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Les personnes candidates au rectorat présentent leur programme

Lisa Baillargeon, François Audet et Stéphane Pallage rencontrent la communauté universitaire.

Par Pierre-Etienne Caza

21 mars 2023 à 21 h 11

La communauté universitaire était conviée, le 21 mars, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, afin de rencontrer les trois personnes candidates au rectorat. Lisa Baillargeon, François Audet et Stéphane Pallage ont présenté leur vision de l’institution et leur programme pour l’UQAM. Chaque candidat bénéficiait de 15 minutes pour effectuer sa présentation, suivie d’une période de questions de 15 minutes. L’ordre des présentations avait été déterminé par tirage au sort. L’événement était webdiffusé en direct.

Lisa Baillargeon
La professeure du Département des sciences comptables Lisa Baillargeon. Photo: Nathalie St-Pierre

Professeure au Département des sciences comptables, Lisa Baillargeon (Ph.D. histoire, 2006) a présenté son parcours professionnel multidisciplinaire en histoire de l’art, en histoire et en gestion. «J’ai une sensibilité pour tout ce qui se passe dans l’ensemble des secteurs de l’UQAM. Je possède également de l’expérience en gestion académique et je suis présente dans les milieux politiques, des arts, communautaires et des affaires, ayant eu l’occasion de développer un vaste réseau au Québec, au Canada et à l’international», souligne-t-elle.

La candidate a amorcé sa carrière de professeure à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) en 2007 avant de se joindre à l’ESG UQAM en 2012, où elle a été directrice du Département des sciences comptables (2015-2017) et vice-doyenne aux études (2017-2020). Elle a ensuite accepté le poste de vice-rectrice aux études à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) de 2021 à 2022, avant de revenir à l’UQAM où elle occupe le poste de directrice par intérim de l’Institut du patrimoine depuis septembre dernier.

Lisa Baillargeon propose trois chantiers pour l’UQAM, le premier portant sur le financement. «Ce qui m’importe est de protéger notre cœur académique, c’est-à-dire la recherche et l’enseignement, affirme-t-elle. Et pour cela, je revendique l’obtention de moyens financiers suffisants pour soutenir notre mission. Je sais qu’il y a eu des efforts gigantesques par les directions précédentes, mais il faut insister à nouveau pour obtenir un financement reflétant le caractère distinct de l’université francophone et montréalaise qu’est l’UQAM.»

Le deuxième chantier que propose Lisa Baillargeon est celui de l’image de l’UQAM. «Nous avons un carrefour d’experts et d’expertes sur lequel nous devons miser pour faire rayonner l’image de l’UQAM. Il faut également reconnaître les bons coups réalisés par les membres de la communauté.»

La candidate se réjouit que Montréal ait été nommée meilleure ville universitaire au Canada. «Nous sommes bien vus à l’international et il faut miser là-dessus pour recruter davantage d’étudiantes et étudiants internationaux», souligne-t-elle.

Lisa Baillargeon souhaite améliorer le soutien offert aux professeures et professeurs qui déposent des candidatures pour l’obtention de prix ou aux étudiantes et étudiants qui souhaitent décrocher des bourses. «Les autres universités mettent beaucoup d’efforts dans ce domaine et nous devons emboîter le pas. Le ratio de l’UQAM en ce qui concerne le personnel de soutien par rapport au nombre de professeures et professeurs est l’un des plus bas, rappelle-t-elle. Or, les équipes de soutien effectuent un travail incroyable. Il faut trouver un meilleur financement de ce côté-là.»

Le troisième chantier que propose la candidate concerne le milieu de vie. «Il faut être bien chez nous. La culture de reconnaissance, de valorisation et de bienveillance doit se poursuivre. C’est une priorité pour moi d’aller recueillir les idées de chacune et chacun. Une rectrice doit être sur le terrain à l’extérieur de l’UQAM, bien sûr, mais également à l’interne et je m’y engage.»

Lisa Baillargeon se réjouit des sommes annoncées dans le plus récent budget québécois pour la réussite et la persévérance en éducation et pour l’accès à l’enseignement supérieur. «Nous ne connaissons pas la part que recevra l’UQAM, mais il faudra revendiquer encore plus pour obtenir ce qui est nécessaire au soutien et à l’accompagnement des étudiantes et étudiants», précise-t-elle.

La candidate mise sur un milieu de vie inclusif. «Beaucoup de gens travaillent de la maison depuis la pandémie et il faut voir comment s’articule cette nouvelle réalité à l’UQAM, dit-elle. La revalorisation du quartier Ville-Marie fait également partie des défis à relever en collaboration avec nos expertes et experts. Je m’y engage, car si le quartier se revitalise, cela aura des retombées positives pour l’UQAM.»

