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Décoloniser l’enseignement

Des étudiantes et étudiants en éducation participent à une école d’été en milieu autochtone, une première au Québec.

15 août 2022 à 16 h 11

Mis à jour le 18 août 2022 à 10 h 17

Witamawi est le nom d’une nouvelle école d’été, organisée conjointement par l’UQAM et le centre d’études collégiales des Premières Nations Kiuna, qui s’est déroulée du 8 au 12 août derniers au sein de la communauté abénakise d’Odanak, dans le centre du Québec. Au total, 45 étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation ont participé à l’école, première activité du genre au Québec.

Expérience immersive, ce cours de trois crédits, dont le chargé de cours du Département d’histoire Danny Legault était l’un des principaux instigateurs, proposait des conférences, des ateliers, des moments de réflexion et des sorties sur le terrain. Ces activités étaient animées principalement par des personnes issues de différentes communautés des Premières Nations du Québec. L’objectif était de permettre aux participantes et participants de se familiariser avec des contenus et approches correspondant aux perspectives autochtones, afin de les intégrer dans leurs futures pratiques professionnelles en enseignement. Les thèmes abordés pendant l’école concernaient la pédagogie, l’histoire, le droit, la spiritualité, la littérature, la géographie et les relations politiques et légales entre les Premières Nations et les allochtones.

L’école d’été Witamawi est l’occasion de répondre à plusieurs des appels à l’action de la Commission de Vérité et de Réconciliation du Canada et de la Commission d’enquête sur les relations entre les Premières Nations et certains services publics au Québec: écoute, réconciliation et progrès. Ces appels à l’action préconisent principalement un enseignement précoce, juste et représentatif de l’histoire et des cultures des Premiers Peuples au sein du système éducatif québécois.

Les participants provenaient des programmes de baccalauréat en enseignement secondaire, en éducation préscolaire et enseignement primaire, et en enseignement de l’anglais langue seconde. L’école est rattachée à la Faculté des sciences humaines, mais sa coordination est assurée par la Faculté des sciences de l’éducation.

Afin de favoriser la participation des étudiantes et étudiants, le comité organisateur avait lancé une campagne de sociofinancement, en collaboration avec la Fondation de l’UQAM. Les sommes recueillies ont permis de couvrir les dépenses d’hébergement, la nourriture, le transport, le matériel didactique et la fréquentation du musée des Abénakis.

Si cette école d’été est une première, ce n’est pas la première fois qu’un groupe étudiant se rend en milieu autochtone. Ainsi, 21 étudiantes et étudiants  de l’UQAM, de l’Université de Montréal et de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue avaient séjourné  au printemps 2017 dans la communauté atikamekw de Manawan. Organisé par les professeurs Laurent Jérôme (sciences des religions et Nicolas Houde (science politique), ce séjour s’inscrivait dans le cadre du cours terrain Réalités autochtones: cours en territoire atikamekw, offert en vertu d’une entente interuniversitaire.


L’institution Kiuna

Conçu par et pour les Premières Nations, mais ouvert à tous, l’institution Kiuna, co-organisateur de l’école d’été, a pour objectif de démocratiser l’accès à l’enseignement postsecondaire pour les membres des Premiers Peuples. Il est aujourd’hui reconnu pour ses services éducatifs culturellement adaptés, qui se traduisent notamment par un environnement à l’intérieur duquel les programmes, les services aux étudiantes et étudiants, les ressources humaines, les méthodes d’enseignement et le matériel pédagogique tiennent compte de la culture et des traditions autochtones.

L’institution Kiuna, c’est l’appropriation de l’école par les Premiers Peuples, sans exclure les savoirs occidentaux. L’établissement respecte les normes du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, de même que les compétences requises, bien qu’il dispose d’une certaine latitude dans la formulation de son projet éducatif. Il offre, entre autres, des programmes d’études en sciences humaines, en lettres, langues et communications (avec les options Cinéma autochtone et Langues des Premières Nations) ainsi qu’en sciences de la nature.