pilotes, puis le service sera étendu de façon progressive, un peu comme Clic Santé l’a été dans le domaine de la vaccination, conclut Stéphane Vial. À terme, nous souhaitons que tous les CIUSSS et les CISSS du Québec puissent offrir l’application gratuitement à l’ensemble de la population.»