Le mouvement international en faveur de l’éducation ouverte, ou éducation libre, a le vent dans les voiles. «Pour la première fois à l’UQAM, le Service des bibliothèques propose une série d’activités dans le cadre de la Semaine internationale de l’éducation ouverte, se réjouit Jean-Michel Lapointe, chargé de projets technopédagogiques au Carrefour d’innovation et de pédagogie universitaire et doctorant en communication. Du 6 au 10 mars, la communauté uqamienne pourra assister gratuitement, sur place ou en ligne, à deux formations, un Wikithon et un atelier présentant le nouvel appel à projets de la fabriqueREL.
L’éducation ouverte repose sur l’utilisation des licences libres. «Ce concept a permis d’adapter le droit d’auteur dans le contexte numérique, où tout est facile à partager, mais pas nécessairement légal pour autant, rappelle Jean-Michel Lapointe. Avec les licences libres – les plus connues et répandues sont les licences Creative Commons – les gens peuvent désormais réutiliser et partager une foule de ressources numériques, telles que des manuels ou des chapitres de manuels, des notes de cours, des situations d’apprentissage, des activités pédagogiques et des fiches informatives interactives. Dans le milieu de l’éducation, on les nomme les ressources éducatives libres ou REL.»
La fabriqueREL
En 2019, l’Université de Sherbrooke, l’Université de Montréal et l’Université Laval ont créé la fabriqueREL, à laquelle l’UQAM et l’INRS se sont jointes en 2022. «L’objectif de ce regroupement est de faire des ressources éducatives libres les supports pédagogiques privilégiés par les personnes enseignantes de l’enseignement supérieur québécois», nous expliquait l’an dernier Lionel Villalonga, directeur du soutien à l’enseignement et à l’apprentissage au Service des bibliothèques.
Impliqués depuis de nombreuses années dans le mouvement, Jean-Michel Lapointe et Marie D. Martel, professeure en sciences de l’information à l’Université de Montréal, ont été mandatés par le ministère de l’Éducation pour développer un réseau de leaders en ressources éducatives libres. «Outre moi-même, quatre personnes ont été formées à l’UQAM – deux bibliothécaires et trois chargés de projets technopédagogiques – et nous avons obtenu du financement pour mettre sur pied une formation sur les licences libres Creative Commons à l’intention du personnel enseignant et de soutien dans les cégeps et universités du Québec, souligne Jean-Michel Lapointe. Au final, une quarantaine de personnes sont maintenant formées et peuvent agir comme agent de changement dans leur milieu.»
Formation pour les enseignants et enseignantes
6 mars, 12 h 30 à 13 h 30
Jean-Michel Lapointe et le bibliothécaire Boris Nonveiller, lui aussi membre du réseau de leaders certifiés en REL, animeront à l’intention du personnel enseignant une formation intitulée «Intégrer des pratiques éducatives libres à son enseignement: pourquoi et comment?». «Nous allons dresser un panorama de l’éducation ouverte et proposer diverses activités que les enseignantes et enseignants peuvent intégrer à leurs pratiques avec la communauté étudiante», indique Jean-Michel Lapointe.
L’ancien bibliothécaire, nouvellement nommé chargé de projets technopédagogiques, organise depuis plusieurs années des séances pour apprendre à contribuer à Wikipédia. «Plutôt que de faire un travail de fin de trimestre qui ne sera lu que par le prof, on peut créer des savoirs qui vont perdurer dans Wikipédia et qui pourront être lus, commentés et améliorés, illustre-t-il. Ce partage des savoirs est le socle de l’éducation ouverte.»
L’activité se déroulera en ligne, sur inscription seulement.
Wikithon Femmes en musique au Québec
7 mars, 9 h 30 à 16 h
Pour souligner la Journée internationale des droits des femmes, le pôle universitaire DIG! (Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec) organise le Wikithon «Femmes en musique au Québec». «Il s’agit d’une activité ouverte à toutes et à tous, au cours de laquelle les participantes et participants pourront créer et/ou améliorer des articles sur les femmes musiciennes du Québec sur le site Wikipédia», explique Jean-Michel Lapointe.
L’activité se déroulera à la Bibliothèque de musique, au local F-5101, sur inscription seulement.
Appel à projets de la fabriqueREL
8 mars, 12 h 30 à 13 h 30
La fabriqueREL invite à nouveau les personnes enseignantes des universités et collèges du Québec à soumettre un projet de création ou d’adaptation de ressources éducatives libres. «Lors de ce webinaire, nous présenterons les réalisations des deux dernières années et répondrons aux questions en lien avec l’appel en cours», indique Boris Nonveiller.
Comme l’an dernier, on peut soumettre un projet dans l’une des deux catégories: manuel (financement entre 10 000 $ et 15 000 $) ou notes de cours (financement entre 5 000 $ et 10 000 $). Il est possible de créer un nouveau manuel ou de compléter un projet de manuel existant, ou d’adapter et/ou traduire un manuel libre existant. Pour les notes de cours, on peut en créer de nouvelles, ou adapter et/ou traduire des notes de cours existantes.
Chaque lauréat sera accompagné au cours de la prochaine année par un ou une bibliothécaire ainsi qu’un ou une chargé de projets technopédagogiques afin de réaliser son projet. La date limite pour le dépôt du formulaire est le 13 mars 2023.
L’activité se déroulera en ligne, sur inscription seulement.
Formation pour les bibliothécaires
9 mars, 12 h à 13 h
Organisée par la Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), une formation sur le rôle des bibliothécaires en soutien dans les REL sera donnée par Mouna Moumene, bibliothécaire à l’ÉTS. «Les bibliothécaires sont des partenaires de choix pour aider les personnes souhaitant créer et/ou utiliser des REL. Il importe donc de les former en ce sens, souligne Boris Nonveiller. L’activité est ouverte à tous les bibliothécaires du réseau postsecondaire.»
L’activité se déroulera en ligne, sur inscription seulement.
Une nouvelle Loi sur le droit d’auteur
Au Canada, la Loi sur le droit d’auteur stipulait que l’on devait attendre 50 ans après la mort d’un auteur pour que son œuvre accède au domaine public. «Depuis le 1er janvier 2023, dans le cadre d’une harmonisation nord-américaine, ce délai est passé à 70 ans», déplore Jean-Michel Lapointe. Ainsi, l’œuvre de l’écrivain Hubert Aquin, par exemple, qui devait passer dans le domaine public en 2028, ne sera accessible qu’en 2048, illustre-t-il.
S’intéresser à la dimension légale des documents et des ressources en ligne est important, insiste Jean-Michel Lapointe. «Dans le cadre de leur travail, plusieurs personnes seront amenées à diffuser des documents en ligne. Si on n’a jamais été formé aux licences libres ou aux subtilités du droit d’auteur, on ne possédera pas les bons outils. C’est à cela que sert la Semaine de l’éducation ouverte.»
Les licences libres, qui permettent de moduler le droit d’auteur pour favoriser la création, interpelle tous les acteurs du milieu de l’éducation, souligne Jean-Michel Lapointe. «Au sein du réseau des leaders en REL, il y a, entre autres, des professeurs, des conseillers pédagogiques, des chargés de projets technopédagogiques, des bibliothécaires et des gestionnaires. Toutes ces personnes considèrent que l’éducation ouverte est une voie d’avenir et qu’on gagne à s’y investir. L’idée est de créer un bien commun dans lequel chacun peut puiser et apporter sa contribution», conclut-il.