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Un hommage du Panama à Henrietta Cedergren

La sociolinguiste est une pionnière de l’étude des variations du français québécois.

Par Pierre-Etienne Caza

24 août 2022 à 11 h 31

Le ministère des Affaires étrangères du Panama a rendu hommage à la professeure retraitée du Département de linguistique et de l’École de langues Henrietta Cedergren, qui figure parmi 25 personnalités originaires du pays s’étant illustrées à l’étranger.

Titulaire d’un doctorat (portant sur l’espagnol du Panama) et d’un postdoctorat de l’Université Cornell, à New York, Henrietta Cedergren est une sociolinguiste qui a enseigné pendant plus de 30 ans à l’UQAM. Ses recherches ont porté sur les propriétés sociophonétiques de la variation phonologique, le rôle du tempo et du rythme dans la différenciation sociale et la fonction de la prosodie dans la compréhension et l’accentuation perçue de la langue seconde.

Avec ses collègues de l’Université de Montréal Gillian Sankoff et David Sankoff, Henrietta Cedergren fut à l’origine du corpus Montréal 1971, qui s’intéressait à la diversité du français parlé, en premier lieu à Montréal, mais aussi dans les autres grandes villes de la francophonie. On célébrera cette année, à l’occasion d’un colloque international, les 50 ans de ce qui est connu depuis comme le corpus Sankoff-Cedergren, qui a marqué la sociolinguistique moderne et lancé la recherche sociolinguistique québécoise et canadienne. À l’époque, l’utilisation de nouvelles méthodes d’analyse quantitatives appliquées à la recherche en linguistique était innovante. Plusieurs questions de recherche développées autour de ce corpus ont inspiré d’autres générations de chercheuses et chercheurs à s’intéresser à la variation du français au Québec.

Henrietta Cedergren est la coautrice de l’ouvrage Les tendances dynamiques du français parlé à Montréal (Office de la langue française, 1985) et de plusieurs articles sur le français québécois, qu’elle a étudié en profondeur. «Parallèlement, elle a développé, grâce à son expertise, l’un des cours les plus populaires des programmes d’espagnol de l’École de langues, Phonétique corrective», souligne la maître de langue et directrice de ces programmes, Jessica Payeras.

Retraitée depuis 2005 et aujourd’hui âgée de 82 ans, Henrietta Cedergren s’intéresse encore aux particularités sociolinguistiques du français et de l’espagnol. Elle garde contact avec ses collègues retraités et avec la plupart des étudiantes et étudiants qu’elle a dirigés pendant sa carrière, note Jessica Payeras, qui fut son assistante de recherche. «À mon arrivée à l’UQAM, elle a pris le temps de me faire visiter la bibliothèque et de s’assurer que je pourrais survivre à l’hiver québécois, se souvient la maître de langue. Ce fut un honneur de l’avoir ensuite comme directrice de thèse. C’est elle qui m’a donné le goût de conduire ma recherche sur le terrain en Colombie. Nous avions l’habitude de discuter les avancements de mes travaux et de ses recherches dans un café sur le Plateau, où elle habite depuis 50 ans.»

L’an dernier, pendant la Semaine hispanophone, Henrietta Cedergren a été honorée pour ses travaux et sa contribution aux dialogues interculturels par la consule générale du Panama à Montréal, Solange Quintero.