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De précieuses enquêtes longitudinales

Catherine Haeck participe à l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes. 

Par Pierre-Etienne Caza

26 novembre 2021 à 12 h 11

Mis à jour le 30 novembre 2021 à 18 h 11

Photo: Getty Images

Quels sont les effets à long terme de la fermeture des écoles pendant le confinement? Est-ce que l’enseignement à distance a eu un impact sur la motivation scolaire des enfants et des adolescents? Est-ce que la pandémie a entraîné des problèmes de sommeil, d’anxiété, de dépression? «Toutes les réponses à ces questions, et à bien d’autres, sont importantes pour cerner les enjeux, effectuer des constats et orienter les décisions gouvernementales concernant le bien-être des jeunes, d’où la nécessité de recueillir des données fiables», souligne Catherine Haeck. 

La professeure du Département des sciences économiques de l’ESG UQAM dirige le laboratoire du Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS)-UQAM-INRS, qui héberge les données dénominalisées de Statistique Canada. Elle se réjouit de participer à titre de collaboratrice à l’étude d’une nouvelle cohorte de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes (ECSEJ), qui s’amorcera à l’automne 2022. 

Cette nouvelle cohorte voit le jour grâce aux efforts concertés d’une équipe pancanadienne menée par la professeure Kathy Georgiades, de l’Université McMaster, en Ontario. «Nous avons obtenu trois millions de dollars des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), auxquels s’ajoutent des contributions de l’Agence de la santé publique du Canada et de Statistique Canada», précise Catherine Haeck. Elle souligne que les données recueillies seront ensuite accessibles à tous les chercheurs à travers les nombreux centres de données de recherche de Statistique Canada. 

Les années sombres

Catherine Haeck rappelle que les chercheuses et chercheurs qui utilisent, comme elle, les données des grandes enquêtes de Statistique Canada pour leurs travaux de recherche ont vécu une traversée du désert pendant les années Harper. «Entre 2008 et 2019, aucune enquête longitudinale canadienne n’a étudié des cohortes d’enfants», déplore-t-elle.   

Il existait bien, ici et là, quelques enquêtes spécifiques, comme le Programme de suivi international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), mais rien qui ne s’apparente à une vaste étude longitudinale… jusqu’à ce que les chercheurs de l’Université McMaster redémarre un projet afin de financer une nouvelle enquête en collaboration avec Statistique Canada en 2019. 

Un portrait appréciable

Cette nouvelle étude, qui se déroulera presque deux ans après le début de la pandémie auprès d’au moins 50 000 enfants, permettra d’observer si la fermeture des écoles a eu un impact sur leur réussite scolaire et leur bien-être. «Il sera intéressant de pouvoir comparer la situation en Ontario, où les écoles ont été fermées plus longtemps, avec celle du Québec, mentionne Catherine Haeck. Au Québec, nous pourrons observer si les résultats dans la région de Montréal diffèrent du reste de la province, la métropole n’ayant ouvert ses écoles qu’à l’automne 2020.»

Le questionnaire permettra aux chercheurs de faire le point sur une foule de sujets, parmi lesquels le décrochage, les aspirations des jeunes, leurs habitudes de lecture, la qualité de leur sommeil, leurs problèmes de comportements et de santé (anxiété, dépression, etc.), les comportements liés à la consommation d’alcool et de drogue, leurs réseaux amicaux ou leurs problèmes de santé (obésité, diabète, etc.). 

Il permettra également de recueillir des informations sur le profil socioénomique des parents. «Ce type de questionnaire comporte toujours une partie à compléter par les parents et une autre par les adolescents, précise Catherine Haeck. Les résultats peuvent ainsi être segmentés selon les tranches d’âge: 0-4 ans, 5-11 ans et 12-17 ans.»

Avec les données fiscales, on peut reconstituer plusieurs événements marquants dans l’année d’un contribuable, explique la professeure. Si on couple ces données administratives avec celles du recensement, on obtient un portrait assez juste de la situation des adultes canadiens, mais cela n’est pas applicable aux enfants et aux adolescents, pour lesquels il existe peu de données administratives. «Voilà pourquoi les données de l’ECSEJ sont si précieuses», insiste-t-elle.

Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants

Lauréate du Prix de la relève professorale en recherche 2020 décerné par l’ESG UQAM, Catherine Haeck est également impliquée à titre de codirectrice dans le nouvel Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants (OPES), qui bénéficie d’un financement de cinq millions de dollars des trois Fonds de recherche du Québec. Ce nouvel observatoire se structure autour de quatre axes thématiques – Éducation; Santé mentale et bien-être; Infection et immunité; Saines habitudes de vie – et deux axes transversaux – Développement économique; Innovation sociale.​