Le 9 juin dernier, la Faculté de science politique et de droit a célébré le 20e anniversaire de la création du baccalauréat en relations internationales et droit international (BRIDI), un programme reconnu pour son excellence. Un événement festif, tenu au Centre de design en présence du recteur de l’UQAM, Stéphane Pallage, et de la doyenne de la Faculté, Rachel Chagnon, a réuni une centaine de personnes diplômées et membres du corps professoral et du personnel de soutien.
Intégrant les relations internationales et le droit international, le BRIDI a été le premier programme du genre au Québec. Il offre une formation générale nécessaire à la compréhension et à l’analyse des phénomènes internationaux, notamment les enjeux politiques et juridiques de la mondialisation, les régimes politiques et juridiques de différents pays et la politique étrangère des États.
Le BRIDI a accueilli sa première cohorte d’étudiantes et étudiants à l’automne 2002, un an après les attentats du 11 septembre 2001. «La création du BRIDI s’inscrivait dans une stratégie d’internationalisation à laquelle la Faculté réfléchissait depuis quatre ou cinq ans déjà, rappelle la professeure du Département de science politique Michèle Rioux, nouvelle directrice du programme depuis le 1er juin dernier. La Faculté pouvait compter sur un contingent important de professeures et professeurs en science politique et sciences juridiques spécialisés en études internationales et sur plusieurs unités de recherche dédiées aux enjeux internationaux, dont l’Institut d’études internationales de Montréal, créé lui aussi en 2002.»
Aujourd’hui, de plus en plus d’organisations non gouvernementales, d’institutions régionales et internationales, d’entreprises publiques et privées, et de ministères doivent s’adapter à la mondialisation. Le BRIDI répond à leur besoin croissant de spécialistes capables de décoder les structures et le fonctionnement d’autres sociétés et régimes politiques. «Ce programme procure aux étudiantes et étudiants un bagage de connaissances leur permettant d’avoir une perspective élargie pour saisir la complexité des enjeux internationaux», observe le professeur du Département des sciences juridiques Olivier Barsalou, (LL.M. droit international, 2008), directeur sortant du BRIDI, qui faisait lui-même partie de sa première cohorte étudiante (2002-2005).
«L’originalité du BRIDI réside dans son caractère interdisciplinaire. Outre les cours en politique et en droit, il comprend aussi des cours obligatoires en économie et en histoire ainsi que des cours de langues, sans compter les cours optionnels en sociologie, en environnement et en géographie.»
Michèle Rioux,
Professeure au Département de science politique
Un programme original
«L’originalité du BRIDI réside dans son caractère interdisciplinaire, souligne Michèle Rioux. Outre les cours en politique et en droit, il comprend aussi des cours obligatoires en économie et en histoire ainsi que des cours de langues, sans compter les cours optionnels en sociologie, en environnement et en géographie.»
Les étudiantes et étudiants ont aussi la possibilité d’effectuer des stages et séjours d’études à l’étranger grâce à des bourses de mobilité. Les échanges universitaires crédités dans le programme ont lieu avec des universités reconnues en Europe, en Asie et dans les Amériques. Enfin, les BRIDISTES, comme on les appelle, peuvent bénéficier d’une formation pratique en participant aux travaux de la Clinique internationale de défense des droits humains (CIDDHU) et à des concours de plaidoirie nationaux et internationaux.
Depuis sa création, le BRIDI fonctionne par cohortes. «Durant les deux premières années du programme, les étudiantes et étudiants suivent ensemble les mêmes cours, ce qui favorise le développement d’un esprit de corps et d’un sentiment d’appartenance, dit Michèle Rioux. Exigeants envers eux-mêmes, ils le sont aussi à l’égard de leurs enseignants, les poussant à offrir des contenus de cours stimulants.»
Très actifs, les BRIDISTES et les étudiantes et étudiants du baccalauréat en communication, politique et société organisent chaque année, sous l’égide de leur association étudiante (ABICEP), des «États généraux» sur divers thèmes, avec des conférenciers invités et sans l’aide de professeurs. «En avril dernier, l’événement portait sur les enjeux de défense des droits humains en Iran, en particulier ceux des femmes», note Olivier Barsalou.
«Les BRIDISTES sont motivés et engagés. Plusieurs d’entre eux étaient déjà impliqués dans leur association étudiante au secondaire et au collégial, ou avaient participé à des activités relatives à la défense de droits humains et de l’environnement.»
