Le Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM) a publié un numéro hors-série de la revue Interventions économiques. Intitulé Un monde en transformation | La mondialisation face à la crise: l’impact de la COVID-19 sur la gouvernance globale, le numéro spécial regroupe des collaborations de plusieurs chercheuses et chercheurs de l’UQAM, dont les professeurs Joseph H. Chung (sciences économiques), Romain Lecler, Ting-Sheng Lin et Michèle Rioux (science politique) ainsi que le chargé de cours Éric Boulanger et la doctorante Priscyll Anctil Avoine, du même département.
Les conséquences de la crise de la COVID-19 se feront sentir pendant de nombreuses années, ne serait-ce que parce qu’une grande partie de la population en dehors de l’Occident n’a pas encore accès à la vaccination. La pandémie a aussi considérablement accentué une autre crise, celle de la mondialisation, qui tire ses racines de la Grande Récession de 2008-2009. Bref, ce contexte pandémique, socioéconomique et politique extraordinaire aux allures de crise systémique a renforcé l’enjeu de la dé-mondialisation. Si la dé-mondialisation n’est pas souhaitable, la crise a soulevé néanmoins de vastes inquiétudes sur la vulnérabilité des économies nationales. La hausse du protectionnisme et du nationalisme associée aux dérives de la coopération sanitaire intergouvernementale impose de réfléchir sur la transformation de la gouvernance globale à l’ère de la COVID-19.
Dans cette perspective, le CEIM a organisé, en 2020 et en 2021, une série de conférences autour du thème de la mondialisation face à la crise. Les événements ont réuni des dizaines de chercheurs des quatre coins du monde pour discuter des principaux enjeux de gouvernance globale à l’ère de la pandémie. Les textes de ce numéro spécial sont issus de ces conférences.
Parmi les sujets traités, le professeur Romain Lecler, en collaboration avec les assistants de recherche Hedi Attia, Donia Mansour et Tony Tanchaleune, s’intéresse à la COVID-19 en tant que «virus de la mondialisation contemporaine» puisqu’il s’est diffusé presque instantanément dans le monde entier et que ses éclosions ont été suivies en direct par l’ensemble de la planète.
Michèle Rioux se penche sur «L’urgence d’agir contre la monopolisation d’Internet et ses impacts dévastateurs sur les industries culturelles».
Joseph H. Chung et Ting Sheng Lin examinent le conflit sino-américain sous l’angle du piège de Thucydide. Le piège du Thucydide fait référence à la dynamique de conflit décrite par l’historien de la Grèce antique entre une nouvelle puissance émergente et une puissance existante. Selon cette dynamique, la nouvelle puissante défie l’ancienne, qui ne veut pas perdre ses privilèges, et la fait ainsi tomber dans le piège de la guerre. Dans le conflit entre la Chine et les États-Unis, la seule autre issue possible, selon les deux spécialistes, est, pour la puissance américaine, d’accepter un ordre bipolaire ou multipolaire.
Toujours du côté de l’Asie, Éric Boulanger évalue la vulnérabilité du Japon en temps de pandémie et de guerre commerciale, se demandant si l’interdépendance économique sino-japonaise est en jeu.
Prisciyll Ancti-Avoine étudie le lien entre précarité et COVID-19 en Colombie dans une cartographie des violences en cours. Selon elle, la violence exige l’adaptation des mesures politiques et économiques adoptées face à la COVID-19. Selon elle, il est nécessaire de mieux comprendre les imbrications entre précarité, guerre et autres situations d’urgence comme la COVID-19.