L’ouvrage de référence sur Montréal
Ville portuaire, centre industriel et métropole de services, Montréal a joué un rôle exceptionnel dans le développement du Québec et du Canada et elle continue de le faire. Elle est un carrefour où circulent non seulement des personnes et des marchandises mais aussi des idées, des cultures et des influences multiples. Se distinguant par sa fibre francophone, Montréal s’est enrichie au contact des peuples de souche britannique, puis, depuis un peu plus d’un siècle, au rythme de l’arrivée continuelle de nouveaux arrivants, devenant un creuset interculturel accueillant. «Cette ville n’a jamais cessé de me fasciner», témoignait en 2017 le professeur émérite du Département d’histoire Paul-André Linteau, à l’occasion de la parution d’Une histoire de Montréal dans la foulée des célébrations du 375e anniversaire de la métropole. Cet ouvrage, qui constitue la référence sur l’histoire de Montréal, fait l’objet d’une édition revue et augmentée tenant compte des dernières avancées de la recherche et des plus récentes élections municipales. «L’histoire de Montréal est riche et complexe, écrit l’auteur, qui codirige le Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal. Ce livre s’attache aux grands phénomènes, aux tendances générales qui ont façonné la ville à chaque moment de son histoire.» Publié chez Boréal.
La mouvance libertarienne
Dans son essai En rupture avec l’État, le diplômé et journaliste Thomas Laberge (M.A. science politique, 2018) présente les fondements théoriques et philosophiques du libertarianisme, retraçant au passage l’histoire de ce mouvement. «Conservateurs d’un point de vue économique, tout en étant progressistes sur certains enjeux sociaux, les libertariens veulent moins d’État et plus de liberté individuelle», souligne l’auteur. Au-delà de cette convergence, le mouvement reste, cependant, foncièrement hétérogène. Au Québec, des libertariens flirtent même avec le nationalisme, malgré une tension avec leur individualisme exacerbé. Bien qu’ils soient loin d’être aux portes du pouvoir, les groupes affiliés à cette idéologie s’expriment régulièrement sur des enjeux de société, sur les ondes, en ligne et dans la rue. Selon Thomas Laberge, il serait risqué de les sous-estimer. «Leurs voix et leurs idées peuvent influencer directement le discours politique et l’opinion publique au Québec, c’est-à-dire notre devenir collectif, écrit-il. La crise sanitaire a d’ailleurs donné une vigueur aux idées libertariennes.» Pour savoir comment s’incarne cette idéologie au Québec, l’auteur a mené des entrevues avec quatre figures marquantes du libertarianisme: Éric Duhaime, Maxime Bernier (B.A.A., 1985), Martin Masse et Vincent Geloso. Paru chez XYZ.
Les mille et une vies de Barabbas
Qui est celui que l’on surnommait Barabbas? Était-il juif, russe, autochtone ou métis? Était-il sans-abri ou travailleur de l’industrie minière ou forestière comme tant d’hommes de l’époque? Chaque personnage du nouveau roman de la professeure du Département d’études littéraires Anne Élaine Cliche, Le danseur de la Macaza, raconte à sa manière l’histoire de cet homme mystérieux et néanmoins attachant qui parlait plusieurs langues, aimait s’asseoir sur un banc public au centre-ville de Val-d’Or pour parler aux enfants comme aux adultes, tout en citant parfois les Écritures. La ponctuation particulière (absence parfois de virgules et de points, etc.) donne un rythme différent au récit. «En revenant de chez Lisette la fille aux cheveux d’or vers douze ou treize ans je me suis arrêtée devant lui sans le vouloir vraiment; il avait une manière de parler j’allais dire inouïe mais il n’y a rien d’inouï là-dedans puisqu’il parlait comme un livre mais quel livre? à l’époque je n’en avais pas lu beaucoup des livres…» Érudite, l’autrice amène les lectrices et lecteurs à découvrir aussi l’histoire des Algonquins d’Abitibi, région natale d’Anne Élaine Cliche, de l’industrie forestière en Abitibi-Témiscamingue, de la colonie juive de La Macaza, dans les Laurentides, tout en évoquant des passages de la Torah. Paru aux éditions Le Quartanier.
