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Épuisement professionnel en milieu communautaire

Près de 30 % des troupes affirment vivre de l’épuisement, une augmentation de 9 % depuis le début de la pandémie.

Par Jean-François Ducharme

19 janvier 2021 à 10 h 01

Mis à jour le 19 janvier 2021 à 10 h 01

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«Le stress lié à la COVID-19 se chiffre à 6,6 sur une échelle de 1 à 10, un score élevé», mentionne l’étudiante au doctorat en psychologie Alexandra Giroux.Photo: Getty Images

Les personnes qui travaillent en milieu communautaire sont épuisées. Une étude révèle que 29% affirment vivre de l’épuisement professionnel, une augmentation de 9 % par rapport à la situation prévalant avant la crise sanitaire. «Cette hausse significative est préoccupante pour les organismes communautaires, qui sont d’une importance capitale pour le bon fonctionnement de notre société, surtout dans le contexte actuel», affirme Sophie Meunier, professeure au Département de psychologie.

La directrice du Laboratoire de recherche sur la santé au travail (LRST) a mené cette étude l’été dernier – après la première vague de la pandémie – auprès de 579 travailleuses et travailleurs communautaires oeuvrant majoritairement dans la grande région de Montréal. L’étude a été réalisée en collaboration avec le Réseau alternatif et communautaire des organismes en santé mentale de l’Île de Montréal. Sa collègue Janie Houle ainsi que les doctorantes et doctorants Alexandra Giroux, Stéphanie Radziszewski et François Lauzier-Jobin ont collaboré à l’étude.

Le premier volet de la recherche, qui dressait un portrait de la santé psychologique du personnel communautaire avant la pandémie, avait fait l’objet d’un article dans Actualités UQAM en juillet. Plus de la moitié des personnes ont participé aux deux études.

Stress, incertitude et manque de ressources

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette forte hausse de l’épuisement psychologique. «Le stress lié à la COVID-19 se chiffre à 6,6 sur une échelle de 1 à 10, un score élevé, mentionne Alexandra Giroux. Cette situation vient s’ajouter à tous les autres stresseurs qui étaient déjà présents dans le milieu communautaire.»

La doctorante souligne que les facteurs contribuant à créer un sentiment d’angoisse sont nombreux depuis le début de la pandémie. «Plusieurs personnes évoquent la lenteur des informations transmises quant aux mesures sanitaires à mettre en place. D’autres mentionnent l’incertitude par rapport au respect des règles sanitaires par la clientèle ou encore la difficulté de se procurer du matériel de protection adéquat.»

Le manque de ressources constitue une autre cause importante d’épuisement professionnel. «Bien que le gouvernement affirme que des fonds sont envoyés aux organismes communautaires, nos partenaires nous indiquent que la difficulté et la complexité liées à l’obtention et à la gestion de ces fonds font en sorte que peu de ceux-ci arrivent à bon port», précise Alexandra Giroux.

Troisième volet à venir

L’étude indique que le sens au travail ainsi que la possibilité d’utiliser ses forces dans le cadre de son emploi et de se développer professionnellement ont diminué significativement depuis le début de la pandémie. Plusieurs personnes ont indiqué que la nature de leur travail avait considérablement changé, rendant plus difficiles les contacts directs avec les usagers.

Des facteurs déjà évoqués avant la pandémie, comme le surinvestissement, le sentiment de culpabilité et la charge de travail émotionnelle, ont aussi été relevés dans le deuxième volet de l’étude.

Un troisième volet sera réalisé cet hiver afin de suivre l’évolution de la situation lors de la deuxième vague de pandémie. Les travailleuses et travailleurs communautaires qui souhaitent participer à ce volet peuvent remplir le questionnaire en ligne.