Engagement corporel à l’école
Depuis quelques années, en particulier depuis la pandémie, on s’intéresse de plus en plus à la corporéité – soit la relation d’une personne avec son propre corps, avec le corps d’autres êtres humains et avec son environnement – en contexte d’enseignement. Publié sous la direction des professeures du Département de danse Hélène Duval et Caroline Raymond, et de la chercheuse suisse Delphine Odier-Guedj, l’ouvrage collectif Engager le corps pour enseigner et apprendre fait suite à un symposium international tenu en avril 2021. L’ouvrage examine le potentiel de l’engagement corporel pour enseigner et apprendre dans des contextes diversifiés (écoles primaires alternatives, écoles secondaires, écoles professionnelles, formation universitaire) et à travers différentes perspectives pédagogiques et disciplinaires, en particulier les arts. Des praticiennes et praticiens relatent leurs propres expériences innovantes, qui font la part belle au corps. Il y est aussi question de la manière dont les élèves s’affichent, apprennent et se connaissent par leur corps et ceux des autres. Réfléchir sur le corps sensible, interagissant avec d’autres corps à l’école, c’est, par la bande, «s’intéresser au bien-être, à la construction de l’identité, à l’estime de soi et à la réussite des élèves.», affirme l’ouvrage. Paru aux Presses de l’Université Laval.
Les retombées de #MoiAussi
Au Québec, la vague #MoiAussi qui déferle jusqu’à ce jour a pris son essor les 18 et 19 octobre 2017, lorsque des enquêtes du Devoir et de La Presse ont déboulonné deux géants du monde des médias. C’est avec cet épisode névralgique que s’ouvre Que reste-t-il de #MoiAussi?: secousses québécoises d’un mouvement planétaire de la journaliste Améli Pineda (B.A. communication/journalisme, 2012), qui entamait alors, sans le savoir, plusieurs années de couverture du phénomène des dénonciations des abus sexuels. «Il est sans doute trop tôt pour dire que le mouvement #MoiAussi a changé l’histoire, mais il marque certainement une prise de conscience à une échelle sans précédent, écrit-elle. Longtemps banalisées et minimisées, les violences sexuelles se retrouvent au cœur des réflexions dans tous les milieux et soulèvent l’indignation plutôt que la complaisance, notamment en raison de nombreux témoignages à visage découvert.» Son essai contextualise le phénomène en s’appuyant sur de nombreux articles parus depuis 2017 et sur plusieurs entrevues, notamment avec la professeure du Département de communication sociale et publique Mélanie Millette et la chargée de cours du Département de sociologie Sandrine Ricci, mais aussi avec des femmes ayant dénoncé, des hommes visés par des allégations, des juristes et des créatrices de pages de dénonciation virtuelle. Paru chez Somme toute/Le Devoir.
Pour un management plus humain
Le métier de gestionnaire demande d’agir dans un environnement complexe, imprévisible et parfois instable, qui sollicite réactivité, responsabilité et réflexivité. La seconde édition de l’ouvrage Le management réhumanisé. Le travail de manager à l’épreuve du réel, cosigné par les professeurs du Département de management Mehran Ebrahimi et Anne-Laure Saives, s’appuie sur des fondements historiques, théoriques et critiques pour comprendre et analyser ce métier en profondeur. Loin de proposer des recettes, cet ouvrage vise à saisir les enjeux contemporains de manière à préparer les futurs gestionnaires à exercer une pensée critique sur leur propre pratique. Au-delà des composantes classiques du métier – décision, direction, pensée et pratique stratégiques, organisation et contrôle –, les auteurs analysent le système de gouvernance et l’approche managériale d’une organisation. Ils invitent les gestionnaires en devenir à instaurer des pratiques managériales qui permettent d’établir un rapport plus équilibré de l’humain au travail, à la richesse, au collectif et à la nature. «Plus qu’un répertoire de techniques de gestion, le management est un métier qui s’acquiert, une discipline qui produit des connaissances et une pratique porteuse d’une idéologie, soulignent Mehran Ebrahimi et Anne-Laure Saives. Il est façonné par des enjeux sociétaux et évolue à l’ère d’un capitalisme aujourd’hui totalisant.» Paru aux éditions Chenelière.
