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Lectures de septembre

Actualités UQAM présente chaque mois une sélection d’ouvrages publiés par des membres de la communauté universitaire.

8 septembre 2023 à 17 h 28

Mis à jour le 11 septembre 2023 à 10 h 09

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Des chiffres et des lettres

En entrevue auprès des médias, le professeur du Département d’études littéraires Louis-Daniel Godin n’a pas caché que l’exercice d’autofiction qu’il nous offre avec Le compte est bon, son premier roman, est directement inspiré de ses séances de psychanalyse. Le résultat peut paraître déroutant sur le plan du style, car les répétitions foisonnent, mais on s’y fait rapidement et on accompagne volontiers ce narrateur pince-sans-rire dans sa quête de lui-même, dans la reconstitution de sa propre histoire, qui débute lorsqu’il a été adopté à l’âge de cinq jours – pas trois, pas quatre, mais bien cinq jours. Cela met la table pour un récit dans lequel il compte de manière obsessive les pertes et les gains: un chocolat chapardé, un billet de 20 dollars confisqué, le lot d’un jeu télévisé, des cadeaux à sa mère comme des actes manqués. Ces pensées qui tournent en boucle finissent par faire du sens en tentant de combler les trous, les brèches et les écarts qui jalonnent sa vie. On comprend sans peine pourquoi ce premier roman est en lice pour le prix Wepler – Fondation La Poste qui sera remis à «une œuvre littéraire contemporaine inclassable» le 13 novembre prochain à Paris. Paru à la Peuplade.

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La transmission des savoirs dans l’Antiquité

La tradition orale occupait une place prépondérante chez les philosophes de l’Antiquité. De nombreux philosophes – notamment Platon dans le Phèdre – se méfiaient même de l’écriture. Selon eux, leurs ouvrages devaient être lus par ceux qui possédaient déjà une certaine connaissance de la philosophie et étaient parfois considérés inutiles à ceux qui n’avaient accès qu’à l’écrit. L’ouvrage Partager les savoirs: pratiques orales et écrites de la philosophie dans l’Antiquité de Mathilde Cambron-Goulet, professeure au Département d’éducation et pédagogie et spécialiste de la philosophie de l’éducation, aborde la dualité entre oralité et écriture. À travers une étude des pratiques orales et écrites d’élaboration et de transmission des savoirs philosophiques dans l’Antiquité, le livre révèle une philosophie qui, pour être mieux partagée, préfère prendre naissance et se développer dans le corps de ceux qui la pratiquent, dans la matérialité des livres et des lettres qu’ils lisent, dans des pratiques savantes amicales et des activités conviviales. Version enrichie de sa thèse de doctorat qui a obtenu une mention d’excellence, l’ouvrage approfondit plusieurs thèmes, dont le corps du philosophe, les objets qui servent à la transmission de la philosophie et les lieux de transmission des savoirs. Publié aux Éditions Classiques Garnier.

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Portrait d’un héros du nationalisme irlandais

L’homme politique Daniel O’Connell fut l’un des personnages les plus importants de l’Irlande durant la première moitié du 19e siècle. Désigné comme le «Libérateur» par ses compatriotes, il a transformé le nationalisme irlandais et a bousculé l’ordre politique au Royaume-Uni. Orateur charismatique, il s’est distingué comme fer de lance d’une agitation populaire inédite et est devenu une référence sur la scène internationale, alors que l’Irlande faisait figure de laboratoire de la modernité démocratique. Le professeur du Département d’histoire Laurent Colantonio lui rend hommage dans la biographie L’homme-nation: Daniel O’Connell et le laboratoire politique irlandais, 1775-1847. L’ouvrage nous fait découvrir son parcours et éclaire la riche expérience de mobilisation collective qui a rendu les catholiques irlandais acteurs de la conquête pacifique de nouveaux espaces du politique. Le livre offre aussi une mise en perspective des débats actuels sur l’incarnation en politique, à l’heure de la crise de la démocratie représentative et de la montée des populismes. Publié aux Presses universitaires du Septentrion.

