Roman justicier
Dans ses recherches comme dans sa pratique, l’artiste et professeur de l’École des arts visuels et médiatiques Michael Blum s’intéresse aux représentations contemporaines de la mémoire. Domaine Lilium est son premier roman, dans lequel il aborde les thèmes de la culpabilité, de la réparation et de l’histoire à travers le personnage de Dan Katz, historien montréalais de l’architecture. Celui-ci se rend à Drancy pour étudier la Cité de la Muette, qui fut tour à tour un camp d’internement sous l’occupation nazie, une caserne de gendarmes, puis un HLM. Lorsqu’il découvre que ses grands-parents y ont été enfermés et torturés avant d’être déportés à Auschwitz, ses recherches prennent un tour plus personnel. Si le gardien du camp responsable des sévices, Henri Cannac, est décédé depuis longtemps, son petit-fils, candidat du Parti de la France, a hérité de ses opinions d’extrême droite. S’improvisant espion et justicier, Katz se met en tête de le traquer et de lui faire payer les crimes de son aïeul. À mesure qu’il s’en approche, il met au jour les plans du politicien, plus funestes qu’il ne l’aurait cru. Katz s’enfonce alors dans une quête dangereuse qui le mènera de la Bretagne à la Gaspésie. Paru aux éditions Héliotrope.
Un guide sur la supervision des stages
Bien que les recherches mettent en évidence la nécessité de former les maîtres de stage, peu de formations permettent d’acquérir les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être indispensables à ce rôle important. L’ouvrage La supervision des stages au collégial: accompagner et évaluer le développement des compétences attendues chez les stagiaires, dirigé par la professeure du Département d’éducation et formation spécialisées Julie Lefebvre et par la chargée de cours de l’Université de Sherbrooke Raymonde Gosselin, a pour objectif de combler cette lacune. S’adressant aux personnes qui enseignent, qui supervisent les stages et qui travaillent dans des programmes techniques au collégial, le livre présente les assises théoriques des différents thèmes clés de la supervision de stage – les compétences à développer, la relation à établir avec les stagiaires, les façons de communiquer lors des évaluations, les enjeux liés à la diversité culturelle – et propose des exemples et des outils pour mieux superviser les stagiaires. Ces exemples et outils peuvent être adaptés pour les programmes qui incluent des stages en formation professionnelle et pour le domaine universitaire. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Accepter l’ultime choix du père
Un peu moins d’un an après la prise d’effet de la Loi concernant les soins de fin de vie, Denis Bédard, médecin en soins palliatifs, meurt dans son salon entouré de ses proches grâce à l’aide médicale à mourir. «Longtemps, j’ai eu beaucoup de mal à expliquer mon choix de ne pas être aux côtés de mon père au moment de sa mort. Ce serait un mensonge de dire que mon absence lors de son décès était la bonne décision à prendre. Le fait de ne pas avoir vu son corps m’a fait vivre sa mort comme une disparition», écrit son fils, Antoine Bédard (B.A. communication/multimédia, 2001), dans Mettre la mort à l’agenda: récits de fin de vie. C’est pour comprendre et peut-être enfin accepter l’ultime choix de son père que celui-ci part sur ses traces, de la prise en charge de son premier patient aux derniers adieux dans la maison familiale. Empreint d’humilité, son essai se déploie sous nos yeux comme un processus de deuil. Il fait œuvre utile en démystifiant les soins palliatifs et en nous invitant à réfléchir sur notre rapport collectif à la mort. On se démène pour mener la plus belle vie possible. Ne serait-il pas temps de s’assurer d’avoir aussi la plus belle mort possible? Publié chez Atelier 10.
La corporéité au féminin
Le corps féminin est souvent pensé à travers les étapes charnières dans une vie: la petite enfance, les menstruations, la première relation sexuelle, la maternité, la ménopause. Mais la corporéité se révèle aussi dans les petits gestes du quotidien. Rire, parler ou entrer en contact avec quelqu’un démontre que le corps n’est pas qu’un objet extérieur à l’action, mais qu’il est aussi le moyen de sa réalisation. L’ouvrage Habiter le monde au féminin, sous la direction de la professeure Florence Vinit et du professeur Christian Thiboutot, du Département de psychologie, cherche à faire entendre différents aspects de l’expérience corporelle des femmes: la multiplicité des situations, leurs singularités ainsi que les nuances de leur évolution à travers le temps. Les 14 chapitres du livre traduisent tour à tour l’expérience de femmes atteintes de cancer ou d’endométriose, de femmes confrontées au vieillissement, à la maternité ou à l’éviction d’un appartement, ou encore d’une femme ayant subi un traumatisme à la suite d’une agression sexuelle. Plusieurs membres du corps professoral et personnes étudiantes collaborent à l’ouvrage, qui espère donner une voix à des vécus souvent invisibilisés. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Apprivoiser la mort
Que nous dit le rapport à la mort des époques passées sur les liens que nous entretenons aujourd’hui avec elle? Quel sens pouvons-nous attribuer à la souffrance qu’elle fait naître? Comment est-il possible de l’apprivoiser lorsqu’elle surgit dans nos vies? Ces questions sont abordées dans l’ouvrage collectif Apprivoiser la mort au XXIe siècle. Enjeux philosophiques, perspectives scientifiques et sociales, publié sous la direction d’Alexandra Guité-Verret, doctorante en psychologie, et de Syliane Malinowski-Charles, professeure de philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Selon les deux chercheuses, nous vivons dans une société centrée sur le désir de repousser toujours plus loin les limites de la finitude humaine, où la réalité de la mort est niée, voire dénuée de sens. Il y est aussi question de notre fantasme d’emprise sur elle («une mort comme je le veux, quand je le veux»). Qu’il s’agisse de la conscience de notre propre mort, qui constitue un incitatif à vivre pleinement, ou de la mort d’autrui et de nos proches, qui questionne le problème du mal et de la souffrance morale (manque, perte, deuil), l’ouvrage présente des voies de réflexion philosophiques et existentielles en utilisant des outils fournis par les différentes sciences humaines et sociales. Paru aux Presses de l’Université Laval.
Déambulation à la recherche de soi
Combien de détours peuvent retarder l’inévitable? À la suite de sa rupture avec Jon, Laurel cherche à retrouver le chemin vers elle-même. Dans la ville, la nuit, entre les appartements des amis, les terrasses et les fêtes, elle erre, elle fuit. Elle s’étourdit, se mêle au bruit ambiant, se bute à l’absurdité des paroles creuses imposées par les mascarades sociales, mais ne peut échapper, en bout de piste, à ses deuils irrésolus. Premier roman de la chargée de cours Laurence Pelletier (Ph.D. études littéraires, 2020), Laurel, la nuit témoigne de la difficulté à prendre sa place dans le monde d’aujourd’hui et de l’inhérente solitude liée à la condition humaine. Entre hantise et paranoïa par rapport à son ancien amoureux, mais aussi passivité et confusion quant à la suite des choses, Laurel progresse un peu malgré elle, dans la nuit et dans sa vie. Les florilèges d’expressions usées jusqu’au cliché listés à quelques reprises au fil du récit par la protagoniste témoignent du vertige et du malaise qu’elle ressent au contact des autres qui, comme elle, n’aspirent pourtant qu’à être pertinents et intéressants. La question est: pour qui? Pourquoi? C’est en côtoyant ses amis Andreas et Salman que Laurel obtiendra des réponses, ses réponses. Publié chez XYZ.