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Chercheuse et communicatrice scientifique

La doctorante en psychologie Catherine Cimon-Paquet est suivie par quelque 6 000 personnes sur les réseaux sociaux.

Par Claude Gauvreau

18 mai 2023 à 11 h 50

Curieuse, polyvalente et engagée, Catherine Cimon-Paquet se passionne pour la recherche scientifique dans ses différentes déclinaisons: recherche empirique, analyse statistique, communication et vulgarisation des connaissances. «L’univers de la recherche me fascine depuis l’âge de 17 ans, alors que j’étais étudiante au cégep», lance-t-elle.

Âgée aujourd’hui de 27 ans, la doctorante en psychologie (profil recherche) se distingue, entre autres, par son implication en communication et vulgarisation scientifiques au moyen de blogues, de balados et de vidéos. «Cela permet d’avoir un impact plus large sur les gens, dit-elle. Mais cela exige aussi des compétences particulières, comme le sens de l’empathie, un esprit de synthèse et une capacité d’illustrer les idées par des images ou des métaphores.»

Catherine Cimon-Paquet est suivie actuellement par plus de 6 000 personnes sur les réseaux sociaux, en particulier sur Instagram. «Durant la pandémie, l’intérêt pour la vulgarisation scientifique, notamment sur les enjeux de santé mentale, s’est manifesté plus que jamais sur les réseaux sociaux. Les jeunes, surtout, cherchaient de l’information fiable. Je reçois plusieurs témoignages de jeunes filles, étudiantes au cégep ou au baccalauréat, qui s’intéressent à la psychologie. Elles me font part de leurs aspirations et j’essaie de les encourager à persévérer.»


Chercheuse au LÉPSIS

La doctorante a d’abord fait des études de baccalauréat et de maîtrise en psychologie à l’Université de Montréal. Elle a décidé de poursuivre ses études doctorales à l’UQAM parce qu’elle souhaitait travailler sous la direction de la professeure du Département de psychologie Marie-Hélène Véronneau, directrice du Laboratoire d’études sur les parcours scolaires et les influences sociales (LÉPSIS). «Les travaux de son Laboratoire, dont je suis membre, correspondent à mes intérêts de recherche, dit Catherine Cimon-Paquet. Nous cherchons à comprendre comment les relations avec les pairs, les parents et les enseignants influencent la réussite et la persévérance scolaires des enfants, adolescents et jeunes adultes.»

Sa recherche doctorale porte sur le rôle des parents dans le parcours des jeunes à l’école, depuis l’enfance jusqu’au début de l’âge adulte. Elle examine dans quelle mesure les parents favorisent le rendement, la motivation et la réussite scolaires de leurs enfants et adolescents. «Je cherche aussi à modéliser les trajectoires de développement des jeunes en procédant à des analyses statistiques avancées.» À mi-parcours de sa recherche, la jeune femme souhaite terminer sa thèse l’an prochain. À l’automne 2023, elle compte soumettre sa candidature pour une bourse postdoctorale en vue d’effectuer un stage de recherche dans une université américaine. «Aller à l’étranger permet de s’ouvrir à d’autres cultures, de se confronter à d’autres théories, quitte à remettre en question ses idées, puis de vivre des expériences enrichissantes sur le plan personnel.»

Catherine Cimon-Paquet a publié ou soumis une dizaine d’articles scientifiques et présenté plus de 50 communications lors de congrès au Canada, aux États-Unis et en Europe (Belgique, Irlande).


Comprendre le développement humain

Le projet de thèse de la doctorante s’inscrit dans le domaine de la psychologie du développement humain, plus précisément dans le courant de la psychologie dite positive. «La psychologie du développement humain s’intéresse à l’évolution des individus dans le temps et aux interactions entre leurs caractéristiques personnelles – intelligence, tempérament, motivations, passions – et leur environnement familial, scolaire et social, explique la chercheuse. Certaines études concernent, notamment, les impacts de la relation parentale sur le développement des enfants.»

La psychologie positive, qui a pris son envol au début des années 2000, renvoie à l’étude du bien-être personnel. «Plusieurs recherches en psychologie portent sur les troubles de santé mentale, alors que la psychologie positive touche davantage les facteurs favorisant l’épanouissement des individus et tout ce qui permet de donner un sens à leur vie», précise Catherine Cimon-Paquet. Son intérêt pour ce champ de recherche l’a amenée à collaborer avec le professeur du Département de psychologie Robert J. Vallerand et la professeure de l’Université de Montréal Geneviève Majeau, dans le cadre de travaux sur les besoins psychologiques de base des individus.

