Le Prix novateur en enseignement des arts a été décerné ex aequo à Marie-Pier Viens (B.A. arts visuels et médiatiques/enseignement, 2008) et à Amy Laplante-Rayworth (B.A. arts visuels et médiatiques/enseignement, 2017). Remis par le Conseil de diplômés de la Faculté des arts depuis 2020, le prix souligne le projet innovateur et rassembleur d’une diplômée ou d’un diplômé au sein de son milieu professionnel.
Un parcours interactif au collège
Enseignante en arts visuels et multimédia depuis 15 ans au Collège Sainte-Anne, à Lachine, Marie-Pier Viens a développé au fil des ans une expertise en intégration des nouveaux médias dans l’apprentissage des arts visuels. Elle s’intéresse de près à la réalité numérique et technologique des adolescentes et adolescents auxquels elle enseigne.
Pendant l’année scolaire 2020-2021, tandis que les élèves ne pouvaient plus se côtoyer normalement en raison des mesures sanitaires, Marie-Pier Viens a ressenti le besoin d’organiser un projet d’art interactif avec ses élèves de 4e secondaire. «Pour déclencher une démarche de réflexion à propos de l’instabilité, de la perte de repères et autres enjeux liés à la pandémie que subissaient les élèves, nous avons installé des tableaux dans le corridor invitant tous les jeunes à s’exprimer en lien avec cette question: quand tout cela sera fini, vous ferez quoi?», raconte-t-elle.
Les réponses à cette question témoignaient du besoin de se rapprocher des autres, de circuler librement, de rire et de se sentir léger. «L’idée a été lancée de créer une installation ludique, interactive, voire musicale, qui inviterait la communauté à s’immerger dans un univers doux et bienveillant, connecté avec les individus ainsi qu’avec les éléments de la nature présents sur le site», explique l’enseignante, qui a contacté le studio d’art interactif montréalais Daily tous les jours, cofondé par Mélissa Mongiat (B.A. design graphique, 2002) et Mouna Andraos. «Un artiste nous a accompagnés tout au long de notre projet, partageant ses expériences, ses réflexions éclairées et son expertise technique», souligne-t-elle. La vingtaine d’élèves ont appris la programmation, l’utilisation de senseurs, la découpe au laser, le dessin vectoriel et les logiciels de création sonore, entre autres.
En juin 2021, les élèves ont inauguré sur le terrain du Collège leur installation interactive intitulée Le Sentier réfléchissant, un chemin coloré et abstrait qui invite à la déambulation. «À la hauteur des yeux sont juchées des formes abstraites réfléchissant l’image du spectateur et celle de l’environnement qui l’entoure, explique l’enseignante. Tout en cheminant dans l’espace, chacun de ses pas déclenche des sons, parfois instrumentaux, vocaux ou provenant de la nature, sons qui s’arriment parfaitement les uns aux autres. Seul ou accompagné, il expérimente ce parcours interactif à son propre rythme, dansant parfois, ou récidivant en opérant un demi-tour lui permettant de revivre un son ou une image.»
Marie-Pier Viens relate toute l’aventure dans un épisode du balado Trajectoires.
Le Sentier réfléchissant, qui a remporté le Prix pour l’innovation pédagogique décerné par l’Association québécoise des éducateurs en arts plastiques, a été réinstallé à quelques reprises à l’automne 2021.
À la rencontre d’artistes marquants
Enseignante à l’école Jacques-Rousseau, à Longueuil, Amy Laplante-Rayworth a également entrepris durant la pandémie le projet qui lui a valu de remporter le prix novateur en enseignement des arts. Pour le projet Portraits d’artistes, les élèves de 3e secondaire de la concentration Arts ont réalisé le portrait d’un artiste marquant de l’histoire de l’art tout en interprétant le travail de celui-ci à l’arrière-plan, explique la lauréate.
Ayant dressé une liste d’une soixantaine d’artistes peintres canadiens, québécois et internationaux ayant marqué l’histoire de l’art, Amy Laplante-Rayworth a constaté que la majorité de ses élèves ne connaissaient ni les artistes ni leur travail. Pendant le processus, les élèves ont été amenés à récolter des informations sur les artistes, leur style respectif et leur rôle dans l’histoire de l’art, informations qu’ils ont ensuite partagées avec leurs pairs tout au long de leur démarche créative ainsi qu’à l’occasion d’une présentation orale en classe virtuelle.

«Les jeunes artistes ont transformé une photographie de leur artiste en utilisant le logiciel de transformation d’image gratuit en ligne Pixlr Editor, explique Amy Laplante-Rayworth. À partir de cette photo, ils ont réalisé un agrandissement en utilisant la technique de la mise au carreau. Cela leur a permis de reproduire le portrait de l’artiste sur un panneau de bois carré de 22 pouces tout en séparant les couleurs de l’image en valeurs de tons, soit 4 à 6 tons de gris. Les élèves ont ensuite peint le portrait en camaïeu et complété le fond en interprétant et en reproduisant le style de l’artiste dans une composition personnelle.»
Dans le contexte difficile de la pandémie et de l’enseignement virtuel, ce projet a permis de maintenir les élèves impliqués et attachés à un projet scolaire signifiant, souligne leur enseignante. «C’est en fin de démarche que nous avons réalisé les répercussions positives que ce projet a eu sur l’estime de soi et la confiance des élèves, raconte-t-elle. Fiers de leur réalisation, ils ont eu beaucoup de difficulté à s’en départir! Leurs réalisations ornent désormais les espaces communs des élèves de deuxième cycle et contribuent à l’embellissement des lieux.»