«Si je vous dis “goélands”, vous pensez sûrement McDo, poubelle ou rats volants, mais laissez-moi vous expliquer pourquoi, moi, je les aime!», lance Anaïs Kerric au début de sa présentation. La doctorante en biologie a obtenu la faveur des juges lors de la finale uqamienne du concours Ma thèse en 180 secondes. Dans ses recherches sur l’exposition atmosphérique aux retardateurs de flamme, les goélands à bec cerclé constituent pour elle de fidèles alliés.
Les retardateurs de flamme sont des substances chimiques utilisées pour ralentir la propagation des flammes lors d’un incendie, rappelle la chercheuse. On les retrouve dans plusieurs meubles et objets de la vie quotidienne, tels que les fauteuils, les voitures et les grille-pain. Parmi ces retardateurs de flamme, les polybromodiphényléthers, ou PBDE, sont reconnus comme étant des perturbateurs endocriniens. «Plus un goéland passe de temps dans un dépotoir, plus il aura de retardateurs de flamme dans son sang», observe-t-elle.
Sous la direction des professeurs Jonathan Verreault et Jean-François Giroux, Anaïs Kerric cherche à comprendre comment les goélands sont exposés aux PBDE lorsqu’ils vont s’alimenter dans les dépotoirs. «Puisque l’on retrouve des PBDE dans l’air, dans l’eau et dans le sol, la question est de savoir si l’exposition principale est due à leur alimentation ou à l’air qu’ils respirent», précise-t-elle.
La jeune chercheuse a équipé d’un petit sac à dos (un échantillonneur passif d’air) et d’une balise GPS quelques goélands nichant dans une colonie près de Montréal afin de recueillir des données. «Lorsque je récupère ces équipements, je peux savoir la quantité exacte de PBDE accumulée dans leur sac à dos et le détail de tous leurs déplacements, précise-t-elle. J’ai fait une découverte majeure: les goélands qui sont allés au moins une fois dans un dépotoir ont plus de PBDE dans leur sac à dos, ce qui indiquerait une forte concentration de PBDE dans l’air.»
En étudiant la concentration de PBDE dans différents tissus des goélands, comme le poumon, le foie ou les plumes, Anaïs Kerric a prouvé que les goélands sont exposés à ces contaminants par inhalation et par ingestion des particules et des poussières qui peuvent coller à leur plumage. «Si les goélands sont contaminés à cause d’une exposition atmosphérique, qu’en est-il des humains qui travaillent dans ces milieux?, s’interroge-t-elle. Voilà pourquoi j’aime les goélands: ils font avancer les recherches!»
Le jury a souligné la passion contagieuse d’Anaïs Kerric pour son sujet, qu’elle a su vulgariser de belle façon en élaborant un récit ayant capté l’attention du public. Le prix du jury, qui s’accompagne d’une bourse de 750 dollars, vaut à Anaïs Kerric de représenter l’UQAM lors de la finale nationale du concours Ma thèse en 180 secondes, qui se tiendra en marge du congrès de l’Acfas et qui réunira, le 11 mai prochain à l’Université Laval, des étudiants provenant d’une quinzaine d’universités francophones à travers le Canada.
Prix du public
Le prix du public a été décerné au doctorant en sciences de l’environnement Logan Penvern, dont la thèse porte sur le jardinage alimentaire domestique à Montréal. Il obtient une bourse de 350 dollars.
Six doctorants et deux doctorantes étaient en lice lors de cette finale uqamienne, dont deux de l’École des sciences de la gestion, deux de la Faculté des sciences, une de la Faculté des sciences de l’éducation, un de la Faculté des arts, un de la Faculté des sciences humaines, et un de la Faculté de science politique et de droit.
Le jury était constitué de Stephan Chaix, directrice du Cœur des sciences, Jean-Pierre Richer, directeur du Service de la recherche et de la création, Patrice Potvin, professeur au Département de didactique, Marie Lambert-Chan (B.A. communication/journalisme, 2007), cheffe de contenu science et environnement au Service de l’information de Radio-Canada, et Catherine Emmanuelle Drapeau, gagnante du prix du jury 2021. Joanie Doucet, conseillère au Service des communications, agissait à titre de maîtresse de cérémonie. L’événement faisait partie de la programmation du Printemps de la recherche et de la création.
Organisé par l’Acfas depuis 2012, Ma thèse en 180 secondes est un concours de vulgarisation qui permet à des doctorants de présenter leur sujet de recherche en termes simples à un auditoire profane et diversifié. Il est inspiré du concours Three minute thesis (3MTMD) qui a eu lieu pour la première fois en 2008 à l’Université du Queensland, en Australie. L’évaluation est basée sur trois critères: le talent d’orateur et la passion du participant pour son sujet, sa capacité de vulgarisation et la structure de son exposé. Le concours québécois a été le premier en langue française. Les lauréats de la finale nationale canadienne seront invités à participer à la finale internationale, qui se tiendra à Montréal du 3 au 7 octobre 2022.
On peut revoir la compétition dans son intégralité sur la plateforme UQAM.tv:
http://tv.uqam.ca/ma-these-en-180-secondes-finale-uqam-2022
On peut voir la performance gagnante d’Anaïs Kerric:
http://tv.uqam.ca/ma-these-en-180-secondes-anais-kerric
On peut voir la performance de Logan Penvern qui lui a valu le prix du public:
http://tv.uqam.ca/ma-these-en-180-secondes-logan-penvern