Yves Bélair (B.A.A., 1981; B.A. science politique, 1982) est un exemple de détermination. Malgré la paralysie cérébrale, à une époque où peu de personnes handicapées complétaient des études supérieures, il a terminé deux baccalauréats. Grand donateur de la Fondation, celui qui a aussi été un fidèle employé de l’UQAM, d’abord en tant qu’auxiliaire d’enseignement, puis comme agent d’information à l’ESG UQAM, a mis sur pied, en 1991, le Fonds de bourses Yves-Bélair. Jusqu’à aujourd’hui, ce fond a permis de remettre 142 000 dollars en bourses à des étudiantes et étudiants en situation de handicap. Le 16 mai dernier, Yves Bélair est décédé.
«Détenir un diplôme universitaire, c’est la clé de la liberté. Je vous encourage à persévérer pour atteindre vos objectifs», déclarait-il en 2016 lors de la remise de la 100e Bourse Yves-Bélair. Aujourd’hui, grâce à sa générosité et à ceux et celles qui ont contribué à son fonds de bourses, ce sont 134 bourses qui ont été décernées.
Une belle histoire uqamienne dans La Presse
Le journaliste de La Presse Patrick Lagacé a consacré une série de chroniques extrêmement touchante à la fin de vie de cet homme courageux. Son amie et ancienne patronne à l’UQAM Brigitte Groulx y confiait qu’il avait sollicité son entourage avec insistance pour mettre sur pied le Fonds Yves-Bélair. «C’est lui, le premier, qui est allé cogner à toutes les portes. Qui a sollicité tout le monde, autour de lui, pour faire des dons. En plus d’être le plus généreux donateur pour les bourses, à même son salaire de l’UQAM», a-t-elle raconté.
Sylvain Le May (M.A. communication, 2005), conseiller à l’accueil et intégration au Bureau de l’intégration et de la réussite étudiante, a aussi offert son témoignage à Patrick Lagacé. «Pensez à ça, dit-il: Yves avait un bon salaire, de bonnes conditions, à une époque où très peu de personnes vivant en situation de handicap étaient intégrées au marché du travail. Et il s’est dit qu’il allait aider ses semblables.»
Les trois textes de Patrick Lagacé parlent d’un homme qui a beaucoup donné, mais qui a aussi beaucoup reçu, entre autres de ses amis et anciens collègues de l’UQAM Brigitte Groulx et Olivier Bédard, à qui il avait donné son premier emploi, qui sont restés près de lui jusqu’à la fin.
Des boursières reconnaissantes
Yves Bélair continue aussi de recevoir la reconnaissance des étudiantes et étudiants qu’il a aidés, dont certaines ont fait parvenir leur témoignage à la Fondation. «La bourse est arrivée à un moment crucial dans ma vie où j’étais confrontée à des difficultés qui ont considérablement affecté mes aspirations et mes motivations», confie Danika Legault, récipiendaire de la Bourse Yves-Bélair en sciences de la gestion à l’automne 2022. «La générosité d’Yves Bélair m’a permis d’accéder à des ressources et à des opportunités exceptionnelles me donnant les moyens de réaliser mes ambitions malgré les obstacles auxquels je fais face quotidiennement.»
Pour Élie Chartrand, la bourse reçue l’automne dernier a constitué une source d’espoir, de visibilité et d’inclusion. «Je suis extrêmement reconnaissante de m’être sentie vue dans mon milieu d’éducation», mentionne-t-elle.
Sara Landry-Pellerin, lauréate en 2022, est du même avis. «Vivant en situation de handicap, cette bourse m’a permis de plus facilement concilier études et travail. Toutefois, c’est surtout la reconnaissance et la symbolique associées à cette bourse qui ont eu un effet extrêmement motivateur sur mon parcours académique, mentionne-t-elle. Merci, monsieur Bélair, pour votre générosité et le “ptit rappel” que malgré les obstacles rencontrés quotidiennement, persévérer nous permet d’atteindre des sommets que l’on croit trop souvent inaccessibles.»
Un pionnier
Pour la directrice générale de la Fondation de l’UQAM Michelle Niceforo, Yves Bélair laisse un souvenir vibrant. «Il a été un pionnier du soutien aux étudiants et étudiantes en situation de handicap. Pour la Fondation de l’UQAM, c’est un honneur d’avoir pu compter sur sa générosité exceptionnelle, qui a tracé la voie à la création d’autres bourses pour appuyer les personnes en situation de handicap.»
Récipiendaire de la Bourse Yves-Bélair en sciences de la gestion lors de ses études en sciences comptables, Joëlle Trudeau a créé en 2016 une bourse personnalisée destinée elle aussi aux personnes en situation de handicap. «Mes parents m’ont toujours dit qu’il était important de redonner aux autres ce que nous avons reçu. C’est ma façon à moi de dire merci», mentionnait-elle lors de la création de sa bourse.
Les personnes qui le désirent peuvent faire un don au Fonds de bourses capitalisé Yves-Bélair.