Éducation à la petite enfance
Comment peut-on mener une recherche dans le contexte de l’éducation à la petite enfance? Dirigé par les professeures Joanne Lehrer, de l’Université du Québec en Outaouais, Nathalie Bigras et Annie Charron, du Département de didactique, et Isabelle Laurin, de l’Université de Montréal, l’ouvrage collectif La recherche en éducation à la petite enfance s’adresse aux chercheuses et chercheurs du domaine. Ce premier guide écrit en français sur ce sujet propose d’explorer différentes approches méthodologiques. Chaque chapitre est composé d’une partie théorique et d’une section illustrant une recherche réalisée dans le milieu de la petite enfance. Les professeures Lorie-Marlène Brault Foisy (didactique) et Nathalie Bigras abordent les différentes étapes des études longitudinales, leurs outils de mesure, leurs analyses les plus courantes et leurs enjeux éthiques. Leur collègue Thomas Berryman, quant à lui, démystifie la recherche théorique. Les professeures Isabelle Plante, du Département de didactique, Liesette Brunson, du Département de psychologie, Geneviève Cadoret, du Département des sciences de l’activité physique, Julie Poissant, du Département d’éducation et formation spécialisées, et Andréanne Gagné, du Département de didactique des langues, ainsi que les doctorants en éducation Marie-Hélène Bruyère, Catherine Fréchette-Simard, Hugo G. Lapierre et Nancy Proulx ont aussi participé à la rédaction du guide. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Découvrir ou redécouvrir Dallaire
Grosse année pour le technicien du Service de l’audiovisuel Marc Tessier. Après avoir publié l’automne dernier une biographie en bande dessinée de René Lévesque, le voilà qui récidive avec une autre B.D., cette fois consacrée au peintre Jean Dallaire. Superbement illustré par Siris, l’ouvrage traite du parcours méconnu de ce jeune peintre prodige qui étudie chez les Dominicains à Ottawa, avant de débarquer en France comme boursier du Québec (comme Alfred Pellan et Paul-Émile Borduas), juste avant la Deuxième Guerre mondiale. Arrêté par la Gestapo, il est enfermé dans un camp pendant quatre ans. De retour au Canada, il est engagé comme professeur d’art à Québec, puis comme animateur à l’ONF. En 1959, Dallaire retourne en France où il passe les dernières années de sa vie. Un Paris pour Dallaire raconte aussi l’évolution de l’art au Québec à l’époque de Duplessis et de la Révolution tranquille, en plus d’être un album miroir pour Tessier et Siris. «Il comprend notre réflexion sur la pertinence de choisir, encore aujourd’hui, la vie d’artiste, témoigne le scénariste en avant-propos. Une vie à se battre pour imposer une voie plus personnelle, une vie de peu de revenus et de pauvreté assumée pour pouvoir nous consacrer à notre art.» Publié par La Pastèque.
L’anglais en débat
Anglais intensif, immersion, bains linguistiques, que faut-il retenir de l’incessante discussion sur l’enseignement de l’anglais au Québec? Décrit tantôt comme la langue qui opprime et menace, tantôt comme l’outil de l’ouverture au monde au 21e siècle, l’anglais continue de faire l’objet de polémiques. Dans L’anglais en débat au Québec: mythes et cadrages, Virginie Hébert, chercheuse postdoctorale au Centre de rechercheinterdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ), remonte le fil des discours tenus sur l’enseignement de l’anglais depuis plus d’un siècle. Dépouillant journaux, débats parlementaires, communiqués et rapports, elle analyse la genèse des mythes et décrit les façons dont nous cadrons aujourd’hui nos prises de position pour les rendre légitimes. Chemin faisant, la chercheuse montre pourquoi la discussion publique sur l’enseignement de l’anglais est le terrain d’une lutte toujours significative pour l’avenir du Québec. «Alors que le français et l’anglais se concurrencent depuis si longtemps dans l’histoire nationale et l’espace public québécois, que le sentiment de fragilité de la langue française a été et demeure si central dans l’imaginaire collectif, quel peut être l’impact du mythe de l’anglais, langue universelle, dans les débats linguistique et éducatif ?», s’interroge la chercheuse. Paru aux Presses de l’Université Laval.