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COP15: l’UQAM et la société civile se mobilisent

Le Cœur des sciences accueille Espace Générations Vivantes, une série d’événements autour des enjeux de biodiversité organisés par le Collectif COP15.

Par Claude Gauvreau

2 décembre 2022 à 11 h 04

Mis à jour le 6 décembre 2022 à 17 h 12

Du 7 au 19 décembre prochains, les regards seront tournés vers le Palais des congrès à Montréal, où se déroulera la 15e Conférence des Parties des Nations Unies sur la biodiversité (COP15). Plusieurs expertes et experts de l’UQAM prendront part aux réflexions et aux échanges. Au même moment, le Cœur des sciences accueillera une série d’événements autour des enjeux de biodiversité organisés par le Collectif COP15, un regroupement d’organisations de la société civile québécoise dont fait partie l’Institut des sciences de l’environnement.

Formé en juin dernier, le Collectif COP15 réunit des groupes écologistes, des syndicats, des organismes de conservation de la nature, des organisations autochtones, des regroupements d’entreprises et de municipalités ainsi que des centres de recherche convaincus de l’urgence d’agir face à la perte de biodiversité ici et ailleurs dans le monde. Le Collectif a mis sur pied le rassemblement Espace Générations Vivantes, lequel organise une soixantaine d’événements en marge de la COP15. Ceux-ci mettront en lumière les liens entre nos modes de vie, notre économie et la crise de la biodiversité.

«Ce rassemblement vise à mobiliser la société civile, à faire pression sur les différents paliers de gouvernements pour qu’ils prennent des engagements ambitieux en matière de préservation de la biodiversité et à sensibiliser la population à la protection du vivant», explique le professeur du Département de sociologie Éric Pineault, président du comité scientifique de l’Institut des sciences de l’environnement. «La mobilisation, poursuit le professeur, permettra aussi aux différentes organisations, environnementales notamment, aux citoyens et aux scientifiques d’engager la discussion pour poser de nouveaux jalons dans la manière de comprendre la crise de la biodiversité et d’entrevoir des solutions.».


Protéger 30 % des terres et des océans

En raison des attentes qu’elle suscite, plusieurs observateurs comparent la COP15 à la COP21 sur la crise climatique, qui a débouché sur l’Accord de Paris en 2015. La COP15 débattra, notamment, d’une proposition clé qui consiste à protéger 30 % des terres et des océans sur la planète d’ici 2030. «Cette proposition très ambitieuse doit s’inscrire dans un esprit de justice environnementale, dans le respect des pays les plus vulnérables et des communautés locales», note Éric Pineault.

«Une conférence de cette envergure contribue à alimenter le débat de société sur l’urgence d’agir et la recherche de solutions pour sauvegarder le vivant sous toutes ses formes.»

Éric Pineault

Professeur au Département de sociologie

Que répondre aux personnes qui doutent de l’efficacité des grands sommets environnementaux, comme celui de la COP15? «Le fait qu’une discussion ait lieu et que les responsables gouvernementaux de plusieurs pays soient contraints de se prononcer sur les grands enjeux de biodiversité constitue une bonne chose en soi et est préférable au silence, souligne le professeur. Cela dit, il faut s’assurer que des engagements forts soient pris, mais cela prendra du temps à se concrétiser, car la préservation de la biodiversité suppose de grands changements sociaux. Chose certaine, une conférence de cette envergure contribue à alimenter le débat de société sur l’urgence d’agir et la recherche de solutions pour sauvegarder le vivant sous toutes ses formes.»

Éric Pineault souhaite une forte présence de chefs d’États à la conférence. «Il faudra aussi surveiller le rôle des représentants des villes et des municipalités, dont le pouvoir d’action en matière de développement urbain et d’utilisation des territoires agricoles est particulièrement important.»

