À l’occasion de la rentrée, le recteur Stéphane Pallage avait convié les membres de la communauté de l’UQAM à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, le 19 septembre, afin d’y livrer une allocution au cours de laquelle il a présenté ses priorités et ses projets pour l’année universitaire 2023-2024.
Évoquant avec émotion la mémoire de sa conjointe Sophie Lapierre, décédée le 19 septembre 2004 des suites d’un cancer, à l’âge de 39 ans, Stéphane Pallage a indiqué que cette épreuve a instillé chez lui «une volonté à toute épreuve et la conviction qu’il est important d’agir aujourd’hui plutôt que demain.» Le recteur a également évoqué sa préoccupation pour la qualité de vie au travail. «Personne ne devrait s’ennuyer à l’Université, a-t-il remarqué. Cet endroit est un lieu de réalisation de soi. Vous y passez bien trop de temps pour que ce ne soit pas le cas.»
Témoin privilégié des nombreuses activités de la rentrée, le recteur a souligné à quel point il les a toutes appréciées. «Je mentirais si je vous disais que je n’en ai pas aimé chaque minute, a-t-il dit. J’ai eu un grand plaisir à vous voir et à vous revoir. Que de sourires au cours de cette semaine de festivités! Quelque 35 000 étudiantes et étudiants ont fait vibrer nos campus, 12 000 pour la première fois. Bienvenue à toutes et tous. Avec les 5 000 membres du personnel, notre communauté de 40 000 personnes est une force pour Montréal et pour le Québec.»
Stéphane Pallage a rappelé sa première allocution à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, prononcée le 7 septembre dernier, devant une foule de 550 personnes. Dans cette allocution, intitulée «Nous sommes l’Université du Québec à Montréal», le recteur a insisté sur la contribution marquante de l’UQAM à l’essor de Montréal et du Québec, en soulignant que l’Université compte plus de 300 000 diplômés, un record au Québec pour une institution si jeune, fondée en 1969.
Accessibilité aux études universitaires
La pierre angulaire des 54 ans d’histoire de l’UQAM est l’accessibilité aux études universitaires, une mission particulière confiée à l’Université par le gouvernement du Québec, a souligné le recteur. «La recette de l’accessibilité, c’est une facture étudiante minimale, un encadrement accru, un suivi personnalisé, a-t-il déclaré. Cette accessibilité n’est pas un compromis pour l’excellence. Les étudiantes et les étudiants qui rejoignent nos rangs, quel que soit leur parcours, ont toutes et tous droit à un enseignement d’excellence.»
«Chères étudiantes, chers étudiants, il y a place à l’UQAM pour chacun de vos rêves, a poursuivi Stéphane Pallage. Ce n’est pas un vain mot. C’est un appel à voir grand. Bien sûr, nous ne sommes pas là pour réaliser vos rêves. C’est à vous de le faire. Nous sommes là pour vous donner les outils pour y arriver et les moyens d’y croire.»
Le recteur a évoqué à cet égard les parcours de diplômés qui ont osé rêver et qui s’illustrent sur la scène nationale et internationale, tels Denis Villeneuve (B.A. communication, 1992), le p.-d.g de Cascade Mario Plourde (B.A.A., 1985), les ministres Pascale Déry (M.A. science politique, 2004), Éric Girard (M.Sc. économique, 1993) et Jean-François Roberge (B.Ed. éducation préscolaire et enseignement primaire, 1996), l’artiste David Altmejd (B.A. arts visuels, 1998), le directeur du Devoir Brian Myles (M.A. communication, 2009), la cinéaste Zaynê Akyol (B.A. communication/cinéma, 2010; M.A. communication/cinéma et images en mouvement, 2015), dont le documentaire Rojek représentera le Canada cette année aux Oscars, et Sasha Luccioni (Ph.D. informatique cognitive, 2018), que le MIT a placée dans sa liste des 35 personnalités de moins de 35 ans dont les travaux ont le potentiel de changer le monde.
Puisque cette mission d’accessibilité implique des revenus moindres (au vu de la facture étudiante minimale) et un coût d’encadrement plus élevé que la moyenne, l’UQAM demande au gouvernement de corriger son sous-financement chronique, a rappelé Stéphane Pallage. «C’est mathématique, c’est fondamental, c’est un investissement dans notre société, un investissement dans notre avenir collectif. Finançons l’accessibilité à sa juste valeur», a-t-il insisté en soulignant fièrement que l’UQAM est la première université de recherche au Québec parmi les universités qui n’ont pas de faculté de médecine.
«Ce n’est pas l’université la plus reposante. Mais je ne suis pas là pour me reposer. J’aime que l’UQAM me lance des défis. En fait, elle lance des défis à l’ensemble du Québec depuis sa création. J’aime cette université, inspirée autant du rapport Parent que du manifeste Refus global.»
Faculté des sciences de la santé: renforcer et développer les expertises
Stéphane Pallage a réitéré son intention de proposer aux instances de l’UQAM la création d’une faculté des sciences de la santé qui couvrirait la santé depuis la prévention jusqu’aux traitements, et même au-delà, avec les soins palliatifs. Pour cela, il compte miser sur les forces actuelles de l’UQAM, soit le plus grand département de psychologie au Canada, le seul département de sexologie offrant une formation aux trois cycles d’études, l’École de travail social, le Département des sciences de l’activité physique, l’Institut Santé Société ainsi que les groupes de biologie cellulaire et de pharmacologie. «L’UQAM peut mobiliser ses expertises en recherche et en enseignement pour la création de plusieurs programmes importants pour la société, par exemple en nutrition, en médecine, en sciences infirmières et en pharmacie», a noté le recteur.