Cognition et pluralisme représentationnel
On présume depuis longtemps que le cerveau humain fonctionne selon un modèle d’unicité représentationnelle, c’est-à-dire que nos conceptions du monde ou des phénomènes qui le décrivent n’existent dans nos têtes qu’une à la fois et que deux idées contradictoires ne peuvent pas coexister. De récentes recherches en sciences de l’éducation, en psychologie et en philosophie des sciences soutiennent que le pluralisme représentationnel, soit le fait de tenir compte de divers modèles pour expliquer un même phénomène, permet de mieux expliquer la cognition humaine. Le livre Multidisciplinary Perspectives on Representational Pluralism in Human Cognition, dont l’un des cinq principaux auteurs est Patrice Potvin, professeur au Département de didactique, aborde ce concept de pluralisme représentationnel de façon multidisciplinaire. Rédigé en collaboration avec une vingtaine de collaborateurs universitaires des États-Unis, du Brésil, de la France et de l’Australie, cet ouvrage piloté par le professeur Michel Bélanger de l’Université du Québec à Rimouski rassemble diverses contributions théoriques et empiriques qui permettent de mieux comprendre les processus cognitifs et métacognitifs, les positionnements épistémologiques et les changements conceptuels. Patrice Potvin signe aussi un chapitre sur le modèle de prévalence conceptuelle, utile dans le contexte d’élèves qui apprennent les sciences et qui font face à un conflit cognitif. Publié aux Éditions Routledge.
Immigration: le Québec vs Montréal
Le résultat des élections provinciales du 3 octobre a démontré le gouffre qui existe entre Montréal, où ont été élus une forte majorité de députés libéraux et solidaires, et le reste du Québec, balayé par la vague caquiste. Cette fracture entre la province et sa métropole s’observe aussi dans d’autres domaines, notamment dans la politique d’intégration des personnes immigrantes. Ce thème est le sujet du livre La métropole contre la nation? La politique montréalaise d’intégration des personnes immigrantes, un ouvrage issu du mémoire de maîtrise de David Carpentier (M.A. science politique, 2021), réalisé sous la direction du professeur Alain-G. Gagnon. Le diplômé soulève les différences entre la politique québécoise d’immigration, définie par l’interculturalisme (un modèle qui repose à la fois sur une culture commune et la diversité culturelle), et celle de Montréal, qui embrasse tacitement le multiculturalisme canadien (un modèle qui ne promeut que la diversité culturelle). David Carpentier présente les principaux acteurs du sous-système de la politique montréalaise d’intégration des personnes immigrantes et démontre que la concurrence entre les modèles du Québec et du Canada est centrale pour comprendre la politique publique montréalaise. Il explore aussi le lien entre la trajectoire empruntée par la métropole et le refus des gouvernements québécois de formaliser leur propre modèle. Publié aux Presses de l’Université du Québec.
Réduire la place de la voiture
Saviez-vous que certaines villes possèdent plus de cases de stationnement que de résidentes et résidents? Que vous avez deux fois plus de chances de mourir d’un problème cardiovasculaire en habitant près d’une artère routière importante? Qu’éliminer les voitures d’un quartier peut réduire de 40 % la pollution sonore? Dans son essai intitulé Des quartiers sans voitures: de l’audace à la réalité, le maire de Laval Stéphane Boyer (B.A. communication, politique et société, 2012) imagine la ville de demain comme un réseau de quartiers denses et interconnectés à l’intérieur desquels la majorité des déplacements se font à pied ou à vélo, et où les relations humaines redonnent un sens de communauté aux centres urbains. L’auteur met à profit son expérience d’élu municipal et propose des pistes de solution pour freiner l’expansion des grandes villes à l’heure où celles-ci doivent subvenir à un nombre croissant de besoins et où les changements climatiques nous forcent à repenser nos façons de faire. «Le but d’imaginer des quartiers sans voitures n’est pas de s’attaquer à ces dernières comme symbole de la consommation, et encore moins à celles et ceux qui les conduisent. Le but est plutôt d’imaginer comment développer de nouveaux quartiers de façon plus durable sur le plan environnemental, économique et social, tout en préservant cette liberté de déplacement que nous aimons tant», écrit l’auteur. Publié chez Somme toute.