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Accompagner la naissance d’une communauté nourricière

Mélanie Doyon et son équipe ont alimenté la réflexion sur les initiatives à mettre en œuvre à Saint-Camille, en Estrie.

Par Pierre-Etienne Caza

7 juillet 2022 à 9 h 36

Mis à jour le 11 juillet 2022 à 14 h 03

Rucher, caveau à légumes, serre éducative, ferme urbaine, forêt nourricière ou motel agricole pour offrir un lopin de terre aux agriculteurs en herbe: les initiatives touchant à l’alimentation de proximité se multiplient depuis quelques années au sein des villes et villages du Québec. «De plus en plus de gens voient d’un œil positif la mise en place d’un système alimentaire durable pour leurs concitoyennes et concitoyens», analyse la professeure du Département de géographie Mélanie Doyon.

À Saint-Camille, une municipalité rurale d’un peu plus de 500 habitants située en Estrie, à 35 kilomètres au nord-est de Sherbrooke, on souhaite développer une communauté nourricière. Mélanie Doyon et son collègue Juan-Luis Klein s’y intéressent dans le cadre d’un projet de recherche bénéficiant d’une subvention CRSH-Engagement partenarial. «Nous accompagnons depuis plus d’un an les gens de Saint-Camille dans leurs réflexions en amont de la mise en œuvre du projet», précise-t-elle.

Le concept de communauté nourricière regroupe les initiatives touchant à l’alimentation de proximité, explique Mélanie Doyon. «Ce n’est pas une expression consacrée dans le milieu, on peut aussi parler de projets d’alimentation durable ou de sécurité alimentaire, mais le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) utilise “communauté nourricière” pour leur programme de financement, dont a justement bénéficié Saint-Camille en 2021.»

Le projet de communauté nourricière est porté par la Corporation de développement de Saint-Camille, précise la professeure, mais s’effectue avec la participation des élus, des institutions et des citoyennes et citoyens.


S’inspirer de ce qui a été fait ailleurs

Avec la candidate à la maîtrise lsabelle Prud’Homme (B.Sc. géographie, 2020) et le candidat à la maîtrise en sciences de l’environnement Louis-Philippe Blanchette, Mélanie Doyon a effectué une recension de quelque 80 initiatives pouvant s’inscrire dans un projet de communauté nourricière, qui ont été développées au cours des dernières années au Québec. «Nous avons présenté sommairement les différents types d’initiatives lors d’un forum citoyen en novembre dernier et les gens de Saint-Camille ont voté pour celles qui les emballaient le plus.»

Par la suite, Mélanie Doyon et son équipe ont documenté plus en détails les neuf initiatives les plus populaires. «Chaque projet de communauté nourricière est unique, insiste-t-elle. Il va de soi que ces initiatives documentées serviront d’inspiration pour ceux et celles qui développeront leurs propres initiatives en fonction de leurs intérêts et de leurs compétences.»


Objectif: sécurité alimentaire

La Corporation de développement de Saint-Camille vise trois objectifs avec ce projet: renforcer la sécurité alimentaire, favoriser l’alimentation de proximité, et intégrer une composante éducative et formative auprès des plus jeunes, souligne Mélanie Doyon. «À cet égard, le projet AgrÉcole de Lac-au-Saumon, qui consiste à intégrer l’enseignement de l’agriculture dans le cursus de l’école primaire, de la maternelle à la sixième année, a suscité un vif intérêt chez les gens de Saint-Camille», illustre-t-elle.

Même si leur recherche tire à sa fin, puisque les gens de Saint-Camille amorcent la deuxième phase du projet, Mélanie Doyon et son équipe comptent bien en suivre les différents développements. «En parallèle, je suis impliquée depuis quelques années dans “Les ateliers des savoirs partagés”, qui mettent en commun des initiatives territoriales visant la construction de communautés dynamiques à travers le Québec, explique-t-elle. Les projets de Saint-Camille y figureront assurément et nous pourrons en apprécier la mise en œuvre.»