Le programme de médecine ne sera pas conçu en vase clos, mais en réseau, avec l’ensemble des composantes de l’Université du Québec, a-t-il assuré. En misant sur la collaboration et en évitant les silos, Stéphane Pallage espère que les «médecins formés à l’UQAM et à l’UQ auront un profil exemplaire et une très grande conscience sociale.»
En plus des collaborations déjà existantes entre les chercheuses et chercheurs de l’UQAM et plusieurs hôpitaux montréalais comme le CHUM et l’Hôpital Sainte-Justine, le recteur compte développer un partenariat solide avec le CISSS de la Montérégie-Ouest, dont le nouvel hôpital, en construction à Vaudreuil-Soulanges, aura plus de 400 lits de courte durée. «Cet hôpital embauchera pas moins de 3 500 professionnels de la santé au cours des quatre prochaines années, 15 000 pour le CISSS dans son ensemble. Nous avons entamé des discussions pour une affiliation à ce très beau CISSS en pleine effervescence.»
En discussion avec Repentigny
Tout en déplorant que 15 universités sur les 18 que compte le Québec soient présentes sur le territoire montréalais – une situation qui entraîne des coûts fixes inutiles et redondants d’exploitation des campus –, le recteur croit à l’importance de répondre à la demande de nouvelles populations de la couronne de Montréal. «Nous sommes présents à Laval – nous le sommes depuis 40 ans cette année –, en Montérégie-Ouest et à Longueuil.» Stéphane Pallage a également mentionné ses discussions avec la Ville de Repentigny, où 25 % de la population est immigrante et s’apprête à envoyer ses enfants à l’université. «Il s’avère que la distance constitue un frein à leur éducation, a-t-il observé. L’UQAM envisage d’aller à eux, toujours à contre-courant du trafic.»
Redynamiser le Quartier latin
L’UQAM a aussi pour mission d’être une porte d’entrée à Montréal pour de nouveaux immigrants francophones ou francotropes, et de contribuer à la vitalité du français dans la métropole, a relevé Stéphane Pallage. «Quel meilleur mécanisme d’intégration qu’une université? Elle attire les cerveaux, leur fait aimer l’hiver – c’est très important! – , leur fait découvrir le foisonnement culturel de la ville, et les accompagne, si nécessaire, dans leur francisation. Nous devons être le fer de lance d’une stratégie de valorisation du français à Montréal.»
Le centre-ville a souffert de la pandémie et souffre encore de l’après-pandémie, l’absence de milliers d’employés pour une très longue durée ayant eu raison de nombreux commerces et restaurants, a indiqué le recteur. «L’UQAM peut et doit contribuer à la regénérescence de son milieu. Je souhaite nommer une vice-rectrice associée, un vice-recteur associé, dont la mission première sera la revitalisation du quartier. Cette personne aura pour mandat de mobiliser nos expertises dans toutes les disciplines pertinentes (toxicologie, psychologie, économie, urbanisme, travail social, design et autres) pour apporter des solutions aux problématiques rencontrées.»
Priorité au dialogue
«L’automne sera beau et rempli de projets emballants, a affirmé Stéphane Pallage. Ce sera aussi l’occasion de poursuivre les discussions très positives entreprises avec nos syndicats. Une négociation implique une confiance mutuelle que nous bâtissons chaque jour un peu plus. Les syndicats sont pour moi des partenaires essentiels, porte-parole de ceux et celles sans lesquels l’Université n’existe pas.»
Privilégiant le respect d’abord et avant tout, le recteur a déclaré être au service de la communauté. «En tout temps, je privilégie le dialogue. Le conflit n’est jamais la solution.»
Vers une Nuit de la poésie
Stéphane Pallage a exprimé son bonheur d’accueillir Joséphine Bacon en tant qu’aînée en résidence pour l’année. «Elle va nous aider à parcourir ce long voyage de la reconnaissance et de la réconciliation avec les Premiers peuples, a-t-il dit. Dans son œuvre, elle nous rappelle que la vie est courte et que le monde se change aujourd’hui, jamais demain. J’aime un vers très court et très puissant qu’elle a écrit: “Ne pas mourir sans récit”. D’ailleurs, je lui ai demandé de m’aider à organiser en 2024 une Nuit de la poésie à l’UQAM, parce que la poésie, nous en avons tous grand besoin.»
Un peu moins de cinq mois après son entrée en poste, Stéphane Pallage aime visiblement son rôle de recteur. «Merci de rendre mon travail si passionnant. Merci de faire l’UQAM au quotidien. Merci de l’incarner avec autant de passion et de talent. C’est un privilège pour moi de travailler pour vous», a-t-il conclu.
Une période d’échanges avec les participantes et participants a suivi l’allocution du recteur.
Il est possible de voir ou de revoir l’allocution du recteur sur la plateforme UQAM.tv.