Un peintre méconnu
Le peintre Henry Daniel Thielcke (1788-1874) aurait pu facilement passer dans les craques de l’Histoire si le professeur de l’École des médias Patrick White n’avait pas repris les recherches effectuées par David Karel, professeur à l’Université Laval, et son étudiante Annie Fraser. Cette dernière a passé une partie de ses études sur les traces du peintre à la fin des années 1990, tandis qu’elle habitait en Angleterre avec Patrick White, alors journaliste pour l’agence de presse Reuters. «Annie est décédée en 2001 sans pouvoir terminer ses recherches», raconte Patrick White, qui a toujours été intrigué par le sujet. Le professeur Karel, précise-t-il, est décédé en 2007 quelques mois après lui avoir légué l’entièreté de son dossier sur Thielcke. «Je ne pouvais pas laisser tomber ce magnifique projet: tirer de l’oubli un peintre quasi inconnu qui mérite qu’on s’attarde à lui», écrit-il. Dans Henry Daniel Thielcke, il retrace le parcours fascinant de ce peintre royal méconnu, né à Buckingham Palace et ayant évolué au sein de la famille royale britannique jusqu’en 1820, pour s’exiler ensuite en Écosse (1820-1831), à Québec (1832-1854), où il a été très actif sur le plan artistique – au point où Louis-Joseph Papineau lui a permis de travailler dans les locaux du Parlement de Québec dès 1833 – et à Chicago (1854-1874). Paru aux Presses de l’Université Laval.
Profilages policiers
L’ouvrage collectif Profilages policiers, publié sous la direction du professeur du Département de science politique Francis Dupuis-Déri et de la politologue Pascale Dufour, de l’Université de Montréal, s’inscrit dans le champ des «études critiques de la police». Se voulant en phase avec les mobilisations populaires des dernières années, il présente les résultats de neuf enquêtes sur le profilage policier menées par des spécialistes qui se sont penchés sur les pratiques des forces de l’ordre au Québec, en France et en Argentine. Tout en exposant les caractéristiques de chaque profilage – racial, social, politique et de genre –, les auteurs cherchent à éclairer les dynamiques de croisement entre ces différents types de profilage par le recours à l’approche intersectionnelle. Ils montrent ainsi comment les profilages sont marqués par des imbrications de rapports sociaux, en particulier ceux liés à la race, au sexe et à la classe sociale. Ce recueil, soulignent Francis Dupuis-Déri et Pascale Dufour, intéressera toutes les personnes préoccupées par les inégalités croissantes dans nos sociétés ainsi que par la violence policière subie par des groupes d’individus stigmatisés, qui sont davantage surveillés, contrôlés et arrêtés en dehors même de l’existence d’un comportement criminel. Paru aux Presses de l’Université de Montréal.
Apprendre à être administrateur
Le poids de la bonne gestion des organisations repose sur les membres de leurs conseils d’administration. Mais pour que ces derniers remplissent leur mandat, il faut que les administrateurs qui les composent soient individuellement et collectivement à la hauteur de leurs fonctions. Les administrateurs doivent adopter une attitude éthiquement responsable, prudente et diligente. Malheureusement, ceux-ci sont souvent mal préparés et mal outillés. L’ouvrage Guide à l’intention des administrateurs. Pouvoirs, devoirs et parcours de performance, signé par le professeur du Département des sciences comptables Ahmed Naciri, vise à accompagner tous les administrateurs – ceux en exercice et ceux aspirant à le devenir – dans le processus d’apprentissage de leurs fonctions. «La bonne nouvelle est que cette fonction peut s’apprendre de diverses manières», indique l’auteur. La première approche repose sur l’acquisition d’expériences, au terme de longues années de pratique. La deuxième consiste à soumettre tout nouvel administrateur à des programmes d’encadrement et de monitorat sur mesure. La troisième approche se concrétise à travers un apprentissage en accéléré. L’ouvrage s’attarde sur chacun des aspects de la fonction d’administrateur. Étape par étape, il prépare les expérimentés comme les débutants à affronter les embûches pouvant se présenter. Paru aux Presses de l’Université du Québec.
