Comprendre les discours des Incels

Les célibataires involontaires qui s’identifient au mouvement Incels ont défrayé les manchettes des médias à plusieurs reprises au cours des dernières années, entre autres à cause de gestes de violence – ciblant principalement des femmes – commis par des individus associés à cette idéologie. Les Incels sont des communautés en ligne formées de jeunes hommes hétérosexuels qui n’ont pas de succès amoureux ni sexuel auprès des femmes, et qui, en conséquence, en viennent souvent à adopter une rhétorique antiféministe, misogyne et haineuse.

Un projet mené par la Chaire de recherche en sexologie développementale vise à explorer les caractéristiques des individus qui s’identifient comme Incels et à examiner la détresse et le désespoir dans leurs discours. «Nous tentons de comprendre comment ces personnes adhèrent à cette idéologie, mais aussi la séquence d’actions chez celles qui désirent en sortir», souligne une chercheuse de la Chaire.

Un webinaire portant sur la recherche de soutien social et la trajectoire pour sortir de l’Inceldom aura lieu le 28 septembre prochain, à l’heure du lunch. Ce webinaire, qui peut être suivi en ligne ou en présentiel, s’inscrit dans le cadre de la série «La sexologie développementale se dévoile», qui se poursuit pour une deuxième année.

Espoir, pessimisme et suicide

Pour documenter ses recherches, l’équipe de la Chaire recense depuis quelques années les discussions sur des forums publics d’Incels. «Nous avons fait le choix d’étudier seulement les forums publics et de ne pas nous aventurer sur le dark web, note une membre de l’équipe. Notre objectif n’est pas de condamner les Incels, mais bien de tenter de les comprendre selon une approche développementale.»

Les conversations portent sur différents thèmes. Les discours pessimistes et suicidaires prédominent, mais d’autres teintés d’espoir sont centrés sur les actions à mettre en place pour se sentir mieux et ne pas demeurer Incel toute sa vie. «Dans notre échantillon, environ 80 % des discours des Incels attribuent leur célibat à des causes externes – les femmes, la société, les attentes irréalistes envers les hommes –, alors qu’une minorité l’associe à une inadaptation sociale et à leurs propres caractéristiques et comportements», observe une porte-parole de la Chaire.

Si une grande partie des Incels sont fatalistes, d’autres tentent de changer leur situation en menant des actions concrètes. La Chaire a d’ailleurs développé un partenariat avec le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence afin de mieux comprendre les hommes qui souhaiteraient rompre avec l’idéologie d’Inceldom.