En juin dernier, le Vice-décanat à la recherche de l’ESG UQAM a décerné une bourse pour le meilleur projet de recherche postdoctoral à Luc Cousineau, qui s’intéresse à la surveillance électronique des employés au travail. «Nous avons consenti depuis quelques années à ce que nos téléphones mobiles soient des outils de surveillance permanents pour les commerçants et les publicitaires exploitant nos données, mais qu’en est-il de nos ordinateurs vis-à-vis des entreprises qui nous emploient?», demande le postdoctorant, qui travaille sous la direction de la professeure du Département d’organisation et ressources humaines Ariane Ollier-Malaterre.
Dans la foulée de l’accélération du télétravail, de nombreuses entreprises ont mis en place des solutions technologiques pour que leurs employés puissent faire leur boulot de la maison de manière efficace. Certaines d’entre elles utilisent une forme ou une autre de surveillance électronique. «Il existe des centaines de logiciels pour effectuer de la surveillance et on estime qu’entre 35 % et 40 % de ceux-ci ont été commercialisés depuis moins de deux ans», observe Luc Cousineau.
«Certains logiciels enregistrent tout ce que l’on tape sur le clavier ou tous les sites que l’on visite, d’autres prennent des photos à intervalle régulier ou même des enregistrements vidéo, poursuit le chercheur. Si l’ordinateur est fourni par l’employeur, on ne se donne souvent même pas la peine d’obtenir le consentement de l’employé pour installer ces logiciels, qui récoltent alors des données à son insu!»
Une approche sans jugement
Les employés qui sont surveillés électroniquement ne réagissent pas tous de la même façon, a constaté Luc Cousineau en effectuant une recension des études sur la question. «Pour certains, toute surveillance électronique sera toujours perçue négativement, tandis que d’autres trouvent correct que leur employeur se serve de ce type de logiciel pour mesurer leur performance au travail. Ils affirment que s’ils n’étaient pas en télétravail, leur gestionnaire pourrait surveiller étroitement leur production au bureau. En revanche, si la surveillance va au-delà de l’évaluation de la performance, cela leur pose problème.»
Si quelques études ont porté au fil des ans sur les réactions du personnel surveillé électroniquement, il est très difficile, en revanche, d’obtenir des témoignages de gestionnaires utilisant ce type de logiciels. «Nous faisons appel aux gestionnaires concernés, car le sujet mérite d’être étudié», souligne Luc Cousineau, en insistant sur le caractère scientifique de sa démarche. «L’objectif n’est pas de décrier certaines pratiques, mais bien de comprendre comment les gestionnaires utilisent les informations récoltées, en quoi celles-ci modifient leur rôle, influencent leur satisfaction au travail et interfèrent ou non dans leurs relations avec les employés», précise-t-il.
Les gestionnaires intéressés à participer à son étude peuvent contacter la professeure Ariane Ollier-Malaterre.