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Dans la cour des grands

Jean-François Côté dirige district m, l’une des plus importantes entreprises de publicité numérique au monde.

Par Pierre-Etienne Caza

1 mars 2021 à 11 h 03

Mis à jour le 28 novembre 2022 à 14 h 40

Jean-François CôtéPhoto: Christinne Muschi

Au début de février dernier, l’entreprise montréalaise district m annonçait l’acquisition de Sharethrough, une compagnie de publicité numérique établie à San Francisco. «Du jour au lendemain, nous avons doublé la taille de notre entreprise. Nous sommes désormais le 4ou le 5e plus gros joueur au monde dans notre domaine», souligne fièrement son président-directeur général et cofondateur Jean-François Côté (M.B.A., 2008).

Fondée en 2013, district m est spécialisée dans les solutions technologiques pour la publicité programmatique. «Nous offrons aux éditeurs de contenu comme La Presse, Quebecor, le Devoir ou Météomédia une solution technologique leur permettant de monétiser la fréquentation de leurs plateformes numériques, explique Jean-François Côté. Notre produit sert de lien entre les éditeurs et les annonceurs.»

Avec sa formation en comptabilité et en finance, Jean-François Côté travaillait comme consultant en fusion/acquisition chez Pricewaterhouse Coopers lorsqu’il s’est inscrit au MBA. «J’étais souvent à l’extérieur de Montréal chez des clients durant la semaine et l’UQAM était la seule université à offrir un programme les week-ends, se rappelle-t-il. Cela me convenait parfaitement.»

Un des plus jeunes du MBA pour cadres

Au MBA pour cadres, il était parmi les plus jeunes de sa cohorte. «Cela m’a permis d’échanger avec des gens ayant plus d’expérience, raconte-t-il. J’ai beaucoup appris en les écoutant me parler de leur parcours, de leurs bons coups comme de leurs moins bons coups.»

Quelques années après avoir obtenu un emploi chez Groupe Pages Jaunes, Jean-François Côté est chargé, en 2009, de créer une nouvelle division numérique avec des collègues. «Nous avons acheté quatre entreprises, nous les avons fusionnées et cela est devenu Mediative, se souvient-il. Ce fut un laboratoire formidable pour moi que de baigner dans un univers 100 % numérique. J’ai eu la chance de rencontrer plusieurs futurs partenaires.»

Pendant quatre ans, il agit à titre de vice-président de Mediative, mais il aspire à plus. «J’ai signifié au grand patron du Groupe Pages Jaunes que je souhaitais devenir le président de Mediative, mais il m’a indiqué que ce n’était pas possible, que le président de la division était là pour rester. Il m’a proposé d’autres avenues, mais je voulais demeurer dans le secteur du marketing numérique.»

Jean-François Côté et des collègues décident alors de fonder leur propre entreprise pour avoir les coudées franches et mettre en œuvre leur vision. «Nous souhaitions mettre sur pied une entreprise 100 % numérique, qui n’aurait pas à traîner un héritage papier comme c’était le cas pour le Groupe Pages Jaunes», dit-il.

Monétiser le trafic numérique

«Quand tu crées une entreprise, il faut être capable d’identifier le problème auquel tu souhaites t’attaquer et la ou les solutions que tu proposes pour le régler, poursuit-il. Dans le secteur du marketing numérique, le problème de l’industrie était évident: le modèle d’affaire des éditeurs, comme La Presse, Quebecor et le Devoir, était obsolète. Il était basé sur les journaux et les magazines. Ces grands éditeurs de contenu étaient incapables de monétiser le trafic sur leurs plateformes numériques.» À l’époque, rappelle-t-il, les téléphones intelligents venaient d’apparaître sur le marché et la navigation web se faisait surtout sur les ordinateurs, car les tablettes n’étaient pas encore très répandues.

Le succès de district m a été fulgurant, d’abord au Québec, puis dans le reste du Canada. L’entreprise figure sur les palmarès des meilleures entreprises en croissance, puis remporte de nombreux prix de management, dont le Canada’s Best Managed Companies pendant quatre ans d’affilée. En plus du siège social de l’entreprise, dans le Mile End, des bureaux sont ouverts à Toronto, puis à New York et à San Diego.

Sur le plan individuel, Jean-François Côté remporte le prix de l’entrepreneur de l’année E & Y dans la catégorie Entreprises émergentes en 2017, ainsi que le titre de Jeune entrepreneur en croissance du Québec lors du gala ARISTA 2018 de la Jeune Chambre de commerce de Montréal.

Choisir la croissance

«Quand la COVID-19 a frappé, nous avons dû prendre des décisions rapides, raconte Jean-François Côté. Les outils acquis au MBA m’ont permis d’envisager non seulement les décisions à prendre à court terme, mais également les solutions à privilégier pour assurer la pérennité de l’entreprise. Plutôt que de nous replier et d’attendre, nous avons misé sur la croissance. Je savais qu’il y avait quelques entreprises américaines dans notre secteur qui avaient besoin de capitaux.»

L’acquisition de Sharethrough permet désormais à district m d’offrir à ses clients des solutions pour toutes les plateformes numériques existantes. «L’équipe de Sharethrough apporte ce que j’appelle une inspirationnal Silicon Valley culture, c’est-à-dire que leurs forces se situent du côté du développement technologique et des produits, tandis que nous sommes réputés pour notre sens commercial, nos relations avec les clients et notre équipe de management», souligne Jean-François Côté.

Son équipe de direction compte d’ailleurs quelques diplômés de l’UQAM dans ce domaine, dont Luc Marsolais (M.B.A., 2017), Louis-Charles Genest (B.A.A., 2012, DESS sciences comptables, 2013) et Natacha Brind’Amour (B.A.A., 2013).

Les défis pour l’avenir

L’acquisition de Sharethrough a fait passer district m de 75 à 150 employés dans 8 bureaux au Canada et aux États-Unis. Une entrée en bourse au cours des prochaines années constituerait logiquement la prochaine étape. «Nous possédons tous les atouts pour le faire, c’est une option que nous analyserons en temps opportun», indique Jean-François Côté.

D’ici là, son plus grand défi est de retenir ses meilleurs éléments et d’attirer de nouveaux talents. «C’est le nerf de la guerre dans notre secteur, explique-t-il. Voilà pourquoi nous tentons d’offrir à nos employés une culture d’entreprise vibrante, autant en matière de défis professionnels, de qualité de vie au travail que de conciliation travail-famille.»