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Encourager l’esprit sportif dans les arénas

Une étude vise à promouvoir les valeurs positives chez les parents de jeunes hockeyeurs.

Par Jean-François Ducharme

18 janvier 2022 à 15 h 01

Mis à jour le 9 juin 2022 à 13 h 09

L’étude a démontré que les parents du groupe expérimental ont davantage intériorisé les valeurs liées à l’esprit d’équipe, au plaisir et à l’apprentissage que les parents du groupe contrôle, et que les enfants du groupe expérimental ont obtenu plus de passes que ceux de l’autre groupe. Photo: Getty Images

Chaque année, les médias rapportent des débordements dans les arénas. Le documentaire Parents Inc., diffusé en 2016 sur les ondes de Canal D, montrait de nombreux parents hypercompétitifs qui commettaient des actes de violence ou d’intimidation envers des arbitres, des entraîneurs, des joueurs ou d’autres parents. L’automne dernier, Hockey Québec a révélé une pénurie d’arbitres dans le hockey mineur – entre 20 % et 25 % des arbitres ont quitté leur emploi récemment. L’une des causes évoquées pour expliquer cette pénurie? Les abus verbaux et physiques subis par les arbitres.

«Ces comportements qui défraient les manchettes existent, mais les parents agressifs et hypercompétitifs ne semblent pas majoritaires dans les arénas, affirme la professeure du Département de psychologie Catherine Amiot. Plusieurs statistiques démontrent une baisse de violence au hockey mineur, autant dans les gradins que sur la patinoire.»

En collaboration avec l’association de hockey mineur Hockey Lac St-Louis, la chercheuse a mené une étude auprès de 98 parents de jeunes hockeyeurs âgés de 8 à 17 ans. La recherche, qui s’appuyait sur la théorie des normes sociales – c’est-à-dire que les valeurs et attitudes acceptées par la majorité des membres d’un groupe ont plus de chances d’être adoptées par chaque individu au sein de ce groupe –, visait à évaluer si la mise en valeur de comportements positifs permettrait aux parents d’intérioriser ces comportements, d’améliorer leur bien-être psychologique et de modifier la conduite de leurs enfants sur la glace. Le projet, qui a reçu une subvention d’engagement partenarial du CRSH de 25 000 dollars, a fait l’objet d’un article publié dans la revue Frontiers in Psychology.

Changement de mentalités

Les 98 parents de l’étude étaient divisés en deux groupes et devaient effectuer sept courtes tâches. Dans le groupe expérimental, les tâches étaient toutes liées à l’esprit sportif, à l’apprentissage et au plaisir: les parents devaient d’abord lire un texte présentant les changements de mentalité dans le hockey à travers différents exemples – la baisse des pénalités dans le hockey mineur et la prise de conscience collective des effets néfastes de l’agressivité et des commotions cérébrales, par exemple –, puis devaient réfléchir à leurs propres valeurs et comportements. Les tâches assignées au groupe contrôle demandaient un effort similaire, mais n’avaient rien à voir avec l’esprit sportif: elles visaient plutôt des aspects techniques du hockey, comme l’équipement et les horaires.

Les résultats de l’étude ont été concluants. «Les parents du groupe expérimental ont davantage intériorisé les valeurs liées à l’esprit d’équipe, au plaisir et à l’apprentissage que les parents du groupe contrôle, souligne Catherine Amiot. Par ailleurs, plus les parents avaient intériorisé les valeurs liées à l’esprit d’équipe, au plaisir et à l’apprentissage, plus ils rapportaient une vitalité élevée, et plus leurs niveaux d’anxiété ressentis étaient faibles.»

Les feuilles de pointage des matchs joués par les enfants des deux groupes ont aussi révélé quelque chose d’étonnant. «Les enfants du groupe expérimental ont obtenu plus de passes que ceux de l’autre groupe, mentionne la chercheuse. On ne s’attendait pas à ce résultat, mais faire des passes démontre une habileté à prioriser le jeu collectif et l’esprit de groupe.»

La chercheuse n’a pas observé d’impact significatif sur le nombre de pénalités décernées dans chaque groupe. «On a toutefois constaté que la durée des punitions était plus courte dans le groupe expérimental.» 

Selon Catherine Amiot, cette étude confirme le changement de mentalité qui s’opère dans le hockey. «Beaucoup de parents encourageaient déjà des comportements positifs, et notre étude les a motivés à continuer dans cette direction», conclut la chercheuse.