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Deux projets financés par le fonds Nouvelles frontières

Mariève Blanchet, en sciences de l’activité physique, et David Guillemette, en mathématiques, ont reçu des subventions.

14 avril 2022 à 14 h 04

Mis à jour le 9 juin 2022 à 13 h 09

Un investissement de plus de 45 millions de dollars a été annoncé par le gouvernement fédéral dans le fonds Nouvelles frontières en recherche Image: Getty images

Le fonds Nouvelles frontières en recherche du gouvernement du Canada soutient des projets interdisciplinaires considérés à haut risque et à haut rendement. La professeure Mariève Blanchet, du Département des sciences de l’activité physique, et le professeur David Guillemette, du Département de mathématiques, ont obtenu des subventions dans le cadre du volet Exploration de ce fonds. Ce volet vise à inspirer des projets qui rapprochent diverses disciplines en allant au-delà des approches disciplinaires classiques ou des approches interdisciplinaires courantes.

Le 4 avril dernier, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie François-Philippe Champagne et le ministre de la Santé Jean-Yves Duclos ont annoncé un investissement de plus de 45 millions de dollars dans le fonds Nouvelles frontières en recherche. Lancé en 2018, ce fonds est placé sous la direction stratégique du Comité de coordination de la recherche au Canada et est géré en tant que programme interorganismes par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) au nom des trois organismes fédéraux de financement de la recherche: les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et le CRSH.

DYSactivation: une nouvelle approche menée par une équipe intégrée qui soutient la première ligne de services afin de favoriser le développement des enfants atteints d’un trouble d’apprentissage

Chercheuse principale: Mariève Blanchet

Montant: 199 159 $

Le projet a pour objectif de déterminer les composantes physiques (motrices, cardiovasculaires), psychologiques (participation sociale, sentiment de compétence, autonomie, appartenance) et environnementales (adaptation des caractéristiques du milieu, formation) des enfants atteints d’une difficulté ou d’un trouble d’apprentissage (TA) avant et après la prise en compte des besoins psychologiques fondamentaux par l’écosystème communautaire et municipal. Le sous-objectif est de vérifier si ces services peuvent soutenir le système de première ligne en santé. 

Des études démontrent que les TA sont associés à des difficultés motrices. Or, les difficultés motrices sont associées, chez l’enfant, à une faible perception de ses compétences, menant à une faible participation aux activités physiques et, ultimement, à la sédentarité et au déconditionnement physiques (capacités musculaires et cardiovasculaires), ce qui accentue le phénomène.

Malgré ces données probantes, peu de services et de recherches utilisent des méthodes novatrices pour soutenir les enfants et leurs familles afin de réduire l’impact psychologique et physique des TA. Dans cette perspective, DYSactivation (formations adaptées au TA, basées sur un modèle largement éprouvé: théorie de l’autodétermination) sera optimisé et implémenté dans l’offre d’activités (GymnO) pour les familles en attente de diagnostic ou ayant reçu un diagnostic de TA. Un devis pré et post intervention sera mis au point pour comparer les compétences des enfants avant et après un an de participation à DYSactivation (entretien, questionnaire, grille d’observation, tests moteur et cardiovasculaire). 

Ce projet permettra d’évaluer par une équipe intégrée – incluant kinésiologue, designer industriel, psychologue, spécialiste en santé publique, éducateur physique, parent, intervenant – une approche inédite, DYSactivation, qui comble le besoin criant de services pour les TA. Les données issues de ce projet pourraient démontrer l’efficacité d’un réseau parallèle aux systèmes scolaire et de santé.

Mathématiques et justice sociale: le tournant éthique de l’enseignement des mathématiques

Chercheur principal: David Guillemette

Montant: 89 923 $

Les enjeux de justice sociale sont au cœur des défis contemporains de nos sociétés. Incontestablement, les inégalités économiques et culturelles augmentent et créent des tensions sociales et des dynamiques d’exclusion difficilement soutenables, ainsi que des problèmes environnementaux sans précédent. L’éducation mathématique n’est pas neutre quant à ces enjeux et on doit penser à la manière dont elle peut contribuer à y faire face. 

Des perspectives émergentes tentent de repenser fondamentalement l’enseignement des mathématiques afin de prendre en considération ces enjeux de justice sociale. En s’ouvrant à des champs de recherche externes comme l’éthique et la sociologie, elles soulignent comment, à travers les pratiques mathématiques et leur enseignement, sont convoquées tout un ensemble d’attitudes et de manières d’être dans le monde qui participent de l’incrustation des mathématiques dans le monde social et politique.

Cette mise en lumière porte avec elle la possibilité d’une nouvelle éducation mathématique, plus éthique, car davantage lucide et sensible quant aux enjeux sociaux et politiques inhérents aux mathématiques. Cela dit, ces perspectives éthiques émergentes restent pour l’instant limitées au domaine de la recherche et leur appropriation et valorisation manquent fortement dans la pratique. C’est pourquoi, au sein de huit universités francophones canadiennes, une approche participative sera déployée auprès des formateurs des enseignants en mathématiques. Elle permettra la création d’espaces de réflexion dialogiques sur ces perspectives éthiques ainsi que sur leur articulation avec la formation des enseignants. 

L’étude a pour objectif de documenter la manière dont ces perspectives éthiques sont accueillies et pensées par les formateurs sur les plans de la théorie et de la pratique, et de rendre compte, par une réflexion conjointe, des manières envisagées de développer la formation des enseignants selon ces perspectives. À long terme, les retombées éducatives et sociétales de ces changements pourraient être d’une ampleur très vaste en matière de bien-être social, environnemental et économique.