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Cartographie des idéologies politiques au Québec

Le dernier numéro du Bulletin d’histoire politique (volume 30, numéro 3), intitulé «Le nouveau clivage idéologique du Québec», vient de paraître sous la direction du doctorant en science politique Guillaume Lamy. En quelque 300 pages, ce numéro établit la cartographie des idéologies politiques qui se sont développées ces 20 dernières années, en insistant sur les rivalités, les controverses majeures et les événements polarisants. Divers autrices et auteurs analysent le paysage politique québécois et le renouvellement de la gauche à partir des thèses environnementales, antiracistes et décoloniales. La montée de la pensée libertarienne, la diversification du mouvement féministe, les querelles autour de la laïcité, l’émergence de mouvances hétéroclites d’extrême-droite et la pénétration des revendications autochtones dans l’espace public sont aussi abordées. Guillaume Lamy souligne, notamment, les nombreux débats marqués par de nouveaux concepts – «culture du viol», «appropriation culturelle», «racisme systémique», «wokisme» –, par une guerre verbale pour nommer la réalité et imposer un vocabulaire. «Ce phénomène, écrit-il, résume bien le bruit de son époque: la politisation du langage.» Deux autres Uqamiens ont collaboré au numéro: la professeure du Département de science politique Geneviève Pagé et le professeur du Département d’histoire Yves Gingras. Paru chez VLB éditeur.

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Insaisissables «musiques du monde»

Les festivals de musiques du monde suscitent de nombreux débats dans les domaines de l’ethnomusicologie, de l’anthropologie de la musique et de la sociomusicologie. Leur rôle dans la promotion d’un territoire, leur importance dans les processus de construction identitaire, leurs publics et leur capacité à créer et recréer des musiques issues de cultures de l’oralité sont autant de sujets abordés dans Les festivals de musiques du monde. Cet ouvrage collectif vise à enrichir la réflexion, en s’appuyant sur trois études de cas dans trois contextes nationaux différents: le Festival de l’Imaginaire à Paris, La Notte della Taranta dans la région du Salento en Italie et le Festival du Monde Arabe à Montréal. «Les chapitres sont tantôt le propre de chercheurs issus des sciences humaines et sociales qui posent un regard sur les festivals en question, tantôt celui d’opérateurs culturels impliqués dans leur mise en œuvre – voire d’acteurs qui ont porté ces deux chapeaux au fil des années», souligne la professeure associée au Département de musique Caroline Marcoux-Gendron, qui dirige l’ouvrage. Cette publication rend hommage à la regrettée chercheuse et professeure de sociomusicologie de l’Université de Montréal Flavia Gervasi, qui a consacré plusieurs années de sa carrière à l’étude de ces enjeux. Publié aux Presses de l’Université de Montréal.

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Vidéo et théâtre

Loin de constituer un effet de mode appelé à disparaître, les technologies audiovisuelles, comme la vidéo, sont au cœur de la création contemporaine. Génératrices de nouvelles dramaturgies, esthétiques et narrativités, elles innervent les pratiques de nombreux artistes et compagnies, et appellent une réinvention des pratiques théâtrales: jeu de l’acteur, conception des personnages, scénographie, rapport au public, mise en scène, etc. L’ouvrage La vidéo en scène. L’acteur et ses technologies, publié sous la direction de la professeure associée de l’École supérieure de théâtre Josette Féral et de la doctorante de l’Université de Montréal Julie-Michèle Morin, rassemble 21 entretiens avec des artistes européens et nord-américains (parmi lesquels Guy Cassiers, Romeo Castellucci, Milo Rau, Marianne Weems), dont l’approche de la scène est marquée par l’intégration des technologies audiovisuelles. Dans ces entretiens menés entre 2014 et 2019, les deux chercheuses explorent dans le détail les processus de création des artistes et interrogent l’incidence de la vidéo sur leur mise en scène et leur direction des interprètes. Si ces artistes n’ont pas introduit la vidéo au théâtre, ils ont largement contribué à démocratiser sa présence sur scène à un point tel qu’elle s’est aujourd’hui naturalisée. Paru aux Presses universitaires de Vincennes.