En août dernier, le navire de recherche Coriolis II a navigué de Rimouski vers Pakuashipi, une communauté innue sur la Côte-Nord, dans le cadre d’une mission océanographique de 11 jours. Dirigée par le Réseau Québec Maritime, la mission Inclusion ne s’adressait pas à des océanographes expérimentés: elle avait plutôt pour objectif de permettre à des chercheurs et chercheuses qui n’ont pas accès à des missions océanographiques de pouvoir vivre cette expérience. L’équipage était donc formé d’étudiantes et d’étudiants en océanographie, de professionnelles de recherche qui travaillent avec des communautés autochtones, de chercheuses en géographie, de personnes autochtones… et d’une étudiante à la maîtrise en arts visuels et médiatiques! «J’étais la seule Uqamienne et la seule artiste parmi les 13 membres à bord», mentionne fièrement Danielle Robitaille.
Durant le périple, chaque membre de l’équipage était en charge d’un ou de plusieurs projets liés à son domaine, auquel participeraient l’ensemble des membres de l’équipage. «Moi qui rêvais de devenir océanographe plus jeune, j’ai eu la chance de recueillir des sédiments, d’explorer les fonds marins et de pelleter de la vase», raconte l’étudiante. Elle a aussi collaboré à des projets géographiques et a suivi une formation sur les réalités autochtones donnée par l’Institut Ashukan.
La chercheuse en arts, qui fait son mémoire de maîtrise sur les émotions, était en charge de deux projets. Le premier consistait à colliger, trois fois par jour, les émotions d’une personne à bord au hasard – à l’aide d’une grille d’analyse qu’elle avait conçue – et de les comparer avec l’état du ciel ou de la mer. «Sur une carte géographique, j’ai associé chaque lieu où nous nous trouvions avec une légende, ce qui donne un beau résultat graphique à l’aspect scientifique», dit-elle.
Pour son deuxième projet, chaque membre de l’équipage devait faire une introspection quotidienne sur son état émotif dans un journal de bord. Elle réalisera une œuvre artistique à partir des résultats obtenus. «Aucune personne à bord ne savait ce qu’était l’art actuel ou l’art procédural, et plusieurs m’ont dit que ça avait été une belle découverte», dit-elle.
Danielle Robitaille se considère privilégiée d’avoir participé à cette mission. «Le microcosme dans lequel on a vécu a suscité un esprit de collaboration extraordinaire, affirme l’étudiante. Chaque personne a pu faire découvrir les particularités de son domaine tout en contribuant à défaire des stéréotypes.»