Originaire de l’Argentine, le professeur émérite de l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM) Jorge Niosi a connu les débuts de l’UQAM, où il a enseigné dès 1970. Ce pionnier considéré comme un précurseur dans le domaine du management de l’innovation et des changements technologiques y a poursuivi toute sa carrière de chercheur, marquée par de nombreux accomplissements. Il est décédé le 8 mai dernier.
D’abord professeur au Département de sociologie, puis au Département des sciences administratives, Jorge Niosi a ensuite été attaché au Département de management et technologie (aujourd’hui le Département de management) de l’ESG UQAM. Fondateur du Centre de recherche en développement industriel et technologique (CRÉDIT), il en a été le directeur de 1986 à 1993. Puis, de 1993 à 1995, il a dirigé le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), né de la fusion du CRÉDIT avec le Centre de recherche en évaluation sociale des technologies (CREST). Plus récemment, en 2001, il avait obtenu une Chaire de recherche du Canada en gestion et politique technologiques, dont le mandat avait été renouvelé pour une deuxième période de sept ans, de 2008 à 2015.
Jorge Niosi détenait un diplôme de troisième cycle en économie de l’Institut d’études du développement économique et social (Paris, 1970) et un doctorat en sociologie de l’École pratique des hautes études (Paris, 1973). Sa thèse de doctorat consacrée aux entrepreneurs de son pays d’origine fut publiée dès l’année suivante chez un grand éditeur de langue espagnole (Los empresarios y el Estado argentino, Siglo XXI, 1974), pour ensuite paraître en français sous le titre Les entrepreneurs dans la politique argentine (Presses de l’Université du Québec, 1976).
Ce premier livre fut suivi de 14 autres, dont plusieurs furent également traduits. Le dernier en liste est Building National and Regional Innovation Systems (Edward Elgar, 2010). Il fut aussi l’auteur ou le co-auteur de quelque 65 articles dans des revues avec comité de lecture (dont le Cambridge Journal of Economics, Research Policy, World Development, le Journal of Business Research, la Management International Review, le Journal of Evolutionary Economics et la Revue d’économie industrielle) et de 45 chapitres dans des ouvrages collectifs.
Professeur invité dans plusieurs universités françaises, Jorge Niosi a également siégé à de nombreux comités, dont le comité consultatif sur les statistiques des sciences et de la technologie de l’Institut de la statistique du Québec et celui de Statistique Canada. Il était membre du conseil scientifique de Globelics (un réseau d’universitaires intéressés par la recherche sur l’innovation) et il a occupé la présidence de l’International Schumpeter Society, dont il a organisé le colloque en 2016 à Montréal.
Tout au long de sa carrière, le professeur de l’ESG UQAM a aussi agi comme consultant pour de nombreuses agences nationales et internationales telles que la Banque Interaméricaine de développement, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), l’Agence canadienne de développement international (ACDI), Industrie Canada, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) et le Conseil de la science et de la technologie du Québec.
Plusieurs prix ont souligné l’excellence de son travail. En 1983, il a reçu le Prix John Porter de la Société canadienne de sociologie pour son ouvrage Canadian Capitalism (James Lorimer, 1981). En 1994, il a été nommé membre de la Société royale du Canada. En 1995, il a été récipiendaire d’une bourse Fulbright, qui lui a permis d’être chercheur invité au Center for Economic Policy Research de l’Université Stanford en Californie. En 2006, il a reçu le Prix de la recherche de l’ESG UQAM pour les chercheurs établis et, en 2009, le Prix Carrière en recherche et création de l’Université du Québec. Il a été nommé professeur émérite de l’ESG UQAM en novembre 2016.