Les mythes québécois
En parallèle avec sa thèse consacrée aux affaires Cantat, SLÀV et Kanata, la doctorante en études littéraires Sarah-Louise Pelletier-Morin a dirigé Mythologies québécoises. Hommage à Mythologies (1957) de Roland Barthes, ce recueil de textes tente de cerner la «culture québécoise» sans passer par le récit national, le folklore ou les héros et héroïnes du Québec. «Il s’agissait plutôt, en allant à la rencontre de ses “mythes”, de faire émerger de nouveaux lieux communs, ou encore de réviser d’anciens lieux communs, en les retournant, en les critiquant, en allant voir ce qu’ils dissimulent», écrit-elle. Plusieurs Uqamiens et Uqamiennes ont relevé le défi, parmi lesquels la professeure Martine Delvaux (Les Québécoises), les professeurs Robert Dion (L’étranger et l’international) et Guillaume Éthier (L’icône orange de Montréal), la professeure associée Louise Dupré (Le t-shirt de Catherine Dorion), le chargé de cours David Bélanger (Ph.D. études littéraires, 2018) (Justin ou les vertus du malheur), le philosophe et ancien professeur Normand Baillargeon (Le crime de Felicity Huffman) et l’écrivaine Nicole Brossard (B.E.S. secondaire, 1971) (De la création à la créativity). Clin d’œil assumé aux travaux des anthropologues Serge Bouchard et Bernard Arcand, ces 35 brefs essais révèlent un peuple au caractère contradictoire, à la fois complexé et créatif, fier et timoré, frileux et innovant. Publié chez Nota bene.
Le Montréal des ouvriers anonymes
Morel, le premier roman de Maxime Raymond Bock (M.A. études littéraires, 2013), présente le quotidien difficile des ouvriers qui ont construit la ville de Montréal. L’auteur nous raconte l’histoire de Jean-Claude Morel, ce travailleur de chantier né dans une famille nombreuse du «Faubourg à m’lasse», qui a participé à la construction de la Métropolitaine, de l’échangeur Turcot, du Stade olympique, de la place Ville-Marie et du métro de Montréal. Il est en couple avec Lorraine, une ouvrière comme lui. Ensemble, ils s’installent dans le quartier Hochelaga et auront plusieurs enfants. Mais Morel ne se remettra jamais de la mort de sa fillette décédée en bas âge de la pneumonie. La bière l’aide à geler sa douleur. Nouvellement divorcé à l’aube de la retraite, il rencontre Monique, avec laquelle il partage le deuil d’un enfant. Il pourra enfin laisser aller sa peine et panser ses blessures. «Il n’y avait rien d’exceptionnel à ce genre de perte, c’était le dénominateur commun, la trame sur laquelle l’histoire de la ville s’était tissée, ces enfants moulinés dans les filatures emportés comme des glaçons par l’immémorial élan du fleuve, étouffés dans le phlegme sanguinolent des bacilles tuberculeux ou morts à la naissance en tirant leur mère avec eux de l’autre côté», écrit l’auteur. Publié aux éditions Le Cheval d’août.
Le plaisir de bouger
La nouvelle directrice générale du Conseil québécois du théâtre Catherine Voyer-Léger (M.A. science politique, 2003), voyage beaucoup pour le travail, pour voir la famille ou simplement pour bouger. L’ouvrage Mouvements réunit deux textes qui interrogent le rapport au territoire géographique et affectif. «Entre-deux» se veut une série de fragments littéraires inspirés de photographies: un lit de chambre d’hôtel à Sudbury, qui «bat des records de confort», une plage bondée de Tel-Aviv par un beau samedi ensoleillé, alors que la guerre bat son plein à quelque 100 kilomètres de là, une piste d’atterrissage à Moncton lui rappelant le charme des petits aéroports «où l’on peut marcher sur la piste», etc. D’autres fragments exposent les réflexions de l’autrice sur la monoparentalité et sont accompagnés de clichés de jouets d’enfants (peluche, poupée, voiturettes, etc.). «Cette année j’ai appris à être bien dans mes quatre murs, ma cuisine trop petite et le lit duquel un enfant de 24 mois tente de m’expulser trop souvent. J’ai appris à faire taire le besoin incessant de partir.» Dans le deuxième texte du livre, intitulé «15 Nord», Catherine Voyer-Léger relate ses péripéties sur l’autoroute des Laurentides, «son vrai pays» comme elle l’écrit, tant elle connaît son paysage après l’avoir traversé chaque fin de semaine pour des raisons familiales. Publié aux éditions Prise de parole.