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Deux phénomènes météo à l’étude dans l’Ouest

L’équipe de Julie Thériault participe à deux projets scientifiques dans les montagnes côtières de la Colombie-Britannique.

Par Pierre-Etienne Caza

17 septembre 2021 à 14 h 09

Mis à jour le 17 septembre 2021 à 14 h 09

Émile Cardinal, candidat à la maitrise en sciences de l’atmosphère, et Hadleigh Thompson, associé de recherche, se trouvent présentement en Colombie-Britannique pour installer des instruments et recueillir des données dans le cadre de deux projets de recherche auxquels collabore la professeure du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère Julie Thériault, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en événements météorologiques hivernaux extrêmes.

Les effets du Pineapple Express

Hadleigh Thompson et Émile Cardinal avec les instruments de mesure de la station de Kemano.
Photo: Andy Lecuyer

Les deux chercheurs participent d’abord à la campagne de mesure Tahtsa Ranges Atmospheric River Experiment (TRARE), pilotée par le professeur Stephen Déry, de l’University of Northern British Columbia. «Stephen est titulaire d’une chaire de recherche industrielle financée par Rio Tinto et l’entreprise souhaite mieux comprendre les dynamiques hydrologiques à l’œuvre dans le bassin versant de la rivière Nechako, à Kemano, où est produite l’électricité nécessaire à ses installations», précise Julie Thériault. 

L’objectif scientifique du projet est d’analyser l’effet des «rivières atmosphériques», ces corridors d’humidité provenant des tropiques. «Ces courants remontent le long de la côte du Pacifique – on a baptisé leur trajectoire le Pineapple Express – et viennent “s’écraser” sur les flancs des Coast Mountains, explique la professeure. Cette vapeur d’eau se change en précipitations, en eau ou en neige, sur un seul côté des montagnes. Cela crée des conditions de précipitations intenses dans la région.» Les résultats de cette étude permettront à Rio Tinto de mieux anticiper le débit d’eau du bassin versant pour sa production d’électricité, ainsi que les épisodes de neige ou de givre susceptibles de causer des dommages à ses équipements.

Le givrage atmosphérique

Émile Cardinal et Hadleigh Thompson profiteront de leur séjour dans l’Ouest pour recueillir des données dans le cadre d’un autre projet de recherche qui se déroule à Terrace, un peu au nord de Kemano. Julie Thériault participe à une sous-section du projet «Mountain Water Futures», baptisée «Mountain Climate and Extremes», en collaboration avec son collègue Stephen Déry. «Dans la première partie du projet, nous avons observé les transitions pluie-neige et pour la seconde partie, nous nous intéressons au givrage atmosphérique – causant de la pluie, de la bruine ou du brouillard verglaçant – dans la région de Terrace», explique-t-elle. 

Les instruments de mesure de la station de Terrace.Photo: Hadleigh Thompson

Situé à l’intersection de deux vallées, Terrace présente des caractéristiques météorologiques rêvées pour Julie Thériault et son équipe. «C’est l’un des endroits au pays où les conditions météorologiques avoisinent zéro degré Celsius pendant les plus longues périodes, ce qui contribue au givrage atmosphérique, explique-t-elle. Certaines de ces périodes durent entre 90 et 130 heures! Au Canada, on retrouve des valeurs similaires uniquement en Arctique et à Terre-Neuve.»

Avec des conditions entre pluie et neige, le givrage atmosphérique rend les routes de la région dangereuses. «Les autorités doivent parfois les fermer pendant quelques jours, ce qui paralyse le transport des marchandises», illustre Julie Thériault.

De nouveaux instruments de mesure ont été installés à Terrace par Émile Cardinal et Hadleigh Thompson. «Nous avons un détecteur de givre, un disdomètre optique mesurant la taille et la vitesse de chute des précipitations ainsi qu’un radar permettant d’observer les précipitations à la verticale», précise la professeure, qui espère pouvoir se rendre à son tour en Colombie-Britannique au cours de la prochaine année.

Le projet «Mountain Water Futures», dont l’objectif est d’observer les phénomènes hydrométéorologiques et hydrologiques à l’œuvre dans les montagnes de l’ouest du pays, du Yukon à l’Alberta, est chapeauté par Global Water Futures, l’un des mégaprojets financés depuis 2016 par le programme Apogée du gouvernement fédéral, rappelle Julie Thériault. «L’UQAM est partenaire de ce grand projet, qui m’a permis de mener les campagnes SPADE et SAJESS