«Une meilleure image, un meilleur milieu de vie, un meilleur financement, un meilleur recrutement. Fièrement l’UQAM!», a indiqué la candidate en conclusion.

François Audet
Le professeur du Département de management François Audet. Photo: Nathalie St-Pierre

Professeur au Département de management, François Audet observe d’entrée de jeu que l’UQAM est à la croisée des chemins. «Notre université passe à travers une période de crise. Je suis conscient de la baisse des effectifs étudiants qui occasionne des conséquences financières. Les pressions induites sur tout le personnel, sur la tâche professorale et sur l’ensemble de nos équipes dans nos départements et dans nos facultés ont un impact direct sur notre travail. Démotivation et morosité sont des termes que j’ai entendus ces dernières semaines. Dans ce contexte particulier, nous ne pouvons pas nous permettre d’autres divisions. Je m’engage à unir l’UQAM en redonnant le pouvoir démocratique à nos instances.»

Après des études en biologie, François Audet a œuvré une quinzaine d’années dans l’humanitaire. «Le métier d’humanitaire, explique-t-il, consiste à transformer des périodes incertaines en opportunités. C’est ce plan que je vous propose pour l’UQAM, en misant sur les concepts de partenariat, de collaboration, de respect et de confiance. On ne reconstruit pas un pays, une région et des institutions tout seul. On doit miser sur le collectif. Il faut des ressources et des gens impliqués dans leur milieu.»

Après avoir fondé l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire (OCCAH), François Audet a été appelé à commenter les grandes crises humanitaires dans les médias. «J’ai toujours défendu des causes qui m’étaient chères et comme recteur, je souhaite être aussi engagé afin de mettre à la disposition de l’UQAM cette même énergie et ce même engagement à défendre notre mission, nos intérêts et surtout notre image, qui en a bien besoin», souligne celui qui a dirigé pendant cinq ans l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM).

Le candidat souhaite reconstruire l’université à travers trois chantiers. «Ceux-ci permettent à la fois d’agir avec diligence pour répondre rapidement à la pression induite par la baisse d’effectifs, mais aussi, et surtout, d’avoir une vision et une ambition à la hauteur du projet intellectuel qu’est l’UQAM», affirme-t-il.

Dès sa nomination, il s’engage à mettre en branle le Carrefour du savoir. «Je propose la revitalisation de notre quartier en ramenant la communauté dans son milieu en toute quiétude. Il faut que l’UQAM reprenne sa place dans son quartier, dans sa ville et dans son monde.» Ce projet phare implique de mobiliser les acteurs du quartier. «Je suis déjà en contact avec plusieurs d’entre eux et ils souhaitent que l’UQAM soit un acteur du changement», dit-il.

Le deuxième chantier que propose le candidat porte sur le recrutement étudiant. «Il faut mettre en place une stratégie de recrutement misant sur la diversité de nos programmes et de nos facultés dans tous les cégeps du grand Montréal, et dans les écoles secondaires.»

François Audet compte mettre en place un nouveau vice-rectorat aux relations internationales et à la diplomatie. «C’est fondamental, estime-t-il. Il nous faut un ancrage au niveau de l’internationalisation à la direction de l’UQAM pour soutenir les partenariats de recherche et mobiliser le recrutement partout dans le monde, et surtout dans la Francophonie.»

Le candidat juge inadmissible que 15 des 18 établissements universitaires québécois soient présents dans la grande région montréalaise. «Il faut s’assurer que le réseau de l’UQ ne phagocyte plus notre recrutement. Il ne doit plus y avoir de nouveaux campus sur notre territoire. Ce sont les mêmes fonds publics et personne n’y gagne», explique-t-il.

Son troisième chantier portera sur le financement de l’UQAM. «Ce n’est pas l’UQAM qui a besoin d’être financée, mais bien sa mission, insiste-t-il. Notre financement ne fait de sens que si l’on arrive avec un projet comme le Carrefour du savoir. Il faut défendre la mission de l’UQAM.»

Stéphane Pallage
L'ancien doyen de l'ESG UQAM Stéphane Pallage. Photo: Nathalie St-Pierre

Ancien doyen de l’ESG UQAM (2013-2017), Stéphane Pallage se présente avec une touche d’humour comme un «recteur prêt à l’emploi», clin d’œil au poste de recteur de l’Université du Luxembourg qu’il a occupé de 2018 à 2022. «L’UQAM n’existe pas sans vous», affirme-t-il en observant qu’un recteur doit être au service de sa communauté.

