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Linguistique légale: une discipline en émergence

L’expertise des spécialistes en linguistique est utile pour analyser les discours produits dans des contextes légaux et judiciaires.

Série

Acfas 2023

Par Pierre-Etienne Caza

8 mai 2023 à 10 h 53

Discipline ayant vu le jour au début des années 1980 dans le monde anglo-saxon, la linguistique légale est peu connue dans la francophonie. Au Québec, quelques chercheuses et chercheurs s’y intéressent depuis le milieu des années 2000. «Il s’agit de la linguistique appliquée aux domaines de l’enquête et du droit, des milieux où la parole orale et écrite occupe une place centrale – pensons aux entrevues d’enquête, aux démonstrations lors des procès, à la rédaction d’expertises ou encore aux appels d’urgence», illustre le postdoctorant Julien Plante-Hébert, coresponsable du colloque «La linguistique légale au Québec et dans la francophonie» (12 mai) en collaboration avec la postdoctorante Noémie Allard-Gaudreau, de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, et la professeure du Département de linguistique Lucie Ménard.

«L’objectif du colloque est de mettre de l’avant les travaux de recherche menés par des francophones qui s’intéressent aux discours produits dans des contextes légaux et judiciaires, qu’ils soient spécialistes en (socio)linguistique, en phonétique, en analyse de discours ou encore des juristes et des criminologues, précise Julien Plante-Hébert. On se penchera également sur des recherches dont l’objet d’étude n’est pas le discours juridique lui-même, mais plutôt ce qu’on en dit. Par exemple, des travaux sur les discours médiatiques traitant des victimes ou des personnes suspectes d’actes criminels.»

Dans le cadre de son postdoctorat, sous la supervision de Lucie Ménard, Julien Plante-Hébert travaille sur des appels trompeurs effectués au 911. «J’analyse un corpus d’appels sur les plans acoustique et phonétique afin de déceler la façon dont la tromperie affecte la parole», explique-t-il. Il présentera ses travaux en compagnie de Lucie Ménard lors du colloque.

D’autres chercheuses de l’UQAM participent à ce colloque, parmi lesquelles l’étudiante au baccalauréat en droit Charlène Nault (M.A. linguistique, 2021), qui présentera les travaux qu’elle mène avec des collègues de l’Université de Montréal et de l’Université York sur l’agentivité syntaxique des médias traitant de cas d’agressions sexuelles. La professeure Elizabeth Allyn Smith et la postdoctorante Cristina Aggazzotti présenteront leurs recherches portant sur les données linguistiques utilisées dans les applications judiciaires de l’intelligence artificielle.

Elizabeth Allyn Smith et Julien-Plante Hébert figureront parmi les panélistes de la table ronde qui viendra clore ce colloque, en compagnie de Noémie Allard-Gaudreau et du criminologue Francis Fortin, professeur à l’Université de Montréal. «Nous profiterons de ce moment pour discuter avec les gens dans la salle et ouvrir de nouvelles pistes à explorer dans le domaine», conclut Julien Plante-Hébert.