Des milliers d’étudiantes et d’étudiants ont terminé leur baccalauréat il y a quelques semaines. Pour quiconque obtient son diplôme, ce moment représente l’aboutissement de plusieurs années d’efforts. Mais pour Émilie Bordonado, il revêt un sens tout particulier.
La finissante au baccalauréat en communication (médias numériques) est atteinte du syndrome Gilles de la Tourette. Elle souffre aussi de dysphasie et de dyspraxie. Malgré tout, elle a réussi son bac avec brio. «J’ai eu beaucoup de soutien tout au long de mon parcours, reconnaît la finissante. Mes professeurs étaient toujours disponibles pour répondre à mes questions, mes collègues de classe ont démontré une grande ouverture par rapport à mes différences et j’ai reçu de l’aide pour faire mes examens.»
«Émilie est un bel exemple de persévérance, commente le directeur du programme André Mondoux. Elle a travaillé avec assiduité et ardeur durant toutes ses études. Comme prof, il suffisait d’être généreux et compréhensif.»
Le syndrome Gilles de la Tourette (SGT) touche environ un enfant sur 200 au Québec. Ce trouble neuropsychiatrique chronique est caractérisé par la présence de tics moteurs et de tics sonores. Le SGT n’a toutefois pas de répercussions sur les capacités intellectuelles, et les jeunes atteints du syndrome peuvent très bien faire de longues études et exercer une profession.
Travail et engagement
Émilie a reçu son diagnostic à l’âge de deux ans. «À l’époque, on ne savait pas si elle allait pouvoir lire ni écrire, se rappelle son père, Gilles Bordonado. Des spécialistes avaient même évoqué la possibilité de devoir apprendre la langue des signes pour mieux communiquer avec elle.»
Émilie a étudié dans des classes spéciales durant tout son secondaire. Son handicap ne l’a toutefois pas empêchée de recevoir plusieurs honneurs, qui ont mis en relief sa détermination, ses efforts et son engagement dans sa réussite. «Émilie a toujours voulu aller à l’université, souligne son père, lui-même diplômé universitaire. Depuis le secondaire, elle nous répète qu’elle va étudier en communication à l’UQAM. Son idée était faite, et rien au monde n’aurait pu l’empêcher de réaliser son rêve.»
Des valeurs qui la rejoignent
Émilie Bordonado souligne qu’elle a choisi l’UQAM pour ses valeurs d’égalité, de persévérance, de respect de la différence et d’altruisme. «C’est une université qui a une très bonne réputation en communication. Plusieurs diplômés ont fait leur marque dans le milieu», commente-t-elle.
La finissante est ravie de son parcours. «Ma formation m’a beaucoup appris sur la théorie des communications et a fait de moi une meilleure communicatrice, dit-elle. J’ai aussi acquis une grande confiance en moi.» Émilie a pu mettre ses apprentissages en pratique au cours des deux dernières années, elle qui a travaillé comme agente de communication pour la Corporation des fêtes du 350e anniversaire de Terrebonne et pour un organisme offrant des services aux personnes atteintes de trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). «Je sens que la différence est de plus en plus acceptée tant dans la société que sur le marché du travail», mentionne-t-elle.
Maintenant que son bac est derrière elle, Émilie Bordonado souhaite acquérir d’autres expériences professionnelles en communication. «Je sens que je suis bien outillée sur le plan théorique, et je veux continuer à apprendre et à évoluer.» La finissante a aussi évoqué la possibilité de poursuivre ses études à la maîtrise. Avec toutes les embûches qu’elle a surmontées depuis son enfance, personne ne peut douter de sa capacité à relever ce défi!