Lauréat du prix Reconnaissance UQAM 2009, Claude Gosselin (B.A. recherches culturelles/histoire de l’art, 1971) est une figure de proue de l’art contemporain au Québec. Fondateur du Centre international d’art contemporain de Montréal (CIAC), créé en 1983, il a été à l’origine de deux événements phares: les Cent jours d’art contemporain (1985-1996) et la Biennale de Montréal (1998-2011). Pour lui rendre hommage, le professeur associé de l’École des arts visuels et médiatiques Mario Côté a réalisé un documentaire de près d’une heure, Claude Gosselin, témoignage à bâtons rompus.
«Claude Gosselin m’avait approché pour réaliser une entrevue afin de souligner le 30e anniversaire du CIAC, raconte Mario Côté. L’entrevue était tellement riche que j’ai aussitôt envisagé de réaliser un film à partir de ce matériel. Claude Gosselin m’avait alors décrit la genèse et l’apport des Cent jours d’art contemporain et de la Biennale, dans le cadre desquels il avait lui-même été commissaire de plusieurs expositions.»
Membre de l’Ordre du Canada depuis 2006, Claude Gosselin a remporté plusieurs prix et distinctions, dont le prix du Gouverneur général du Canada (2005) pour sa contribution exceptionnelle en arts visuels et médiatiques, le prix Carrière (1999) et le prix de Mérite (1986) décernés par la Société des musées québécois ainsi que le prix Louis-Philippe-Hébert (1987) de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
Le documentaire n’est pas une biographie du directeur du CIAC, note le professeur associé. «Dans ce film, Claude Gosselin témoigne de l’aventure qu’a représenté l’organisation des Cent jours et de la Biennale, des événements qui se sont déployés sur presque une trentaine d’années.» Mario Côté a été confronté à la difficulté de trouver des documents filmés, moins nombreux que ce que l’on imagine, permettant d’appuyer les propos de Claude Gosselin. Il n’a pas pu avoir accès au Fonds d’archives du CIAC, déposé au Musée d’art contemporain de Montréal qui, depuis quelques années, fait l’objet d’importants travaux de rénovation. Malgré tout, le professeur associé a réussi à dénicher des documents vidéo et des photos.
Des événements hors normes
Le documentaire montre à quel point les Cent jours et la Biennale ont été des événements hors normes qui ont bousculé les codes traditionnels de l’exposition. «Dans les années 1980, ces événements ont répondu aux besoins de plusieurs artistes en art contemporain qui étaient à la recherche d’espaces d’exposition autres que les musées, des lieux parfois inusités et non conventionnels, tes que des anciens théâtres, des entrepôts aménagés, des appartements ou encore les galeries marchandes de La Cité sur l’avenue du Parc à Montréal, observe Mario Côté. Cela a permis à beaucoup de gens, qui ne fréquentaient pas les musées, de s’initier à l’art contemporain.»
Les Cent jours et la Biennale ont aussi permis de décloisonner les disciplines artistiques. «Claude Gosselin parle dans le documentaire de son intérêt pour des expositions organisées autour d’une thématique particulière, remarque le professeur associé. Ces expositions ne présentaient pas seulement des peintures et des sculptures, mais également des œuvres ayant recours à la photo, à la vidéo, au design, à l’architecture et à l’installation, une pratique nouvelle à l’époque visant à créer des liens entre différentes disciplines.»
Enfin, ces événements ont favorisé les rencontres entre plusieurs centaines d’artistes reconnus et moins connus d’ici et de l’étranger, et entre ces derniers et le grand public, favorisant le dépassement des frontières. «C’était presque l’équivalent, sur le plan artistique, d’Expo 67, dit Mario Côté. Cette effervescence a conduit, par ailleurs, à des collaborations inédites entre divers professionnels des arts visuels et a contribué à éveiller des générations d’étudiantes et d’étudiants à l’art contemporain.»
La Biennale de Montréal, qui avait succédé aux Cent jours en 1998, est devenue un organisme indépendant du CIAC en 2013. «Claude Gosselin souhaitait qu’un autre organisme poursuive le travail, indique le professeur associé.
Mission de diffusion
Claude Gosselin, maintenant âgé de 79 ans, continue d’assumer la direction générale et artistique du CIAC. La mission du centre est de diffuser les œuvres d’artistes du Québec, du Canada anglais et de l’étranger, de susciter l’intérêt du public envers les arts visuels, de donner à de jeunes travailleuses et travailleurs culturels l’occasion d’acquérir une expérience de travail et de produire des activités éducatives.
«Le CIAC a conçu récemment une cartographie de 50 lieux à visiter, où les artistes du groupe des Automatistes ont étudié, travaillé et exposé à Montréal entre 1939 et 1955, une façon originale de rappeler leur apport immense dans les domaines des arts visuels, de la danse, de la littérature, du théâtre et du design,», souligne Mario Côté. Des promenades animées par des guides professionnels sont organisées à l’intention du public.
Projection publique
Le lancement du documentaire aura lieu devant public le 26 octobre, à 17 h 30, à la salle Jean-Claude-Lauzon (J-S1430). Après la projection, une discussion avec le public sera organisée, réunissant Claude Gosselin, les professeures du Département d’histoire de l’art Marie Fraser et Thérèse St-Gelais ainsi que le sculpteur et diplômé Michel Goulet (B.A. Arts plastiques, 1975). «Claude Gosselin parlera de l’héritage qu’il laisse et Michel Gouet témoignera de sa participation au Cent jours d’art contemporain, notamment à la deuxième édition appelée Station. Quant à Marie Fraser et Thérèse St-Gelais, elles reviendront sur les enjeux artistiques et esthétiques des années 1980 et 1990.»