La professeure du Département d’éducation et formation spécialisées Maryse Potvin est l’une des huit cotitulaires de la nouvelle Chaire collective de recherche France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression. Financée par les Fonds de recherche du Québec (FRQ) et le Centre national de recherche scientifique (CNRS) français à hauteur de deux millions de dollars sur cinq ans pour chacun des organismes, cette chaire vise à apporter une contribution déterminante aux travaux et aux efforts en matière de liberté d’expression, tout en permettant au Québec et à la France de jouer un rôle pilote dans ce domaine à l’échelle mondiale.
Maryse Potvin sera la responsable québécoise de l’axe «Savoirs, science et liberté d’expression» avec son homologue de l’Université Panthéon Sorbonne Thibaud Boncourt. Trois autres axes de recherche seront explorés: «Liberté d’expression, démocratie et droits humains fondamentaux» (les cotitulaires sont Pierre Rainville de l’Université Laval et Thomas Hochmann de l’Université Paris-Santerre); «Liberté d’expression, croyances religieuses et identités» (les cotitulaires sont Solange Lefebvre de l’Université de Montréal et Karimi Hanane de l’Université de Strasbourg); et «Censure et création» (les cotitulaires sont Mathilde Barraband de l’Université du Québec à Trois-Rivières et Anna Arzoumanov).
Savoirs, science et liberté d’expression
Au cours des dernières années, un vaste débat sur la liberté d’expression en éducation s’est ouvert à la suite de controverses publiques et d’événements dramatiques dans plusieurs pays, dont l’assassinat d’un enseignant de lycée en France, Samuel Paty, et la dénonciation médiatique de trois professeures des universités McGill, Concordia et d’Ottawa qui ont prononcé le «mot en N» en classe. Qu’ils soient de gauche ou de droite, de nombreux chercheurs qui interviennent dans l’espace public ont aussi fait l’objet de poursuites-bâillons, de propos haineux, de menaces et d’atteintes à la vie privée, par cyberintimidation ou lors de colloques scientifiques.
Certains accusent le «wokisme», l’islamo-gauchisme, la cancel culture, la critical race theory ou les social justice warriors de dominer dans les universités et de menacer la liberté d’expression sur les campus.
L’axe Savoirs, science et liberté d’expression de la chaire porte sur la complexité des enjeux reliés à la liberté d’expression et à son articulation avec la liberté académique et pédagogique, dans un contexte où l’inclusion et l’équité dans les milieux éducatifs sont des objectifs prioritaires. Les chercheuses et chercheurs de cet axe se pencheront sur l’équilibre et les tensions entre les libertés fondamentales d’expression, d’opinion et de conscience d’une part, et les droits à l’égalité et à la dignité d’autre part, et ce, du primaire jusqu’à l’université, en lien avec les obligations et libertés professionnelles.
Les enjeux abordés dans ce projet croisent à la fois des questions universitaires, des enjeux médiatiques et liés à l’instrumentalisation politique des polarisations, des enjeux juridiques et pratiques, touchant les balises qui encadrent les pratiques professionnelles des enseignants et des chercheurs, ainsi que les savoirs, savoir-faire et savoir-être professionnels, notamment en matière d’équité-diversité-inclusion (EDI), d’impartialité, de respect des droits et de responsabilité éthique.
Plusieurs membres du corps professoral de l’UQAM comptent parmi les cochercheurs et cochercheuses de l’équipe de la chaire: Olivier Turbide, du Département de communication sociale et publique, Mouloud Boukala, de l’École des médias, Pierre Bosset, du Département des sciences juridiques, Frédéric Dejean et Roxanne Marcotte, du Département de sciences des religions, et Michel Lacroix, du Département d’études littéraires. Parmi les collaborateurs et collaboratrices à cette chaire, notons Monia Abdallah et Jean-Philippe Uzel, du Département d’histoire de l’art, Alexandre Coutant et Stéphanie Yates, du Département de communication sociale et publique, et Francis Dupuis-Déri, du Département de science politique.
La création de cette chaire est le fruit d’une entente survenue l’hiver dernier entre le premier ministre du Québec François Legault et celui de la France, Jean Castex, qui a été premier ministre de juillet 2020 à mai 2022.