Parallèlement à son travail de chercheuse, Catherine Cimon-Paquet participe à la formation d’étudiants au bac à travers le mentorat et l’enseignement. «Je suis chargée de cours au Département de psychologie, où j’enseigne l’introduction aux analyses quantitatives. Certains étudiants en psychologie appréhendent les statistiques, qui leur semblent rebutantes. J’essaie de les aider à les apprivoiser.»


Contrer la désinformation

Durant la pandémie, en 2021, avec d’autres doctorants en psychologie de l’UQAM, Catherine Cimon-Paquet a collaboré à la conception du jeu en ligne Vérité ou Pandémie, dont l’objectif était d’informer les jeunes internautes (18 à 30 ans) et de combattre les fausses informations sur différents enjeux entourant la crise sanitaire. «Le jeu abordait différents thèmes, comme l’histoire des pandémies, l’importance de la vaccination et les impacts de la COVID-19 sur la santé mentale et la sexualité», rappelle la doctorante. Vérité ou pandémie a fait partie des projets finalistes du concours Forces Avenir et des projets lauréats du concours «Exprimez votre créativité et engagez-vous dans la lutte contre la COVID-19», lancé par les Fonds de recherche du Québec.

Plus récemment, la doctorante a aussi participé à Vérité ou quoi?, une plateforme de vulgarisation scientifique s’inscrivant dans le prolongement de Vérité ou pandémie. Créée grâce à l’appui financier des Fonds de recherche du Québec et d’associations facultaires étudiantes de l’UQAM, la plateforme a pour mission de démystifier la science et de lutter contre la désinformation.


Vulgariser la douance

Avec Catherine Saint-Pierre, doctorante en psychologie et neuropsychologie à l’Université Laval, et Juliette Sévigny, doctorante en psychologie à l’Université de Sherbrooke, Catherine Cimon-Paquet a rédigé les capsules de vulgarisation scientifique sur le phénomène encore méconnu de la douance intellectuelle, disponibles sur Vérité ou quoi? Elle a également donné des conférences sur le sujet et a collaboré à l’ouvrage collectif J’M les zèbres de Dominic Gagnon, consacré aux individus ayant un haut potentiel intellectuel.

«On estime que la douance touche environ 3 % de la population, observe la doctorante. Il est difficile de définir ses caractéristiques. Chez les enfants, elle se manifeste, notamment, par un apprentissage rapide, une grande curiosité intellectuelle et une forte créativité. On relève plusieurs idées reçues concernant les personnes douées, à savoir qu’elles sont performantes dans tous les domaines, ce qui n’est pas toujours le cas, et qu’elles sont hypersensibles. Chose certaine, il est important de les motiver et de bien les entourer, comme on doit le faire pour les autres enfants.»


Conseiller le Scientifique en chef du Québec

Depuis novembre 2022, Catherine Cimon-Paquet est membre du Comité intersectoriel étudiant des Fonds de recherche du Québec, dont le rôle est de conseiller le Scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion. «Nous formulons des recommandations et rédigeons des rapports pour tout ce qui concerne le développement de la relève étudiante en recherche. Je travaille actuellement à un dossier sur la santé psychologique des jeunes chercheuses et chercheurs. Le Comité publiera bientôt un rapport sur l’écoresponsabilité en matière de recherche.»

La doctorante agit également à titre de bénévole pour divers organismes sans but lucratif, dont l’Association canadienne de psychologie positive, le Regroupement québécois pour la psychologie positive, l’Association québécoise pour la douance, ÉducoFamille et Ça va maman. «Mon engagement prend différentes formes, dit-elle. Au sein de l’Association québécoise pour la douance, mon rôle consiste à vérifier que les informations véhiculées s’appuient sur des données probantes. Membre du comité exécutif du Regroupement québécois pour la psychologie positive, je collabore à sa construction. Enfin, je rédige des textes de vulgarisation scientifique pour ÉducoFamille et Ça va maman.»

Catherine Cimon-Paquet ne pourrait pas concilier la recherche, l’enseignement, les activités de vulgarisation et le bénévolat sans un appui financier adéquat. Elle a obtenu des bourses d’excellence de la Faculté des sciences humaines et des Fonds de recherche du Québec ainsi que la bourse Joseph-Armand Bombardier 2021-2024 du CRSH, en plus du soutien du Centre de recherche en développement humain, de la Société pour la recherche en développement de l’enfant et de la Société de recherche sur l’adolescence.

À court terme, la doctorante prévoit effectuer un stage de recherche aux Pays-Bas, avant son projet de postdoctorat aux États-Unis. «Mon objectif est de revenir ensuite au Québec pour entreprendre une carrière de professeure-chercheuse dans une université francophone… si la vie me le permet.»