Les beaux jours du printemps constituent une période occupée pour les mécaniciens de machines fixes (MMF) classe 4B de la division Entretien et maintenance du Service des immeubles de l’UQAM. «Nous procédons ces jours-ci à la fermeture des chaudières et nous démarrons la climatisation», explique Jean Bellemare, le chef d’équipe des MMF du campus central, qui nous accueille dans la grande salle mécanique du pavillon Hubert-Aquin en compagnie de son collègue Gilles Ouellet.
Avec ses immenses tuyaux qui serpentent du plancher au plafond et ses bruyantes machines, notamment ses compresseurs d’air qui vrombissent sans crier gare, mais aussi ses tours d’eau, ses refroidisseurs et sa chaudière, la salle mécanique paraît intimidante au commun des mortels. Pour Jean Bellemare et Gilles Ouellet, tous ces sons sont rassurants: ce sont des indicateurs de machines qui fonctionnent sans anicroche. «Chaque jour, nous effectuons une inspection sonore et visuelle de tous nos équipements», affirme le chef d’équipe, qui travaille à l’UQAM depuis 13 ans.
On retrouve au campus central et au Complexe des sciences Pierre-Dansereau une quinzaine de grandes salles mécaniques qui ressemblent plus ou moins à celle que nous visitons, auxquelles s’ajoutent environ 200 petites salles comportant également des équipements de chauffage, de climatisation ou de ventilation. La division Entretien et maintenance compte une dizaine de mécaniciens de machines fixes pour veiller au bon fonctionnement de tous ces appareils.
En lien constant avec les corps de métier
Si les signaux sonores et visuels sont indispensables au travail des mécaniciens de machines fixes, ceux-ci se servent également de leur odorat et de leur sens tactile. «Nous sommes à l’affût de la moindre odeur de brûlé qui pourrait dénoter la surchauffe d’une pièce et nous n’hésitons pas à toucher les équipements, comme les pompes, pour jauger la vibration et la température, illustre Gilles Ouellet. Si on sent quelque chose d’anormal, on fait les appels de service nécessaires pour régler le problème.»
Ces appels de services sont destinés aux électriciens, aux plombiers, aux mécaniciens d’entretien et aux techniciens de la salle de contrôle avec lesquels les MMF sont constamment en contact. «Une lumière qui clignote, des flammèches, un tuyau qui coule, une courroie à remplacer, nous sommes les yeux et les oreilles de tous les corps de métier à l’UQAM», affirme Gilles Ouellet, qui compte dix années d’ancienneté à l’UQAM.
Tester l’eau chaque jour
Les mécaniciens de machines fixes procèdent aussi à des tests d’eau quotidiens sur les appareils de climatisation et de chauffage ainsi qu’à des tests hebdomadaires sur les réseaux secondaires. «Nous évaluons la qualité de l’eau et nous ajustons les produits chimiques nécessaires au besoin à l’aide des contrôleurs programmables», explique Gilles Ouellet qui, comme son chef d’équipe, dégage une assurance et un calme olympien au milieu de toute cette bruyante machinerie.
Ces relevés doivent être effectués chaque jour, 365 jours par année, même à Noël et au Jour de l’An, précise Jean Bellemare. «Il y a toujours un mécanicien de machines fixes qui vient travailler le jour, même le week-end. Pour la soirée et la nuit, nous avons une rotation et la personne désignée doit demeurer disponible en cas d’urgence.»
Filtres à changer
Les salles mécaniques de l’UQAM comptent quelque 250 systèmes de ventilation, lesquels comportent de nombreux filtres à changer tout au long de l’année. «Il se passe rarement une semaine sans que nous ayons à en changer un, note Jean Bellemare. Et il faut parfois revêtir des équipements de protection pour éviter d’inhaler des substances toxiques telle que la silice.»
Les spécialistes effectuent aussi des tests de corrosion sur la tour d’eau et ses refroidisseurs, ils vérifient la protection antirouille des équipements et procèdent à des tests pour éviter l’apparition de légionelles, des bactéries qui causent la légionellose, une pneumopathie dangereuse. «Nous nous conformons en cela aux lois et règlements en vigueur en respectant les plus hauts standards d’entretien», insiste Jean Bellemare, tandis que, derrière lui, le compresseur d’air repart pour un autre tour.
La plupart de ces machines comportent de nombreux mécanismes de protection, notamment des valves de sécurité permettant de relâcher l’air ou la pression lorsque nécessaire afin de préserver l’intégrité des équipements. «C’est notre travail de vérifier le bon fonctionnement des mécanismes de protection de tous les appareils sous pression qui, selon la loi, doivent être inspectés aux 24 heures», souligne Jean Bellemare.
Le risque zéro n’existe pas
Les mécaniciens de machines fixes sont les premiers répondants pour tout ce qui touche les composantes électromécaniques des bâtiments du campus de l’UQAM. Mais, parfois, les problèmes ne proviennent pas des salles mécaniques. Gilles Ouellet a déjà répondu à des appels pour des drains bouchés qui occasionnaient une fuite d’eau ou un calorifère qui surchauffait. «Notre rôle est alors de sécuriser l’endroit, de s’assurer de limiter les dégâts et de contacter le ou les corps de métier spécialisés pour que le problème soit réglé le plus rapidement possible», explique-t-il.
Bien que le but de leur travail soit d’éviter toute défectuosité, le risque zéro n’existe pas. Il peut en effet survenir des dégâts, comme cette fuite d’eau il y a quelques années au pavillon J.-A.-DeSève en raison d’un bris d’équipement. Pour éviter que ce type d’incident ne se reproduise, des sondes de niveau ont été installées sur le plancher des salles mécaniques. «Si elles sont mouillées, une alarme se déclenche et je suis immédiatement avisé», explique Jean Bellemare.
Pour pallier les pannes de courant, on utilise des génératrices. Celle du pavillon Hubert-Aquin est dans un espace à part, adjacent à la salle mécanique. «Chaque semaine, nous l’inspectons pour nous assurer qu’il n’y a aucune fuite de diesel, d’antigel ou d’huile. Nous vérifions les courroies et tout ce qui est mécanique. Une fois par mois, nous la démarrons pour contrôler son bon fonctionnement», explique Gilles Ouellet. En cas de panne, les génératrices fournissent du courant pour un minimum d’éclairage ainsi que le fonctionnement d’un ascenseur par pavillon.
Bien connaître sa salle mécanique
Chaque mécanicien de machines fixes est attitré à un ou à plusieurs pavillons. «Cela permet de bien connaître l’équipement et l’environnement sous notre responsabilité, car chacune des salles mécaniques a ses particularités, ses machines et ses petits recoins plus ou moins accessibles, souligne Jean Bellemare. Et cela facilite aussi la procédure lorsqu’une urgence survient dans l’UQAM, car les agents du Service de la prévention et de la sécurité savent exactement qui appeler. Cela dit, on se donne un coup de main l’un et l’autre lorsqu’il y a des travaux plus substantiels à effectuer.»
À titre de chef d’équipe, Jean Bellemare parcourt le campus central de l’UQAM plusieurs fois par jour. «J’ai calculé à quelques reprises que j’effectuais plus de 10 000 pas par jour pendant ma journée de travail», conclut-il en riant. Veiller au bon fonctionnement de l’UQAM, c’est sportif!