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La bédéiste Julie Doucet consacrée à Angoulême

La diplômée remporte le Grand Prix du Festival de la bande dessinée.

17 mars 2022 à 14 h 03

Mis à jour le 9 juin 2022 à 13 h 09

Image: Julie Doucet

La diplômée Julie Doucet (C. arts d’impression, 1988) remporte le Grand Prix de la 49édition du Festival International de la bande dessinée d’Angoulême, au terme d’un vote qui a réuni 1820 autrices et auteurs de bande dessinée. 

Autrice sans concession, radicale et subversive, Julie Doucet a été une des pionnières de l’autobiographie en bande dessinée, en racontant son quotidien mais aussi ses rêves et ses cauchemars. Son œuvre personnelle et libre, sans souci des convenances et radicalement féministe aborde des thèmes et des motifs rarement évoqués, surtout de façon aussi directe: le corps, les règles, les fantasmes sexuels, les questions de genre.

Après avoir étudié les arts plastiques au Cégep du Vieux Montréal au début des années 1980, Julie Doucet s’inscrit à l’UQAM, où elle découvre la bande dessinée et commence à publier un fanzine photocopié, Dirty plotte, dans lequel elle documente en français et en anglais sa vie quotidienne, ses rêves, ses angoisses. Le titre est repris en 1991 par l’éditeur Drawn & Quarterly de Montréal.

En France, c’est en majeure partie à L’Association que l’on doit la publication de son travail: elle est présente dès 1990 dans le tout premier collectif de la structure, Logique de Guerre Comix. Puis ce sera Ciboire de Criss ! en 1995, déjà un recueil de fragments, et quatre autres livres.

«Il est rare qu’un auteur de bandes dessinées ayant officiellement arrêté d’en faire 20 ans auparavant continue à avoir une influence considérable. Cela devient exceptionnel lorsqu’il s’agit d’une autrice. C’est pourtant bien le cas de la québécoise Julie Doucet, active entre 1987 et 1999, à une époque où les dessinatrices n’étaient pas légion», écrit sa maison d’édition, L’Association, à l’occasion de la parution de Maxiplotte (2021), qui rassemble des travaux réalisés au cours de ses 12 années d’activités de l’autrice en bande dessinée. 

Après avoir vécu à New York, Seattle et Berlin, Julie Doucet est de retour à Montréal, où elle travaille désormais dans un champ plus proche des arts graphiques (collage, poésie, roman-photo). Ses travaux sont édités en tirage limité en sérigraphie. L’essayiste Anne-Elizabeth Moore a publié en 2018 une étude sur l’œuvre de Julie Doucet (Sweet Little Cunt: The Graphic Work of Julie Doucet), qu’elle perçoit comme «précurseure» d’un nouveau féminisme en bande dessinée.