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Savoir lire et écrire pour la vie 

Une nouvelle Chaire de recherche Lire, écrire, découvrir est lancée.

Par Valérie Martin

11 janvier 2022 à 11 h 01

Mis à jour le 9 juin 2022 à 13 h 10

La nouvelle Chaire de recherche Lire, écrire, découvrir a pour mission de contribuer à l’avancement des connaissances dans le domaine de l’apprentissage et de l’enseignement de l’oral et de l’écrit. Photo: Getty Images

Dirigée par les professeures du Département d’éducation et formation spécialisées Catherine Turcotte et Nathalie Prévost, la nouvelle Chaire de recherche Lire, écrire, découvrir a pour mission de contribuer à l’avancement des connaissances dans le domaine de l’apprentissage et de l’enseignement de l’oral et de l’écrit, et ce, du préscolaire jusqu’au secondaire. La création de la Chaire a été rendue possible grâce au soutien financier du Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (246 187 dollars). L’entreprise Buropro Citation appuie également le projet, qui s’échelonne sur une durée de cinq ans, en octroyant un montant de 25 000 dollars.

«Le partenariat contribuera à l’avancement des connaissances grâce à l’expertise et à l’approche novatrice des cotitulaires de la Chaire pour concevoir des outils favorisant la réussite des élèves», précise le doyen de la Faculté des sciences de l’éducation Jean Bélanger.

La mise en place de la Chaire Lire, écrire, découvrir permet à Catherine Turcotte et à Nathalie Prévost de poursuivre leurs projets de recherche menés avec le personnel scolaire et les élèves du Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH). Les cotitulaires de la Chaire se rendent régulièrement dans des classes du CSSSH afin d’expérimenter des dispositifs d’enseignement et d’offrir du soutien, tant aux élèves qu’aux membres du personnel. À titre d’exemple, les connaissances des élèves de 18 classes au préscolaire ont été évaluées à l’automne 2021, des activités de compréhension de textes ont été offertes à des élèves de troisième année du primaire et un projet visant le développement de la compétence à écrire a été réalisé auprès d’élèves de cinquième année du primaire.

«Comme le mandat de la Chaire est de cinq ans, nous pourrons aussi faire des suivis longitudinaux auprès de cohortes d’enfants, à risque ou pas, afin de mieux accompagner les élèves tout au long de leur parcours, ainsi que leurs enseignantes et enseignants», explique Nathalie Prévost, dont les travaux, tout comme ceux de Catherine Turcotte, portent sur l’entrée dans l’écrit, la compréhension écrite et le soutien en écriture en classe ordinaire et en contexte d’adaptation scolaire. Les chercheuses sont aussi membres de l’équipe de recherche Apprenants en difficulté et littératie (ADEL).

Trois axes de recherche: développer, créer et s’approprier

Trois axes de recherche ont été définis. Le premier consiste à développer des connaissances sur l’apprentissage de la langue orale et écrite dans une perspective d’approche-cycle à l’éducation préscolaire. «Avec l’arrivée des classes de maternelle 4 ans, on parle désormais d’un cycle du préscolaire qui regroupe aussi les maternelles 5 ans, dit Nathalie Prévost. Chaque année de maternelle a un programme et des apprentissages propres en fonction de l’âge des enfants.»

Le deuxième axe vise à créer des approches favorisant la réussite des apprentissages en littératie du préscolaire jusqu’au secondaire, auprès de tous les enfants, incluant les élèves ayant des besoins particuliers. Le dernier axe permettra de favoriser l’appropriation par les acteurs du milieu (enseignantes et enseignants, orthopédagogues, conseillères et conseillers pédagogiques et autres intervenantes et intervenants) des connaissances issues de la recherche et des savoir-faire en lecture et en écriture. «Il existe un grand besoin de formation des enseignantes et enseignants, mais en contexte de pénurie de personnel, on ne peut pas les retirer de la classe pour leur donner une journée de formation continue», observe Catherine Turcotte. L’idée est de documenter les pratiques d’enseignement, mais aussi d’offrir de l’accompagnement et de la formation continue au personnel enseignant. «Nous sommes sur le terrain avec les enseignantes et enseignants, nous co-animons des activités et échangeons nos idées», souligne la cotitulaire de la Chaire.

Développer l’oral et l’écrit chez les enfants de 4 et 5 ans, un projet de recherche

Un des projets du premier axe de recherche vise à développer l’oral et l’écrit chez les élèves du préscolaire, tant à l’école qu’à la maison, en ayant recours aux nouvelles technologies. Le projet de recherche a été retenu dans le cadre d’un appel de projets d’innovation sociale − Bâtir le savoir-faire et le savoir-être à partir des défis de la pandémie, lancé par le ministère de l’Économie et de l’Innovation.

En collaboration avec le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe, des capsules d’animation et des guides d’accompagnement ont été conçus pour les maternelles 4 et 5 ans. Les capsules s’adressent aux jeunes enfants pour leur faire découvrir les fondements de la langue. Celles-ci peuvent être vues à l’école et à la maison afin de favoriser la continuité. Les capsules ont été réalisées par les chercheuses, en collaboration avec les enseignantes et enseignants, les conseillers et conseillères pédagogiques et les bibliothécaires scolaires. Dans un souci de transfert des connaissances, le matériel créé sera accessible gratuitement en ligne.

Les chercheuses ont aussi évalué les enfants de maternelle 4 et 5 ans à l’oral et à l’écrit. «Il s’agit d’évaluer les connaissances de base en lecture et écriture, dit Nathalie Prévost. Pour les enfants de cet âge-là, cela signifie que l’on observe si les fondements de l’oral et de l’écrit sont bien compris et acquis.» Les élèves de 4 et 5 ans doivent apprendre le son et le nom des lettres, être capables de reconnaître les sons dans la langue, de les identifier et de les manipuler (conscience phonologique), poursuit la chercheuse. On mesure aussi si les tout-petits sont capables de prendre un livre dans les mains, de l’ouvrir, de comprendre des concepts tels que les mots, les illustrations et le titre du livre, ainsi que l’orientation de la lecture, soit de gauche à droite et de haut en bas. Ces connaissances en lecture et écriture seront ensuite enrichies tout au long du parcours scolaire. «Il y a des enfants qui débutent la maternelle sans jamais avoir ouvert un livre, fait remarquer Catherine Turcotte. Ce ne sont pas tous les enfants qui arrivent avec le même bagage au préscolaire.»

En maternelle, «il est important de faire vivre aux enfants des activités de lecture et d’écriture significatives et authentiques, dans un contexte ludique», rappelle Nathalie Prévost. Plutôt que de simplement faire répéter les lettres aux enfants, il faut leur donner l’occasion de comprendre à quoi servent les lettres, ce qui donne un sens à leurs apprentissages. «Apprendre à lire et à écrire, ce n’est pas juste utile pour faire ses devoirs!»

Enrichir le vocabulaire oral des jeunes enfants contribuera à leur compréhension en lecture lorsqu’ils seront plus âgés, renchérit Catherine Turcotte. «Savoir son alphabet et posséder un riche vocabulaire, c’est un moyen pour réussir, et non une fin en soi», affirme la professeure.

Les enfants de 4 et 5 ans seront réévalués au printemps puis suivis sur les cinq prochaines années de leur parcours à l’école.