Que peut-on faire à court terme pour freiner le déclin de la biodiversité, alors que pas moins d’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction sur la planète, selon un rapport de 2019 de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)? «Au Québec comme ailleurs, il est possible d’agir rapidement contre l’étalement urbain, qui a pour effet de fragmenter les territoires, de détruire des arbres et de minéraliser les sols, soutient le professeur. On doit aussi ralentir l’intensification de l’agriculture industrielle avec ses nombreux pesticides, cesser la surexploitation des forêts et limiter les activités extractives, minières en particulier. Ultimement, c’est l’ensemble de notre modèle de développement économique qui doit être repensé.»


Des événements phares

Le programme d’activités du Collectif COP15 comprend trois événements phares. Une conférence scientifique internationale sur les causes sous-jacentes à la perte de biodiversité, dont le discours d’ouverture sera prononcé par Éric Pineault, se tiendra au pavillon Sherbrooke du Complexe des sciences, du 6 au 8 décembre. Elle sera suivie d’une grande marche au centre-ville de Montréal, le 10 décembre. Puis, les Dialogues pour la biodiversité analyseront les enjeux des négociations qui se dérouleront tout au long de la COP15.

«Les enjeux de biodiversité sont étroitement liés aux systèmes de valeurs culturelles encadrant les rapports des humains à la nature, lesquels contribuent à orienter le développement économique dans une voie pouvant aller à l’encontre de la préservation du vivant.»

La conférence internationale sur les causes sous-jacentes, qui réunira notamment des scientifiques issus de communautés autochtones, mettra surtout l’accent sur la course à la croissance économique et sur la valeur que les sociétés accordent à la protection de la nature. «Les enjeux de biodiversité sont étroitement liés aux systèmes de valeurs culturelles encadrant les rapports des humains à la nature, lesquels contribuent à orienter le développement économique dans une voie pouvant aller à l’encontre de la préservation du vivant», indique le professeur.

La marche dans les rues de Montréal s’inscrit dans une tradition internationale, dit Éric Pineault. «Chaque fois que se tient une COP sur le climat ou sur la biodiversité, des organisations de la société civile tiennent un grand rassemblement pacifique dans la ville hôte afin d’exprimer leur inquiétude face à l’inertie des gouvernements ainsi que leurs revendications.»

L’événement Dialogues pour la biodiversité réunira, quant à lui, un panel d’experts qui discuteront d’aspects particuliers des négociations durant la COP15. «Les présentations, destinées aux citoyennes et citoyens, visent à vulgariser les enjeux faisant l’objet de négociations durant la conférence», précise le chercheur.

Par ailleurs, dans le cadre d’une conférence sur le rôle des universités pour la biodiversité, la professeure du Département des sciences biologiques Ira Tanya Handa fera une présentation sur les conséquences des changements climatiques sur les processus écosystémiques. L’événement se déroulera le 14 décembre au Grand Quai du Port de Montréal, le 14 décembre, de midi à 13 h 15.


Rendez-vous uqamiens

Parallèlement à la programmation d’activités du Collectif COP 15, la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier de l’ESG UQAM organisera un colloque d’une demi-journée: «Penser l’immobilier autrement | Immobilier + Biodiversité: valoriser les liens l’environnement bâti, l’humain et la nature pour un développement durable et inclusif des territoires en milieu urbain.» Organisé en collaboration avec de nombreux groupes des milieux publics, privés et universitaires, cet événement aura lieu à l’UQAM le 15 décembre, de 13 h à 17 h.

Le Cœur des sciences présentera, pour sa part, la conférence «La vie, six pieds sous terre» portant sur les millions de bactéries, de virus, de champignons, d’acariens et de vers de terre qui façonnent et nourrissent le sol pour notre plus grand bien. La conférence sera donnée en duo par la professeure Ira Tanya Handa et le professeur Marc-André Selosse du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, le 13 décembre, à 18 h.

Le Collectif COP15 est piloté par un comité formé de représentants et représentantes de huit organisations: la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Fondaction, Nature Québec, le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ), le Réseau action climat Canada (CAN-Rac), le Réseau des Milieux Naturels protégés (RMN) et la SNAP Québec, ainsi que COPTICOM Stratégies et relations publiques qui en assure la coordination.

On peut consulter la programmation complète des activités d’Espace Générations Vivantes sur le site web du Collectif COP15.