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Les effets de la cyberdépendance

Des spécialistes et une étudiante se penchent sur les conséquences d’une utilisation abusive des écrans.

Par Jean-François Ducharme

23 septembre 2022 à 20 h 23

Mis à jour le 26 septembre 2022 à 11 h 08

En 2019, 16 % des adultes et 21 % des élèves de sixième année du primaire consacraient plus de 4 heures par jour aux écrans – excluant le travail ou les études –, selon un rapport de la Direction régionale de santé publique de Montréal. Trois ans plus tard, la pandémie n’a fait qu’accroître la place des écrans dans nos vies. Ce phénomène appelé hyperconnectivité entraîne plusieurs conséquences néfastes, dont des difficultés de sommeil, une moins bonne santé mentale et physique, un risque plus élevé de décrochage scolaire et de la détresse psychologique.

Un panel formé de Magali Dufour, professeure au Département de psychologie, Emmanuelle Parent, cofondatrice et directrice du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (CIEL), et Alba Taylor-Cape, étudiante au certificat en création littéraire et participante au projet 24 h (dé)connecté, s’est penché sur les conséquences d’une utilisation abusive des écrans. Animé par Marie-Pier Caron (B.A. communication/télévision, 2008), l’événement avait lieu le 21 septembre, à l’heure du lunch, dans l’agora du pavillon Judith-Jasmin. Le vice-recteur aux Systèmes d’information Louis-Sébastien Guimond a prononcé le mot d’ouverture.

«Certaines personnes passent entre 55 h et 60 h par semaine devant des écrans, soit plus du double de ce que l’on considère le seuil de l’hyperconnectivité, a mentionné d’entrée de jeu Magali Dufour. On parle alors de cyberdépendance.» Selon la chercheuse, entre 1 % et 3 % de la population serait cyberdépendante, alors que 15 % de la population est à risque de l’être. À quel moment doit-on s’inquiéter? «Quand on refuse de faire des activités qu’on aimait, comme s’entraîner ou voir des amis, quand les proches remarquent qu’on passe trop de temps devant les écrans, quand on se prive de sommeil ou quand on se réveille la nuit pour réfléchir à sa prochaine publication sur les médias sociaux, c’est signe d’une utilisation abusive, précise la professeure. On voit aussi apparaître des conséquences négatives sur son travail, ses études, sa santé physique ou son estime de soi.»

Se reconnecter à ses proches

Alba Taylor-Cape a admis qu’elle appréciait les avantages du télétravail, même si ce dernier avait contribué à augmenter significativement son temps d’écran. Son expérience du projet 24 h (dé)connecté, qui l’a amenée à se débrancher de toutes les technologies – même la musique – durant une journée complète, lui a permis de se reconnecter à ses proches et à sa famille. «Certains participants du projet ont dit qu’ils en avaient appris plus sur leur famille durant ces 24 heures que dans toute leur vie», a souligné Alba Taylor-Cape.

Emmanuelle Parent, qui dirige des ateliers d’auto-défense pour des jeunes de 12 à 17 ans, a partagé quelques pistes pour reprendre le contrôle face aux technologies. «On peut se mettre une minuterie lorsqu’on commence à consulter Instagram, dit-elle. On peut aussi demander à ses proches de garder son téléphone hors de la pièce pendant la période des travaux et examens, ou encore faire du ménage dans ses applications et les personnes que l’on suit sur les médias sociaux.» Magali Dufour a ajouté qu’il était important d’intégrer des pauses d’écran, que ce soit au travail, à l’école ou dans ses loisirs. En cas de besoin, des ressources comme Pause ton écran, Tel-Jeunes ou Jeunesse, J’écoute, peuvent être consultées.

Capsules sur la citoyenneté numérique

Ce panel sur la cyberdépendance était une initiative de la Boîte à outils numérique, un espace web ayant pour mission de contribuer au développement des compétences numériques et citoyennes de la communauté étudiante de l’UQAM. La cyberdépendance est d’ailleurs le thème de la première d’une série de cinq capsules vidéo disponibles sur la chaîne YouTube de la Boîte à outils numérique. Les autres capsules porteront sur la désinformation, l’identité numérique, Wikipédia et le métavers.

Produites par le Service de l’audiovisuel (SAV), ces capsules sont une idée originale de Martin Rivet, directeur du Service de l’audiovisuel, et de Guy Gendron, chargé de projets au Carrefour pédagogique et technopédagogique. La recherche a été effectuée par Guy Gendron et par Corine Dufresne Deslière, étudiante à la maîtrise en communication, alors que l’agente d’information du SAV Karine Gélinas a coordonné la production. La réalisation, les entrevues et le montage ont été orchestrés par Comme des filles productions, une entreprise dirigée par Marie-Pier Caron. L’animation des médias sociaux de la Boîte à outils numérique a été confiée à Florence Tremblay, étudiante à la maîtrise en communication. On peut visiter le site de la Boîte à outils numérique pour tout savoir sur le projet.