Flavio Cardellicchio s’intéresse à la valorisation et à la conservation numériques des biens culturels. Dans le cadre de ses études de doctorat en muséologie, l’étudiant originaire de la Suisse a réalisé un volet de réalité virtuelle (VR) qui s’est ajouté à la plateforme pédagogique educart.ca du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).
Conçu dans le cadre d’un appel à projets numériques lancé par le MBAM, ÉducArt en VR consiste en une application informatique destinée au personnel enseignant du secondaire. «L’application permet de générer, en temps réel, une expérience muséale tout en transmettant, grâce à une série de fonctionnalités proposées autour d’œuvres d’art, des connaissances et des compétences aux élèves équipés de casques de réalité virtuelle», explique Flavio Cardellicchio.
Les élèves sont plongés dans un environnement immersif onirique. Dans cet environnement, ils peuvent découvrir différentes œuvres d’art en taille réelle, comme s’ils se trouvaient au musée. L’objectif du projet est de renouveler les pratiques de l’enseignement, de décloisonner numériquement les collections du MBAM et de dynamiser le rôle des visiteuses et visiteurs des musées. «Le comportement du public au musée et sur les plateformes muséales en ligne, en particulier, est souvent passif», fait remarquer Flavio Cardellicchio.
L’application a été développée en collaboration avec le Laboratoire d’innovation en médiation numérique PRISME du MBAM, des enseignantes et enseignants du secondaire, et une équipe d’experts en réalité virtuelle. Flavio Cardellicchio a documenté le processus de développement du dispositif ÉducArt en VR et évalué les forces, les faiblesses et les possibilités d’un tel outil destiné au milieu professionnel muséal et au domaine de l’éducation. «Le numérique est l’une des techniques qu’on peut utiliser pour conserver les patrimoines éphémères et immatériels qui autrement sont appelés à disparaître», souligne le chercheur.
Pour financer son projet, Flavio Cardellicchio a obtenu en 2019 une bourse d’accélération MITACS, une première pour un étudiant en muséologie. «Ces bourses appuient un stage dans une entreprise qui a besoin de votre expertise et sont habituellement réservées aux étudiants en sciences dures, précise le chercheur. Il faut penser à diversifier ses sources de financement pour réaliser ses projets.»
À l’hiver 2021, le chercheur s’est servi de son expérience de stagiaire MITACS pour suggérer à ses étudiantes et étudiants du cours Cybermuséologie de développer un projet numérique muséal. «Du coup, ils ont appris à remplir une demande de subvention», dit Flavio Cardellicchio, qui enseigne désormais à l’École multidisciplinaire de l’image de l’Université du Québec en Outaouais en tant que chargé de cours.
Projets numériques en archéologie
Flavio Cardellicchio n’en est pas à ses premières armes en tant que gestionnaire et créateur de projets numériques. En tant qu’archéologue, une profession qu’il a exercée pendant 10 ans en Suisse, il a créé, à la fin des années 2000, un site web reproduisant numériquement le site archéologique de la colline du Mormont. Situé dans le canton du Vaud, ce site abritait un lieu de culte celte datant de la fin de l’âge de fer. «C’est le plus important sanctuaire celte jamais découvert en Europe et sa conservation a été menacée par l’aménagement d’une carrière de calcaire pour la fabrication du béton non loin du site, déplore le chercheur. La plateforme web permet au public d’avoir accès aux artéfacts.» On peut voir une partie des travaux du chercheur sur le site de l’Association pour la sauvegarde du Mormont.
Des artéfacts aux objets d’art
En 2014, alors qu’il poursuit des études muséales de deuxième cycle à l’Université de Neuchâtel, Flavio Cardellicchio arrive à Montréal pour effectuer un stage au musée d’histoire et d’archéologie de Pointe-à-Callière. En tant que gestionnaire de projet, il fait partie de l’équipe de conception d’un parcours virtuel mettant en valeur les vestiges du site archéologique du fort Ville-Marie, lieu de fondation de Montréal. «Le parcours présentait aussi le travail des archéologues», mentionne le chercheur.
Au terme de son stage, Flavio Cardellicchio décide de rester au Québec et d’entamer un doctorat en muséologie à l’UQAM. Dans le cadre de ses premières années au doctorat, il mène des travaux sur la conservation et la valorisation numériques de sites d’art rupestre canadiens. Avec son directeur de thèse de l’époque, l’archéologue et professeur du Département d’histoire de l’art Daniel Arsenault, il participe à une mission scientifique sur un site d’art rupestre autochtone situé à Pessamit, sur la Côte-Nord. Le décès accidentel du professeur, en 2016, l’oblige toutefois à revoir son thème de recherche et à trouver quelqu’un d’autre pour le superviser. «J’ai rencontré la professeure du Département d’histoire de l’art Marie Fraser dans un séminaire et elle a accepté de diriger mes travaux, raconte Flavio Cardellicchio. C’est comme cela que je suis passé des artéfacts… aux objets d’art!»
Flavio Cardellicchio devrait terminer ses études doctorales à l’été 2022.