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Évaluer les impacts du cycle de vie d’un produit

Un nouveau Consortium international de recherche mettra en place des stratégies menant à une transition durable vers la carboneutralité.

Par Jean-François Ducharme

2 mai 2023 à 14 h 01

Le nouveau Consortium international de recherche sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable a été lancé le 27 avril dernier. Regroupant des chercheurs et des chercheuses de l’UQAM, de Polytechnique Montréal, de l’École Polytechnique fédérale de Lausanne et de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale, ce consortium développera des indicateurs pour évaluer les impacts du cycle de vie et mettra en place des stratégies menant à une transition durable vers la carboneutralité.

L’analyse du cycle de vie d’un produit, qui permet d’évaluer sa performance environnementale, tient compte de toutes les étapes de sa vie utile, de l’extraction des matières premières à son enfouissement en passant par ses processus de fabrication, de transport et de distribution. «Pour évaluer l’impact du cycle de vie d’un téléphone cellulaire, par exemple, on doit calculer toutes les émissions en tenant compte de multiples facteurs, dont le contexte dans lequel les métaux ont été extraits et les conséquences de leur extraction sur l’environnement», mentionne Cécile Bulle, codirectrice du Consortium et professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale.

Le Consortium réalisera des projets en collaboration avec une dizaine de partenaires industriels du Québec, de la France, de la Suisse et du Maroc dans de multiples domaines, comme l’optimisation des énergies renouvelables, la disponibilité des ressources et la toxicité des métaux. L’un des projets menés à l’UQAM consiste à développer une méthode d’évaluation de la disponibilité des métaux dits mineurs, qui sont des sous-produits des métaux principaux comme le fer, le cuivre, l’aluminium et le nickel. «Seulement une fraction de ces métaux mineurs sont exploités, affirme la professeure. Or, si la demande pour ces métaux augmente parce que l’on découvre qu’ils peuvent être utilisés dans la fabrication de produits électroniques ou d’énergie renouvelable – comme on l’a vu avec l’explosion de la demande des terres rares –, cela peut créer des enjeux de disponibilité des ressources et d’approvisionnement.»

Modifier les pratiques

Le consortium est le prolongement du Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable (CIRAIG), créé en 2001. Au cours des dernières années, le CIRAIG a développé, avec des partenaires des États-Unis, de la Suisse et du Danemark, la méthodologie d’évaluation des impacts du cycle de vie Impact World+, qui intègre plusieurs indicateurs – les dommages sur l’eau, les émissions de carbone, l’acidification des océans et des sols – dans un tout cohérent. «Cette méthodologie fait désormais partie de tous les logiciels d’analyse de cycle de vie à travers le monde, indique Cécile Bulle. C’est un outil d’aide à la décision essentiel pour permettre aux entreprises et aux gouvernements de modifier leurs pratiques dans la conception de produits ou de politiques publiques écoresponsables.»

Une équipe de l’UQAM et de Polytechnique Montréal travaillera à optimiser les transitions énergétiques en tenant compte du contexte québécois. «On évaluera ce que l’on peut faire en matière d’économie circulaire, de nouvelles technologies pour produire de l’énergie ou améliorer la performance des bâtiments», précise la chercheuse.

Une dizaine d’Uqamiennes et d’Uqamiens collaboreront aux projets du consortium, dont le professeur du Département de marketing Fabien Durif, les professeures associées à l’Institut des sciences de l’environnement Laure Patouillard et Sara Russo Garrido et plusieurs étudiantes et étudiants à la maîtrise et au doctorat.