D’origine belge, ayant étudié l’économie aux États-Unis, puis étant «tombé amoureux du Québec et de l’UQAM», Stéphane Pallage a enseigné au Département des sciences économiques à partir de 1995, puis s’est vu confier au fil des ans différentes responsabilités: directeur de programme, directeur de département, vice-doyen à la recherche, doyen. «J’ai appris comment fonctionne une université, comment fonctionne l’UQAM», raconte-t-il.

Au cours des dernières années, il a relevé un nouveau défi en tant que recteur de l’Université du Luxembourg. «J’ai réussi en un temps record à gagner la confiance de ma communauté, du gouvernement, des milieux socio-économiques et de l’ensemble de la société luxembourgeoise, raconte-t-il. J’ai introduit de nombreux programmes, notamment la médecine. J’y ai appris et pratiqué le métier de recteur pendant cinq ans.»

Stéphane Pallage aborde l’éléphant dans la pièce: les revendications liées à l’autonomie de l’ESG UQAM du temps qu’il était doyen. Il estime avoir démontré lors de cet épisode qu’il est un homme pouvant se battre pour sa communauté quand c’est nécessaire. «Je mettrai la même énergie à me battre pour l’UQAM si vous faites de moi son recteur, promet-il. Permettez-moi de mettre mes compétences et mon expertise de gestion universitaire à votre service pour la résolution des grands défis de l’UQAM.»

Ces défis sont nombreux et complexes, analyse Stéphane Pallage. «Il y a urgence d’agir. Je me suis donné pour mission de vous redonner confiance en l’avenir de l’UQAM. Je ferai moi-même confiance aux facultés et école pour le développement de leurs projets académiques.»

La baisse des effectifs étudiants représente l’un de ces défis. «L’UQAM a besoin d’une grande campagne d’amour. Je verrais bien un Denis Villeneuve porter un t-shirt “J’aime l’UQAM” et nous faire un clin d’œil derrière sa caméra, illustre-t-il. Il faut que le Québec soit fier de l’UQAM.»

La présence de l’UQAM, et parfois même celle du recteur, dans les cégeps sera importante. «Au niveau international, il faudra mobiliser nos réseaux pour susciter de nombreuses demandes d’admission dans nos programmes», note-t-il.

Le refinancement de l’UQAM est un autre grand chantier, souligne Stéphane Pallage. «La déréglementation des frais de scolarité pour étudiants étrangers n’a pas avantagé l’UQAM, qui est résolument francophone et dont les principaux contingents sont les Français et les Belges, qui bénéficient des mêmes frais de scolarité que les Québécois et les Canadiens selon leur niveau d’études.»

L’UQAM doit être la porte d’entrée des futurs Québécois francophones, estime le candidat. «Nous devons devenir le fer de lance d’une stratégie nationale de valorisation du français à Montréal. Mais cette mission, nous ne pourrons la réaliser que si nous ne nous appauvrissons pas par rapport aux autres universités montréalaises. J’irais négocier des enveloppes spéciales pour permettre à l’UQAM de bien jouer son rôle d’université francophone d’excellence.»

Stéphane Pallage s’engage à revitaliser le Quartier latin en obtenant le financement pour le projet de pavillon des Arts, à l’orée du Quartier des spectacles. «Ce pavillon aura un effet transformateur sur le Quartier. Il sera le lien qui unifiera nos deux campus.» Il s’engage également à constituer avec l’INRS et l’ITHQ un groupe d’experts pouvant conseiller la Ville de Montréal sur une saine revitalisation du Quartier latin.

Investir dans la recherche et la création est fondamental pour Stéphane Pallage. «Je proposerai des façons de stimuler la recherche interdisciplinaire, car c’est souvent d’elle que viennent les plus grandes avancées avec un impact scientifique et sociétal important», conclut-il.

On peut visionner les présentations des personnes candidates:
https://tv.uqam.ca/presentation-personnes-candidates-poste-rectrice-recteur-2023

On peut consulter les microsites des personnes candidates aux adresses suivantes:

Lisa Baillargeon : lisabaillargeon-rectorat-2023.uqam.ca

François Audet : francoisaudet-rectorat-2023.uqam.ca

Stéphane Pallage : stephanepallage-rectorat-2023.uqam.ca

Rappelons que la consultation des groupes désignés aura lieu du 23 mars, à 12 h, au 30 mars, à 12 h. Les résultats de cette consultation seront l’un des éléments dont le Comité de sélection tiendra compte dans ses décisions ou recommandations au Conseil d’administration de l’Université.