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David Paquette-Bélanger remporte Ma thèse en 180 secondes

Le candidat au doctorat interdisciplinaire en études sémiotiques représentera l’UQAM lors de la finale nationale.

Par Pierre-Etienne Caza

22 mars 2023 à 20 h 34

«Le philosophe Baptiste Morizot décrit la crise écologique que l’on vit comme une crise de la sensibilité, découlant de l’appauvrissement des liens que nous tissons avec la nature, le vivant et les autres êtres», observe David Paquette-Bélanger au début de sa présentation. La littérature, qui permet d’entrer en relation sensible avec un texte, pourrait résoudre cette crise de la sensibilité, soutient le candidat au doctorat interdisciplinaire en études sémiotiques, qui a obtenu la faveur unanime des juges lors de la finale uqamienne du concours Ma thèse en 180 secondes.

On développe un sentiment d’attachement à un texte par la lecture, bien sûr, mais surtout par la relecture, affirme David Paquette-Bélanger. La répétition, d’ailleurs, fonctionne même en dehors de la littérature, constate-t-il. «Êtes-vous de ceux et celles qui écoutez religieusement le même film à Ciné-cadeau chaque année, ou qui regardez la série The Office en rafale depuis sa sortie? Si oui, vous n’êtes pas les seuls, vous créez ainsi une relation sensible avec une œuvre qui prend de l’importance pour vous», illustre-t-il.

Dans le cadre de sa thèse, réalisée sous la direction du professeur du Département d’études littéraires Jonathan Hope, David Paquette-Bélanger tente de s’attacher à un texte à vocation scientifique. Et pas n’importe lequel: il a choisi le mémoire en sciences de l’environnement que sa mère a écrit lorsqu’elle avait son âge. «Son mémoire se penche sur la gestion des oies blanches à la réserve de faune d’Ajoasté-Cap-Tourmente, près de l’endroit où elle et moi avons grandi, sur la Côte-de-Beaupré», précise-t-il.

À travers la relecture et la réécriture du mémoire de sa mère, le doctorant s’engage poétiquement avec ce texte scientifique. «Je m’investis avec ses données, ses postulats et sa recherche, dit-il. Dans l’écriture de ma propre thèse, je passe par son texte pour approfondir les pratiques d’habitation d’un lieu, comme le Cap-Tourmente, et m’aider à entrer en relation sensible avec les êtres qui y vivent, comme les oies blanches.»

La thèse du doctorant valorise une parole au «Je» comme manière de créer une intimité avec ces oiseaux. Il tire parti de sa posture singulière et de celle de sa mère, de la filiation qui s’installe entre les deux. «Mettre de l’avant l’acte de partage et d’héritage qui sous-tend ma recherche constitue une façon de prendre à cœur les conclusions des scientifiques en matière d’environnement. Je questionne ainsi la manière dont on s’occupe du monde qui nous est légué et cela questionne la manière dont on peut cohabiter dans ce monde avec les autres espèces», conclut-il.

Le jury a souligné la passion pour son sujet du lauréat, qui a su transmettre habilement sa sensibilité pour les questions environnementales à travers un projet original, en utilisant des images, des comparaisons et des métaphores fortes.

Le prix du jury, qui s’accompagne d’une bourse de 1 500 dollars, vaut à David Paquette-Bélanger de représenter l’UQAM lors de la finale nationale du concours Ma thèse en 180 secondes, qui se tiendra en marge du congrès de l’Acfas et qui réunira, le 10 mai prochain à HEC Montréal, des étudiantes et étudiants provenant d’une vingtaine d’universités francophones à travers le Canada.

Prix du public
La doctorante en droit Geneviève Richard. Photo: Nathalie St-Pierre

Le prix du public a été décerné à la doctorante en droit Geneviève Richard, dont la thèse porte sur l’encadrement du temps de travail en droit québécois et le droit à la déconnexion. Elle obtient une bourse de 500 dollars.

Deux doctorants et deux doctorantes étaient en lice lors de cette finale uqamienne, dont deux de la Faculté des sciences, un de la Faculté des arts et une de la Faculté de science politique et de droit.

Le jury était constitué de Stephan Chaix, directrice du Cœur des sciences, Jean-Pierre Richer, directeur du Service de la recherche et de la création, Patrice Potvin, professeur au Département de didactique, Martine Turenne (B.A. communication, 1987), rédactrice en chef de La Conversation Canada, et Anaïs Kerric, gagnante du prix du jury 2022. Joanie Doucet, conseillère au Service des communications, agissait à titre de maîtresse de cérémonie. L’événement faisait partie de la programmation du Printemps de la recherche.

Les participantes et participants de l'édition 2023: Florence Maas-Gariépy, Geneviève Richard, David Paquette-Bélanger et Mathieu Lachapelle. Photo: Nathalie St-Pierre

Organisé par l’Acfas depuis 2012, ce concours de vulgarisation, qui permet à des doctorantes et doctorants de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire profane et diversifié, est inspiré du concours Three minute thesis (3MTMD) qui a eu lieu pour la première fois en 2008 à l’Université du Queensland, en Australie. L’évaluation est basée sur trois critères: le talent d’orateur et la passion du participant pour son sujet, sa capacité de vulgarisation et la structure de son exposé. Le concours québécois a été le premier en langue française. Les lauréats de la finale nationale canadienne seront invités à participer à la finale internationale, qui se tiendra au Maroc l’automne prochain.

On peut revoir la compétition dans son intégralité sur Facebook:
https://www.facebook.com/uqam1/videos/964709838297043