Olivier Barsalou,
Professeur au Département des sciences juridiques
Des étudiantes et étudiants allumés
Le BRIDI est un programme contingenté qui reçoit en moyenne plus de 600 demandes d’admission chaque année depuis 2012. Sans être élitiste, il a la réputation d’accueillir des étudiantes et étudiants particulièrement talentueux, polyvalents et allumés. Quatre de ses diplômés – Léticia Villeneuve (2011), Philippe-André Rodriguez (2012), Clarisse Émond-Larochelle (2018)) et Clovis Lachance (2023) – ont ainsi obtenu une bourse de la Fondation Cecil-Rhodes, la plus ancienne et l’une des plus prestigieuses bourses de recherche universitaire au monde, afin de poursuivre des études supérieures à la célèbre Université d’Oxford en Angleterre.
Ce n’est pas non plus un hasard si les BRIDISTES ont remporté au fil des ans plusieurs prix et distinctions dans divers concours de plaidoirie, dont la plus haute distinction à la Simulation des Nations Unies à New York.
«Les BRIDISTES sont motivés et engagés, souligne Olivier Barsalou. Plusieurs d’entre eux étaient déjà impliqués dans leur association étudiante au secondaire et au collégial, ou avaient participé à des activités relatives à la défense des droits humains et de l’environnement. Une fois inscrits au BRIDI, ils et elles participent à des stages au sein d’organisations internationales, comme Amnistie internationale, ou poursuivent leur engagement, une fois leur diplôme en poche.» C’est le cas, par exemple, de Geneviève Paul, qui a œuvré en France, au Danemark et en Afrique du Sud avant de revenir au Québec pour occuper le poste de directrice générale du Centre québécois du droit de l’environnement, ou d’Émilie Joly, organisatrice au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). D’autres ont choisi de faire le saut en politique, comme Catherine Dorion et Guillaume Cliche-Rivard, élus députés de Québec solidaire.
«On le constate lors des journées Portes ouvertes à l’UQAM, le BRIDI, avec le bac en droit, est le programme qui, au sein de la Faculté, suscite le plus de curiosité auprès des cégépiennes et cégépiens, en particulier ceux et celles qui ont un intérêt pour les enjeux internationaux», relève Olivier Barsalou.
Celui-ci se souvient de l’époque où il a entendu parler du BRIDI pour la première fois, alors qu’il était étudiant au collégial. À l’hiver 2002, des représentants de l’UQAM étaient venus visiter son cégep pour faire la promotion du programme. «Je m’intéressais à plusieurs choses, littérature, histoire, économie, etc. Le BRIDI a aussitôt piqué ma curiosité parce qu’il m’offrait la possibilité d’explorer différentes avenues, à un moment où je n’étais pas encore certain du domaine dans lequel je voulais étudier. La formation que j’y ai reçue m’a permis d’apprendre à maîtriser différents types de langages, notamment ceux de la politique, du droit et de l’économie.»
Redynamiser le programme
«Les étudiantes et étudiants francophones provenant de l’étranger, de la France, des Antilles et de l’Afrique notamment, occupent une place grandissante au sein des cohortes», se réjouit Michèle Rioux. Par ailleurs, il existe au Québec un important bassin d’étudiantes et étudiants susceptibles d’âtre attirés par un programme comme le BRIDI, remarque Olivier Barsalou. «Plusieurs étudiants des cégeps Maisonneuve, Édouard-Montpetit et du Vieux-Montréal, qui offrent des programmes d’études internationales, soumettent déjà des demandes d’admission au BRIDI.»
Même si le programme affiche une belle stabilité, l’objectif au cours des trois prochaines années est de le redynamiser afin d’exploiter davantage son potentiel d’attraction. «Nous souhaitons créer des écoles d’été, développer des doubles diplomations, notamment avec des universités françaises comme Paris-Dauphine et Paris- Science po, et établir des passerelles avec des établissements collégiaux», précise Michèle Rioux.
En plus de préparer à la poursuite d’études de deuxième cycle dans des disciplines qui s’intéressent aux phénomènes internationaux, le BRIDI prépare aussi à œuvrer dans différentes sphères d’activités: enseignement et recherche, fonction publique nationale et internationale, ONG, entreprises agissant à l’international, mouvement associatif, expertise-conseil en affaires étrangères ou en commerce international, médias, etc. «Chose certaine, l’intérêt des jeunes au Québec pour l’international n’a cessé de grandir depuis 20 ans, soutient Michèle Rioux. En offrant une formation transversale, le BRIDI permet de leur ouvrir de multiples portes.»