À première vue, quoi de plus trivial qu’un divan? Et pourtant. «Les divans et canapés ne sont pas uniquement de simples meubles peuplant notre quotidien, soutient le professeur du Département de communication sociale et publique Martin Lussier. On peut aussi les appréhender comme des objets culturels et symboliques, ancrés dans notre culture de consommation, qui évoquent un ensemble de relations sociales diversifiées, depuis le cabinet de psychanalyse jusqu’aux sous-sols de banlieue, en passant par les réceptions familiales et les soirées télé entre amis.»
Le professeur est co-responsable du colloque La culture du divan: imaginaires, représentations et cultures contemporaines (11 mai), organisé en collaboration avec Line Grenier, professeure à l’Université de Montréal, et Maxim Bonin (M.A. communication, 2018), doctorant en communication et professeur à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. «Les présentations du colloque s’inscrivent dans la foulée des études sur les objets matériels de la culture populaire, qui se sont imposées dans les sciences sociales depuis la fin des années 1970», précise Martin Lussier.
La professeure du Département de communication sociale et publique Anouk Bélanger et la chercheuse Cécile Ouriou se demanderont, par exemple, pourquoi les divans et canapés sont si centraux (aux sens propre et figuré) dans certains genres télévisuels populaires, comme les talk-shows et les sitcoms? Elles analyseront, notamment, le rituel symbolique des célébrités venant se confier à des animateurs vedettes sur un divan, rituel témoignant d’une télévision compassionnelle. «Dans les fictions, la présence de divans contribue aussi à structurer les intrigues et à mettre en scène le quotidien de gens ordinaires», note Martin Lussier.
Une autre présentation portera sur la place du divan dans l’histoire du théâtre populaire au Québec, depuis la revitalisation du théâtre burlesque à la télévision dans les années 1960 et 1970 jusqu’aux pièces récentes dans les théâtres d’été. «À partir des années 1980, on assiste au remplacement progressif dans la scénographie de la table de la cuisine par le divan, ce qui marque un changement culturel, une nouvelle façon d’occuper l’espace domestique», observe le professeur.
Martin Lussier, pour sa part, parlera des conditions matérielles des espaces de répétition et de leur rôle dans les trajectoires d’artistes musiciens. «Dans les films biographiques consacrés aux musiciens, rappelle-t-il, les canapés dans les locaux de répétition jouent un rôle particulier en favorisant les échanges entre les artistes et les moments de socialisation avec les spectateurs et spectatrices.»
Les présentations au colloque prendront la forme, notamment, de performances in situ, de créations audiovisuelles, de montages d’images ou de collages de photos.