Voir plus
Voir moins

Enquête sur l’exclusivité romantique et sexuelle

Une recherche codirigée par Chiara Piazzesi et Martin Blais dévoile les idéaux intimes et amoureux au Canada.

9 février 2023 à 13 h 30

Mis à jour le 17 février 2023 à 11 h 35

La relation romantique exclusive a-t-elle encore la cote en 2023? Les Canadiens et Canadiennes souhaitent-ils s’investir sexuellement avec une seule personne? Quels sont leurs idéaux en matière de relations intimes et amoureuses? Pour répondre à ces questions, une équipe de recherche codirigée par les professeurs Chiara Piazzesi (sociologie) et Martin Blais (sexologie) a mené une enquête auprès de 4 000 personnes à travers le pays, dans le cadre du projet «Mapping Contemporary Love and Intimacy Ideals in Canada – Cartographier les idéaux amoureux et intimes au Canada» (MACLIC).

«Les résultats montrent que les Canadiens et Canadiennes en relation intime expriment un attachement plus prononcé à l’exclusivité romantique par rapport à l’exclusivité sexuelle comme idéal de configuration relationnelle, souligne Chiara Piazzesi, chercheuse principale du projet MACLIC. L’exclusivité romantique signifie un arrangement dans lequel on a une relation affective, intime et engagée avec une personne à la fois, tandis que l’exclusivité sexuelle désigne une entente ou un arrangement dans lequel on limite ses contacts sexuels à une seule personne.»

Basé à l’UQAM, MACLIC est un projet de recherche d’une durée de cinq ans, financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). L’objectif est de documenter et de décrire les attitudes individuelles courantes à l’égard de différentes conceptions de l’intimité, tout comme les ententes et les logiques dans les relations amoureuses au sein de la population canadienne. Ce projet entend fournir des données inédites sur des aspects de la vie quotidienne, comme les idées et les pratiques dans la sphère intime, lesquelles jouent un rôle crucial dans le bien-être personnel et collectif.

Parmi les Canadiens et Canadiennes âgés de 18 ans et plus qui ont rempli le sondage MACLIC entre février et juin 2022, 58 % étaient des femmes, 36 % des hommes et 5,4% des personnes non binaires.


Personnes dans une relation intime

L’enquête révèle que l’exclusivité romantique représente l’idéal pour 81 % des personnes en relation intime, alors que 70 % des personnes ont indiqué l’exclusivité sexuelle comme leur idéal. Les personnes pouvaient répondre à trois questions différentes sur les idéaux intimes.

Parmi les personnes vivant une relation monogame ou exclusive, 90 % ont indiqué l’exclusivité romantique comme leur idéal et 79 % considéraient plutôt l’exclusivité sexuelle.

L’exclusivité romantique constitue l’idéal pour 16 % des personnes se trouvant dans une relation non monogame ou non exclusive, tandis que l’exclusivité sexuelle est l’idéal pour 6 % des personnes dans ce groupe.

Parmi les personnes hétérosexuelles en relation intime, 91 % ont identifié l’exclusivité romantique comme leur idéal, alors que 83 % ont indiqué l’exclusivité sexuelle. Les femmes hétérosexuelles ont été proportionnellement plus nombreuses que les hommes hétérosexuels à désigner l’exclusivité romantique (95 % contre 85 %) et l’exclusivité sexuelle (87 % contre 76 %) comme leur idéal.

Chez les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles ou queers en relation intime, 55 % ont indiqué l’exclusivité romantique comme leur idéal, tandis que 36 % ont rapporté l’exclusivité sexuelle. Les femmes lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles ou queers (LBQ+) ont été proportionnellement plus nombreuses que les hommes gais, bisexuels, pansexuels ou queers (GBQ+) à désigner l’exclusivité romantique (65 % contre 41 %) et l’exclusivité sexuelle (43 % contre 30 %).

L’exclusivité romantique représente l’idéal pour 36 % des personnes non binaires en relation intime, alors que 24 % ont indiqué l’exclusivité sexuelle.

«Comparativement aux idéaux d’exclusivité romantique, qui varient peu selon les tranches d’âge des adultes canadiens en relation intime, l’idéal d’exclusivité sexuelle s’accentue au fil des ans, note Chiara Piazzesi. En effet, 87 % des répondants et répondantes âgés de 65 ans et plus considèrent l’exclusivité sexuelle idéale, contre 66 % des jeunes entre 18 et 24 ans.»


Personnes célibataires

Parmi les 3 900 adultes canadiens ayant précisé leur statut relationnel, près d’une personne sur trois (29 %) s’est déclarée célibataire et 3 célibataires sur 10 ont affirmé fréquenter une ou plusieurs personnes.

L’exclusivité romantique était l’idéal de 89 % des adultes célibataires qui ne fréquentaient personne, tandis que l’exclusivité sexuelle était privilégiée chez 79 % des personnes dans cette catégorie.

Parmi les adultes célibataires fréquentant une ou plusieurs personnes, 66 % ont indiqué l’exclusivité romantique et seulement 51 % l’exclusivité sexuelle.

Les adultes célibataires qui ne fréquentaient personne ont été proportionnellement plus nombreux à indiquer la cohabitation avec un ou une partenaire comme l’arrangement relationnel idéal (57 %), comparativement aux adultes célibataires qui en fréquentaient une ou plusieurs (46 %).

Les célibataires hétérosexuels sont plus susceptibles de considérer l’exclusivité romantique et sexuelle comme leur idéal comparativement aux célibataires issus de la communauté LBGTQ+, et ce, indépendamment de leur genre. Les femmes célibataires sont toutefois plus susceptibles de considérer l’exclusivité romantique et sexuelle comme leur idéal.