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Secrétaire de direction et préposée aux bénéficiaires!

Depuis la pandémie, Chantal Pétrin cumule son emploi à l’UQAM avec un autre en CHSLD.

Par Pierre-Etienne Caza

12 décembre 2021 à 17 h 46

Mis à jour le 3 novembre 2022 à 15 h 13

Secrétaire de direction le jour, préposée aux bénéficiaires le soir! À l’emploi de l’UQAM depuis 1979, Chantal Pétrin a obtenu en septembre dernier un poste permanent dans un CHSLD de la Rive-Sud. «Je ne suis pas du style à me tourner les pouces à la maison en soirée. Quand le gouvernement Legault a mis sur pied la formation accélérée pour devenir préposée en CHSLD, je me suis sentie interpellée», raconte celle qui, de jour, travaille avec la protectrice universitaire.

Chantal Pétrin a suivi la formation accélérée de préposée le soir dans un centre de formation professionnelle près de chez elle. Amorcée en juin 2020 avec un bloc théorique d’un mois, sa formation s’est poursuivie jusqu’à la mi-septembre avec deux stages de formation pratique en CHSLD. «J’ai fait partie de la première cohorte de personnes ayant répondu à l’appel du premier ministre, qui cherchait à combler 10 000 postes de préposés aux bénéficiaires afin de répondre à un besoin criant en CHSLD», souligne-t-elle.

Elle venait de terminer sa formation, en novembre, quand on l’a appelée dans un CHSLD situé en zone rouge. «Je n’ai pas hésité et je ne l’ai pas regretté: les gens avaient tellement besoin d’une présence rassurante, se rappelle-t-elle avec émotion. Et pour moi, c’est une occasion d’exercer la relation d’aide dans un autre contexte qu’à l’université. Je me sens, là aussi, fort utile.»

Ce désir de travailler en CHSLD constitue en quelque sorte un retour aux sources pour elle. «À l’adolescence, j’ai eu mon premier emploi à la préparation des repas et à l’entretien dans une résidence privée pour personnes âgées à Saint-Denis-sur-Richelieu», se souvient-elle.

De son propre aveu, Chantal Pétrin est une «slasheuse», une personne au profil pluriactif qui cumule plusieurs emplois. «J’ai exercé le métier de représentante publicitaire pour News Marketing Canada en parallèle avec mon travail à l’UQAM pendant sept ans  et j’ai aussi complété deux certificats, l’un en français écrit (2007) et l’autre en histoire de l’art (2013), note l’énergique cinquantenaire. Dans l’un des cours en histoire de l’art, j’ai eu la chance d’assister à la 54e Biennale de Venise, en 2011. C’était une expérience fantastique!»

Débuts de carrière

Embauchée à l’UQAM à l’âge de 17 ans, Chantal Pétrin a connu l’époque des postes de commis sténo-dactylo, l’arrivée des ordinateurs, les nombreux changements de structure organisationnelle et, avec la pandémie, l’avènement du télétravail, qui lui permet d’œuvrer en CHSLD. «Le temps sauvé à ne pas faire la navette entre la maison et l’UQAM me facilite la vie», explique la secrétaire de direction de la protectrice universitaire.

C’est dans le cadre d’un stage de deux semaines à la Faculté des sciences de l’éducation (qui ne s’appelait pas ainsi à l’époque) que Chantal Pétrin a amorcé sa carrière à l’UQAM. «J’ai ensuite postulé, puis obtenu un poste de secrétaire commis sténo-dactylo au Département des sciences biologiques, qui était situé dans un pavillon au centre-ville», se rappelle-t-elle.

Après avoir passé quatre ans en sciences biologiques, elle a obtenu un poste de secrétaire de direction au Département des sciences juridiques, qu’elle a occupé pendant neuf ans. «En plus des tâches habituelles,  j’effectuais des travaux de traitement de texte de toutes sortes, autant pour les étudiants – les mémoires pour les concours de plaidoirie, par exemple – que pour les professeurs. Encore aujourd’hui, j’effectue la correction et la mise en page de décisions arbitrales pour un arbitre de griefs», raconte-t-elle.

De l’ombudsman à la protectrice universitaire

En 1992, elle obtient le poste de secrétaire de direction au Bureau de l’ombudsman, alors dirigé par Laurent Jannard (1990-1996). Elle connaîtra au fil des ans un autre patron et trois patronnes: Denise Pelletier (1996-1997), Pierre-Paul Lavoie (1997-2009), Muriel Binette (2009-2020) et Dominique Demers (entrée en poste en septembre 2020 sous la nouvelle désignation de «protectrice universitaire»).

Le rôle de Chantal Pétrin est de recevoir les appels et les courriels acheminés à la protectrice universitaire. «Il y a 30 ans, tout se déroulait par téléphone, se rappelle-t-elle. Il fallait porter une attention pointilleuse à ce que mentionnait la personne au bout du fil afin de noter le tout le plus fidèlement possible, car l’ombudsman doit analyser la validité de chaque dossier sur les faits qui lui sont rapportés et chaque détail compte. À cet égard, c’est beaucoup plus simple aujourd’hui, car nous procédons par courriel. Nous avons ainsi des traces écrites de toutes les demandes.»

Les membres de la communauté universitaire qui s’estiment lésés par les mécanismes administratifs de l’université ou victimes de toute forme d’injustice peuvent porter plainte auprès de la protectrice universitaire, qui doit agit de façon neutre, impartiale et indépendante, en plus d’assurer la plus entière confidentialités dans les dossiers traités. «Les recours internes doivent préalablement être épuisés sans succès avant la réception d’une plainte par la protectrice universitaire, rappelle toutefois Chantal Pétrin. Voilà pourquoi mon rôle consiste souvent à aiguiller les gens vers les bonnes ressources.»

Un travail valorisant

Après toutes ces années, Chantal Pétrin adore toujours son travail. «C’est valorisant, car je sens que nous avons un effet positif sur le parcours académique des étudiantes et étudiants qui font appel au service de la protectrice universitaire», dit-elle.

Les principales qualités requises pour effectuer son travail sont la discrétion et la patience. «Il faut aussi être ouverte aux changements, technologiques ou méthodologiques, car chaque ombudsman a ses façons de faire, observe-t-elle. Il faut savoir s’adapter.»

Après avoir adopté les plateformes virtuelles comme tout le monde, depuis mars 2020, Chantal Pétrin y a trouvé un avantage pour le bureau de la protectrice universitaire. «Les plateformes comme Zoom et Teams sont là pour rester, à mon avis, car elles permettent aux gens de témoigner en toute confidentialité, sans avoir à se déplacer physiquement à notre bureau», souligne-t-elle.

Chantal Pétrin est fière de travailler à l’UQAM, qu’elle a vu évoluer depuis 42 ans. «J’ai besoin de me sentir utile et je me sens encore jeune, alors la retraite n’est pas pour tout de suite», conclut-elle en riant.