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Une étude sur un anticancéreux prometteur dans Pharmaceutics

Conçu à l’UQAM, le TH1902 pourrait offrir un moyen de contourner la résistance à la chimiothérapie en ciblant les racines du mal.

Par Marie-Claude Bourdon

16 septembre 2022 à 12 h 07

Mis à jour le 21 septembre 2022 à 13 h 49

Le professeur du Département de chimie Borhane Annabi et le professeur émérite Richard Béliveau sont cosignataires avec des chercheurs de l’entreprise Theratechnologies, dont plusieurs diplômés (voir encadré), d’un article paru dans «Targeting Drug Resistance and Metastatic Pathways for Cancer Research», un numéro spécial de la revue Pharmaceutics. L’étude préclinique fournit les premières preuves du ciblage des cellules de type souches cancéreuses (CSC) humaines des cancers du sein et de l’ovaire par le TH1902, in vitro et in vivo.

Le TH1902 combine le docétaxel, un médicament faisant déjà partie de l’arsenal thérapeutique anticancéreux, avec un peptide qui cible spécifiquement les récepteurs de la sortiline (SORT1). Cette nouvelle plateforme de vectorisation de médicaments est basée sur des inventions de l’équipe de Borhane Annabi, mises au point à l’UQAM en collaboration avec Richard Béliveau. La technologie exploite les fonctions des récepteurs SORT1 surexprimés sur les cellules cancéreuses, qui servent de porte d’entrée pour amener le médicament à l’intérieur de ces cellules.

Plusieurs études ont déjà démontré en laboratoire l’efficacité de ce médicament, qui fait actuellement l’objet d’études cliniques de phase I aux États-Unis. La particularité de l’article publié dans Pharmaceutics est de décrire la capacité du TH1902 à contourner certains mécanismes de chimiorésistance souvent associés aux CSC.

«Nous comprenons maintenant beaucoup mieux le lien moléculaire entre la SORT1 et la résistance des tumeurs à la chimiothérapie et nous pensons qu’utiliser le TH1902 pour cibler les CSC pourrait offrir un moyen supplémentaire de contourner les phénotypes de chimiorésistance souvent responsables des récidives de cancer», explique Borhane Annabi.

«Le développement d’une résistance à la chimiothérapie est un obstacle majeur à la réussite des traitements anticancéreux, ajoute le Dr Christian Marsolais, chef de la direction médicale de Theratechnologies, et on croit que la présence de CSC dans les tumeurs joue un rôle important dans ce processus.»

Le TH1902 parvient à inhiber la croissance des CSC en exploitant la fonction SORT1. De plus, le TH1902 cible les cellules cancéreuses qui surexpriment le récepteur SORT1, sans affecter les cellules saines. À des doses équivalentes à celles du docétaxel, le TH1902 en monothérapie apparaît plus efficace contre les CSC des cancers du sein et de l’ovaire, comparativement au docétaxel seul. Il est aussi plus efficace en association avec un autre agent anticancéreux, le carboplatine, que le paclitaxel ou le docétaxel en association avec ce même anticancéreux. Dans les modèles animaux de CSC du cancer du sein triple négatif et du cancer ovarien, le TH1902 a réduit de 80% la croissance tumorale, comparativement à environ 35% chez les modèles traités au docétaxel.

«Le TH1902 semble donc offrir une stratégie prometteuse pour cibler les CSC qui présentent une plasticité, un potentiel métastatique et une résistance à la chimiothérapie», observe Borhane Annabi.

La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a accordé au TH1902 la désignation prioritaire «Fast-Track» en février 2021. Cette désignation est destinée à faciliter le développement et à accélérer le processus de révision de médicaments conçus pour le traitement de conditions médicales sérieuses et pour permettre aux patients d’avoir accès à de nouveaux médicaments plus rapidement.

Le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM), la Fondation cancer du sein du Québec et l’entreprise Theratechnologies ont annoncé en juillet dernier un nouveau financement de près de deux millions de dollars afin de poursuivre les recherches visant à démontrer l’efficacité et l’innocuité du TH1902.

Des diplômés actifs en recherche

Les diplômés Michel Demeule (M.Sc. chimie, 1989), Cyndia Charfi (Ph.D. biologie, 2015) et Jean-Christophe Currie (M.Sc. biochimie, 2007), chercheurs chez Theratechnologies, ainsi qu’Alain Zgheib (M.Sc. biochimie, 2013), agent de recherche à la Chaire en prévention et traitement du cancer de Borhane Annabi, et Bogdan Alexandru Danalache (Ph.D. biologie, 2006), collaborateur de la Chaire, sont également cosignataires de l’article paru dans Pharmaceutics.