Une étude menée par la professeure du Département de management de l’ESG UQAM Julie Delisle figure parmi les dix projets montréalais ayant obtenu un financement de la part du ministère de la Famille, dans le cadre d’une annonce officielle effectuée le 10 juillet dernier. «Il s’agit d’un projet visant à explorer les enjeux de conciliation travail-famille dans le secteur de la santé et à identifier des pistes de solution pour le personnel et les gestionnaires», souligne la professeure, qui collabore avec sa collègue Mariline Comeau-Vallée (organisation et ressources humaines) ainsi que Marianne Burkic, fondatrice de l’entreprise Yapouni à l’origine du parcours Équilibre, qui accompagne les organisations dans les défis de conciliation travail-vie personnelle.
Ce soutien financier découle d’un appel de projets lancé par le gouvernement à l’automne 2022 dans le cadre du Programme de soutien financier en matière de conciliation famille-travail destiné aux milieux de travail. Ce programme vise à soutenir les organisations qui souhaitent entreprendre une démarche menant à l’adoption des meilleures pratiques de conciliation famille-travail en vue d’améliorer la qualité de vie des travailleuses et des travailleurs qui ont des responsabilités familiales. En tout, 68 projets sont déployés dans 15 régions du Québec.
À l’ère du «travail extrême»
«Nous évoluons dans un contexte où la surcharge de travail et les enjeux de surtravail sont de plus en plus répandus, explique Julie Delisle à propos de son projet de recherche. Cela est d’autant plus vrai en cette ère post-pandémie, alors que le télétravail prend de plus en plus de place avec les enjeux particuliers que cela amène sur l’établissement de frontières entre travail et vie personnelle. Ce qu’on appelle parfois “travail extrême”, caractérisé par des semaines de travail au-delà de 60 heures, a surtout été étudié dans le domaine des firmes de consultation et de finance, mais tend à se répandre dans un nombre grandissant d’organisations.»
C’est le cas, entre autres, des organisations du secteur public, poursuit la professeure. «Si ces dernières ont la réputation d’être un employeur stable, les conditions de travail constituent assurément un enjeu critique pour la rétention du personnel. Les articles, chroniques et dossiers d’enquête abondent pour décrier la dégradation de la situation depuis l’arrivée de la pandémie. Avec les horaires atypiques et l’utilisation – abusive – des heures supplémentaires obligatoires, la conciliation travail-famille est vue comme pratiquement impossible. Non seulement le personnel soignant est à bout de souffle, mais les gestionnaires s’exténuent aussi devant le manque de solutions.»
Surcharge et épuisement professionnel des gestionnaires
«Le soutien du ministère de la Famille nous permettra de travailler sur la surcharge et l’épuisement professionnel des gestionnaires, à travers le parcours Équilibre», souligne Julie Delisle. «Il s’agit d’un parcours expérientiel qui amène chaque équipe à coconstruire ses piliers de collaboration et son cadre optimal pour atteindre un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle», précise Marianne Burkic. Ce parcours, ajoute-t-elle, a déjà été déployé avec succès par le passé chez Hydro-Québec, au CHU Sainte-Justine et chez Desjardins.
«Nous sommes présentement en démarchage pour cibler les organisations qui souhaitent participer au parcours, indique Julie Delisle. Notre objectif premier vise le secteur de la santé, mais le projet pourrait se déployer dans un autre secteur aux horaires atypiques et/ou à prédominance masculine selon l’intérêt suscité dans les organisations.» Avis aux organisations intéressées!