D’origine iranienne, l’artiste Maryam Eizadifard (M.A. arts visuels et médiatiques, 2019) est la première bénéficiaire de la résidence Intersections de recherche, création et diffusion. Cette nouvelle résidence est destinée à des artistes émergentes et émergents récemment diplômés de la maîtrise en arts visuels et médiatiques et issus de l’immigration. Le 22 février prochain, la diplômée présentera, dans le cadre d’une conférence virtuelle, un aperçu de ses recherches effectuées au Centre d’art contemporain OPTICA et de son projet artistique mené dans les locaux de l’École des arts visuels et médiatiques (ÉAVM).
Lancé conjointement par le Conseil des arts de Montréal, le Centre OPTICA et l’ÉAVM, le programme Intersections vise à offrir un soutien aux artistes de la diversité. Il leur donne accès aux ateliers techniques spécialisés de l’École des arts visuels et médiatiques, à un studio de création pour une durée d’un an, à trois mois de résidence de recherche au Centre d’art contemporain Optica ainsi qu’à de l’accompagnement professionnel. Aux termes de la résidence, l’artiste présente ses recherches dans le cadre d’une exposition solo au centre Optica.
En tant qu’artiste visuelle interdisciplinaire, Maryam Eizadifard utilise à la fois les techniques propres aux arts imprimés, l’installation, la photographie, la vidéo et la projection. L’artiste s’intéresse aux liens entre le corps, la pensée et l’environnement. Sa pratique artistique intimiste s’inscrit également dans une démarche plus large faite de questionnements et de réflexions sur la migration et sur sa propre condition de femme immigrée.
Depuis septembre 2021, l’artiste planche sur un nouveau projet artistique autour du concept d’isolement volontaire. L’automne dernier, Maryam Eizadifard a vécu une semaine seule et repliée en camping dans une forêt sauvage de Chertsey, dans la région de Lanaudière. «J’écrivais tous les jours des lettres sur mes réflexions, mes peurs et les réactions de mon corps par rapport à la nature», explique l’artiste, qui s’est aussi inspirée, pour son projet artistique, de l’œuvre du philosophe Gaston Bachelard autour des quatre éléments de la nature (eau, terre, feu et air). Parallèlement à ce projet, Maryam Eizadifard effectue une recherche d’archives chez Optica sur les artistes ayant une discipline performative, ou dont les créations abordent le sujet de l’isolement et du confinement. «Je ne me décris pas comme une artiste performative pour autant, précise la diplômée, mais je m’intéresse au fait d’être en isolement et à ce que cela produit en moi ainsi que chez d’autres artistes.» Le fruit de son travail sera présenté en novembre 2022 à Optica sous le titre Fragments de silence.
Maryam Eizadifard n’en est pas à sa première expérience d’isolement volontaire. En 2019, après une visite dans le soubassement du Moulin neuf de l’Île-des-Moulins de Terrebonne, l’artiste s’est remémoré soudainement un événement douloureux lié à sa petite enfance. «En visitant l’endroit, je me suis souvenue tout à coup du soubassement de la maison dans laquelle ma famille et moi devions nous réfugier durant la guerre entre l’Iran et l’Irak dans les années 80», raconte-t-elle. Elle entame alors des démarches pour effectuer une résidence en isolement au moulin afin de se replonger dans ses souvenirs, «pour voir ce que cela allait me faire vivre comme expérience», dit l’artiste, qui a encore une fois noté sur papier ses réflexions et ses activités au quotidien. Le compte rendu de cette expérience a fait l’objet d’une première exposition intitulée Mémoire de l’eau présentée en 2020 à la Maison Bélisle, dans le Vieux-Terrebonne.
Maryam Eizadifard participera à l’exposition collective du Musée d’art actuel/Département des invisibles (MAADI), un projet de l’artiste Stanley Février (M.A. arts visuels et médiatiques, 2019) dont l’objectif est de contribuer au partage du pouvoir dans les institutions artistiques afin de démocratiser leur gouvernance et de décoloniser les récits historiques de l’art. Maryam Eizadifard y présentera des œuvres inédites tirées du projet d’isolement volontaire à l’Île-des-Moulins. L’exposition se déroulera du 15 juin au 28 août au Musée des Beaux-Arts de Montréal.
La conférence virtuelle du 22 février, «En conversation avec Maryam Eizadifard, récipiendaire de la résidence Intersections,» aura lieu sur Facebook live, à 12 h 30. Elle sera animée par le professeur de l’École des arts visuels et médiatiques Romeo Gongora et la directrice du Centre d’art contemporain OPTICA Marie-Josée Lafortune. Une période de questions suivra la présentation.
Appel de candidatures pour la résidence Intersections de recherche, création et diffusion
Le lancement de l’appel de candidatures aura lieu le 3 mars 2022. Les candidates et candidats éligibles sont les personnes diplômées de la maîtrise à l’EAVM et issues de l’immigration (de première ou de seconde génération) membres des minorités ethniques ou visibles. Pour poser sa candidature, on doit transmettre son curriculum vitæ, une lettre de motivation (500 mots maximum) dans laquelle on décrit le projet de recherche proposé, les objectifs prévus, l’échéancier pour les trois mois de la résidence et sa pertinence pour la démarche artistique, une courte biographie (100 mots maximum), des explications sur sa démarche artistique (500 mots maximum) ainsi qu’un portfolio d’images ou d’extraits vidéo ou audio.
La date limite pour déposer une demande de candidature est le 4 avril 2022. Le dossier de candidature doit être transmis à l’adresse courriel intersections@uqam.ca
Pour plus d’information sur les termes utilisés, on peut consulter le glossaire du Conseil des arts de Montréal à l’adresse suivante: https://www.artsmontreal.org/glossaire/